Jean-Luc Bennahmias veut "l'unité la plus large de toute la gauche"

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FranceSoir
Publié le 25 août 2015 - 19:16
Mis à jour le 26 août 2015 - 17:51
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Jean-Luc Bennahmias.
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©Zihnioglu Kamil/Sipa
"Le Front démocrate veut un accord national pour les régionales avec le Parti socialiste", dit Jean-Luc Bennahmias.
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Jean-Luc Bennahmias l'assure: "+Plus à gauche que moi tu meurs+ n'est pas réaliste". Le président et cofondateur du Front démocrate, voulu comme une maison commune pour les "réformistes" et "sociaux-démocrates", est ainsi sévère contre les responsables de son camp qui "jouent leur partition" plutôt que d'œuvrer au rassemblement de la gauche. Un rassemblement indispensable selon lui pour éviter la déroute annoncée des élections régionales de décembre prochain, notamment.

Il entend bâtir une nouvelle formation à gauche où tous les "sociaux-démocrates" et "écolos pragmatiques" sont les bienvenus. C'est pourquoi Jean-Luc Bennahmias, après avoir dirigé les Verts du temps de la gauche plurielle et participé à la fondation du MoDem, a lancé le Front démocrate sous l'œil attentif et bienveillant, assurait-il récemment à FranceSoir, de François Hollande. Un parti qui reste pour l'heure confidentiel, mais qui a déjà tissé sa toile au sein de la gauche réformiste.

Ces jeudi 27 et vendredi 28 s'ouvre la première université d'été du Front démocrate, co-organisées avec Génération écologie, à La Rochelle. Une date choisie car située juste entre les journées d'été d'EELV (qui se sont tenues le week-end dernier, les 22 et 23 août) et celles du PS, également à La Rochelle, du 28 au 30 août. Que de symboles. Jean-Luc Bennahmias y recevra notamment Robert Hue (Mouvement des progressistes), des représentants du Parti radical de gauche ainsi que les écolos Jean-Vincent Placé, François de Rugy et Denis Baupin. Le patron des socialistes Jean-Christophe Cambadélis doit également faire un saut.

A la veille du premier grand rendez-vous de cette "maison commune" qui reste pour l'heure en devenir, le président du Front démocrate a répondu aux questions de FranceSoir.

Le Front démocrate organise ses premières rencontres d'été jeudi 27 et vendredi 28, à La Rochelle. Où en êtes-vous de la création de cette formation réformiste et sociale-libérale assumée lancée il y a un peu plus d'un an maintenant?

"Le Front démocrate est en capacité d'être présent dans la totalité des 13 régions, notamment par rapport aux élections régionales de décembre, et présent dans 80% des départements français de métropole et d'Outre-mer. Le tout avec des gens qui sont des cadres issus ou appartenant à différentes organisations politiques centristes, progressistes, sociales-démocrates ou écologistes mais aussi des cadres syndicaux et associatifs. On est là dans des journées de rentrée politique où on commence la construction de la maison commune des écologistes, des démocrates et des progressistes. Seront présents des représentants du PS, du PRG, du MDP de Robert Hue, de Cap-21 de Corinne Lepage, de Génération écologie. Seront aussi présents des Verts, qui ne sont pas représentants des Verts mais qui sont quand même significatifs comme Placé, Baupin, de Rugy notamment. On doit réussir dans les trois à quatre mois cette maison commune qui pourra participer en tant que telle à ce que Jean-Christophe Cambadélis appelle +l'alliance populaire+".

L'objectif est donc de rallier les cadres d'EELV "sécessionnistes" de Jean-Vincent Placé dans ce délai?

"Je n'aime pas le mot de ralliement, je préfère parler de collaboration. Après, les gens font ce qu'ils veulent par rapport à leur ex-organisation ou +toujours+ organisation (Le Front démocrate accepte que ses membres soient dans le même temps adhérents d'autres partis, NDLR). Je ne joue pas sur les scissions des autres formations, je joue l'idée de la recomposition politique du camp progressiste, pragmatique, écolo-pragmatique, social-démocrate. Les organisations autres font ce qu'elles veulent par rapport à cela, à elles de décider si elles acceptent ou pas. L'objectif, plus qu'utile par rapport aux élections régionales puis pour la présidentielle, est l'unité la plus large de toute la gauche et des écologistes".

En attendant le rassemblement de la gauche, une alliance avec le PS est-elle déjà prévue?

"Oui, le Front démocrate veut un accord national pour les régionales avec le Parti socialiste. Ce n'est pas encore bouclé car le PS a eu beaucoup de travail avant et pendant l'été pour arriver à un accord avec le PRG. Maintenant, nous, on est totalement prêt à signer cet accord dans les 13 régions, Corse comprise, avant la mi-septembre. Le fait qu'on soit à La Rochelle juste avant les universités d'été du PS et invités à y participer ensuite fait qu'on va pouvoir en profiter pour discuter et voir les places qu'ils peuvent nous proposer dans les listes régionales et parler stratégie. Je demande notamment en Provence-Alpes-Côte d'Azur et en Nord-Pas-de-Calais-Picardie (les deux régions où le Front national paraît en mesure de remporter le scrutin, NDLR) qu'il y ait une alliance la plus large possible. Je ne suis pour ma part pas candidat, mais je me mettrai, dès que l'accord sera signé, au service des listes unitaires pour mener campagne".

Ces listes unitaires pourraient toutefois être bien rares, voire inexistantes, tant les cadres et militants d'EELV emmenés par Cécile Duflot fustigent la politique de François Hollande…

"Je demande à ces camarades de regarder la situation mondiale telle qu'elle est. Quels sont les pays dans le monde qui sont gouvernés plus à gauche que la France? Est-ce le cas du Brésil de Dilma Rousseff? Est-ce le cas de la Grèce d'Alexis Tsipras? Ces dirigeants sont voués aux gémonies par les mêmes qui vilipendent François Hollande. Je pense que +Plus à gauche que moi tu meurs+ n'est pas une position réaliste, ni soutenue par de larges majorités populaires. Je pourrais comprendre que chacun joue sa partition si la France était stabilisée, s'il n'y avait pas un poids extrêmement fort du Front national et de la droite autoritaire et dure de Nicolas Sarkozy et Laurent Wauquiez. Mais ce n'est pas le cas, et la place pour être au second tour n'est pas si large. Je demande donc à mes camarades Verts, qui aspirent à gouverner semble-t-il, même ceux qui sont d'accord avec Cécile Duflot, de regarder la réalité en face. Hormis le plus d'unité possible, je ne vois pas beaucoup de solutions pour avoir des régions à gauche après le scrutin de décembre. Vu le système électoral des régionales, rien ne permet de dire aujourd'hui que le Front national n'est pas en capacité dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie et en PACA d'arriver en tête, même d'une courte tête. Le FN dirigera alors ces régions".

Dans le même temps, le parti Les Républicains (LR, ex-UMP) de Nicolas Sarkozy a réussi à rassembler sur ses listes des régionales jusqu'au MoDem. Ce retour dans le bloc de droite d'un parti dont le candidat à appelé à voter pour François Hollande en 2012 semble être une aubaine pour vous et l'émergence du centre-gauche?

"Je regrette, mais c'est comme ça. Ce n'est pas une surprise car ce qui reste du MoDem autour de François Bayrou a fait un choix politique depuis les élections municipales (de mars 2014, NDLR) qui est de travailler uniquement avec la droite. Je pense que le Front démocrate est le représentant d'une partie de ce qui a existé dans le MoDem historique, cette partie qui n'a pas de tabou sur les clivages politiques dans le champ républicain. Disons-le grossièrement: ceux qui, le soir du premier tour (de la présidentielle de 2012, NDLR) après les 9% de François Bayrou, ont voté François Hollande. Ça crée un espace oui, mais je n'ai pas envie de… Je pense qu'à un moment ou à un autre il faudra que tout le monde travaille ensemble".

(Propos recueillis par Pierre Plottu)

 

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