La "gauche plurielle" aurait pu gagner les Européennes (même sans FI)

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Pierre Plottu
Publié le 27 mai 2019 - 17:08
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Des affiches électorales pour les élections européennes dans une rue de Montpellier, le 15 mai 2019
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© Pascal GUYOT / AFP
La gauche française s'est présentée en ordre (très) dispersé aux élections européennes 2019.
© Pascal GUYOT / AFP

Derrière le duo RN-LREM arrivé en tête aux élections européennes, dimanche, la gauche est éparpillée façon puzzle. Pour autant, sa disparition tant annoncée n'est toujours pas une réalité dans les urnes.

POLITIQUE FICTION. Le Rassemblement national (23,31%) a remporté les élections européennes dimanche 26, devançant d'une –très– courte tête la République en Marche (22,41%) selon les résultats définitifs. Le trio de tête est complété par EELV (13,47%) tandis que sont relégués au rang de faire valoir LR (8,48%), la FI (6,31%) et le PS (6,19%). Des résultats qui confirmeraient que le duopole RN-LR structurerait désormais la politique française.

Un tandem dominateur qui ne cumule pourtant que… 46% des voix de ces élections européennes. C'est peu ou prou le même total qu'au premier tour de la présidentielle de 2017: Emmanuel Macron avait recueilli 24,01% des votes exprimés contre 21,30% pour Marine Le Pen, soit un total de 45,31%.

Lire: Résultats des élections européennes en France (définitifs)

Mais où sont donc passés les 55% des voix restantes? Principalement à gauche: cette famille politique, en additionnant les scores de tous les partis qui lui sont historiquement affiliés, a attiré près d'un tiers des électeurs dimanche.

Dans l'ordre, EELV a ainsi recueilli 13,47% des suffrages exprimés, la FI 6,31%, le PS 6,19%, l'ex-socialiste Benoît Hamon 3,25% et enfin le PC 2,49%. Au total, précisément 31,71% des voix.

Additionner les scores de ces partis si disparates revient toutefois à additionner des choux et des carottes. Si de larges points communs peuvent exister entre les électorats EELV et PS, par exemple, ou PS et Génération.s, pouvant amener ces formations à s'allier, qui peut imaginer les socialistes et les insoumis s'entendre? Ils ne sont tout simplement d'accord sur rien.

Pour autant, même sans la formation de Jean-Luc Mélenchon, un attelage d'un périmètre comparable à la "gauche plurielle" qui a porté Lionel Jospin au pouvoir constituerait une force politique de premier plan avec plus de 25% des voix dimanche. Un score qui lui aurait même permis de se placer en tête du scrutin. Eparpillée façon puzzle, la gauche est devenue un nain électoral. Mais cette fameuse union, que tous appellent de leur vœux mais qui reste une arlésienne, est une vue de l'esprit.

Enfin, appliquée aux autres grandes familles politiques, l'union ferait aussi gonfler les scores. Mais sans bouleverser pour autant les équilibres apparents sortis des urnes lors des dernières élections. Une large droite comparable à ce que fut l'UMP à son apogée, allant des libéraux macronistes aux conservateurs (mais sans Dupont-Aignan, qui a basculé chez les souverainistes), représenterait pour ainsi 33,39% des voix et supplanterait donc largement la gauche. Mais aussi le camp nationaliste-souverainiste europhobe allant du RN à l'UPR, qui se hisserait à 28,64% des suffrages de dimanche.

Une démonstration qui relève de la politique fiction, donc. Mais il en ressort que derrière ce duopole présenté comme une réalité incontestable se cache aussi un tripartisme tout aussi tangible.

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