Jean-Luc Bennahmias annonce le "démarrage" d'une nouvelle formation écologiste dès le 4 avril

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Pierre Plottu
Publié le 16 mars 2015 - 18:05
Mis à jour le 17 mars 2015 - 10:31
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Jean-Luc Bennahmias.
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©Zihnioglu Kamil/Sipa
Jean-Luc Bennahmias veut une formation politique "capable de montrer qu'il y a une majorité moderne et que le progressisme est possible".
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Il assure à "France Soir" que François Hollande et Manuel Valls ont "validé" son action. Anticipant l'éclatement des Verts et le "séisme" d'une défaite aux départementales, Jean-Luc Bennahmias confirme œuvrer, notamment avec les futurs-ex d'EELV, à la construction d'une nouvelle formation écologiste visant à entrer au gouvernement.

Les nombreuses visites que Jean-Luc Bennahmias rend à François Hollande intriguent. Alors qu'il n'a plus de mandat, l'ancien patron des Verts, cofondateur du MoDem et désormais président du nouveau Front démocrate est pourtant un visage familier a l'Elysée, où il s'est rendu pas moins de six fois ces derniers mois. Son nom revient également avec insistance dès que le sujet de la recomposition de la gauche, et surtout du divorce des Verts, revient sur la table. "Je ne mange pas avec Hollande", plaisante pourtant Jean-Luc Bennahmias, son éternel sourire aux lèvres. Si c'est techniquement exact, les deux hommes ne partageant pas de côte de bœuf lors de leurs entrevues, ils travaillent toutefois en lien étroit.

Le président du Front démocrate, qui a fait du soutien à l'action de François Hollande, même au plus fort du "Hollande bashing", sa marque de fabrique, est-il missionné pour récupérer les bris de verre que ne manquera pas de provoquer la scission annoncée du parti de Cécile Duflot? Dans un entretien à FranceSoir, Jean-Luc Bennahmias ne dément pas, affirmant par ailleurs que le chef de l'Etat –et son Premier ministre– ont "validé" son action.

"L'élimination massive des candidats progressistes au premier tour des élections départementales de la fin du mois et la place exorbitante que va donc prendre le Front national, qui n'aura en face de lui que l'UMP, va être un séisme sans précédent", analyse-t-il. Selon lui, l'enjeu est de faire continuer à exister un "camp progressiste" (qui pourrait "aller des écolos à l'UDI, voire même encore un peu plus loin avec ce qu'on appelle les +gaullistes de progrès+") capable non seulement de se qualifier au second tour d'une élection, mais surtout de l'emporter.

L'objectif est clairement de faire émerger une force capable de s'unir avec le Parti socialiste pour porter François Hollande vers une réélection en 2017. C'est la mission du Front démocrate, mais pas seulement. Le 4 avril prochain vont ainsi se réunir à l'Assemblée nationale les écologistes partisans de la participation au gouvernement de Manuel Valls, un rassemblement hétéroclite allant du Front démocrate au parti Cap21 de Corinne Lepage (une ex-UDF), en passant par Génération écologie d'Yves Piétrasanta ou encore les écologistes indépendants d'Antoine Waechter. Le tout chapeauté par les futurs-ex d'EELV.

C'est le député de Paris Denis Baupin qui est à l'initiative de cette réunion sur laquelle planent également les ombres de Jean-Vincent Placé et de François de Rugy notamment. Autant dire tout ce qui se fait de cadres EELV qui militent pour un retour au gouvernement et sont prêts à quitter la barque de Cécile Duflot, qui prend le cap d'un rapprochement avec le Front de gauche.

Ce 4 avril sera-t-il ainsi l'acte de naissance de ce nouveau mouvement? "Nous sommes tous d'accords pour dire que la responsabilité que nous avons, c'est de peser sur les politiques publiques, et qu'on ne pèse que si on est aux manettes", confie Jean-Luc Bennahmias, qui annonce effectivement le "démarrage" d'une nouvelle fédération ou confédération d'écolos, rassemblant ainsi plusieurs partis, acté ce jour-là. "On verra la terminologie et le tempo qu'on se donnera. Mais ça ne mettra pas des mois, quoi qu'il en soit ce doit être fait avant l'été".

Car le calendrier s'accélère. Différentes sources annoncent ainsi que le remaniement post-élections départementales se fera avant le 11 avril, date de dépôt des motions pour le congrès du Parti socialiste de juin prochain. L'objectif de François "la synthèse" Hollande: faire d'une pierre deux coups en rassemblant dans un même gouvernement les très frondeurs amis de Martine Aubry, comme Jean-Marc Germain, et des représentants des "écologistes du 4 avril".

Pour autant, selon Jean-Luc Bennahmias, ces manœuvres vont bien au-delà des tactiques politiciennes électorales. Il s'agit surtout d'une recomposition réelle de la gauche. "La situation est bloquée. Les formations, ne serait-ce que le PS, sont ankylosées par leurs courants internes. Faire entrer de la nouveauté, notamment sur le développement de l'économie circulaire, du développement durable et de la social-démocratie, c'est le rôle que devraient jouer les écolos politiques majoritaires qui s'appellent –encore aujourd'hui– Les Verts, mais pour des raisons historiques ils en sont incapables", regretterait-il presque.

"Créer le Front démocrate est la suite logique de ce qu'on a essayé de faire avec Christophe Madrolle au MoDem, c'est-à-dire que les lignes politiques issues d'une division droite-gauche sont dépassées. Aujourd'hui on est sur une opposition réformiste-conservateurs (…). J'aimerais donc qu'on aille vers une formation politique qui en réunirait peut-être plusieurs autres et qui serait capable de montrer au pays qu'il y a une majorité moderne qui ne soit pas nostalgique d'un passé perdu, et que le progressisme est possible", conclut Jean-Luc Bennahmias.

Par Pierre Plottu

 

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