La grogne policière persiste, François Hollande s'engage à recevoir les syndicats

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 21 octobre 2016 - 10:03
Image
François Hollande.
Crédits
©Philippe Wojazer/AFP
François Hollande a annoncé ce vendredi 21 qu'il recevrait les syndicats de policiers en "début de semaine" prochaine, tentant d'apaiser la grogne.
©Philippe Wojazer/AFP
Les manifestations de policiers se poursuivent dans les grandes villes de France. Depuis Bruxelles où il assistait à un sommet européen, le chef de l'Etat a assuré ce vendredi que le gouvernement et lui étaient "dans une démarche de dialogue".

François Hollande a annoncé ce vendredi  21 qu'il recevrait les syndicats de policiers en "début de semaine" prochaine, tentant d'apaiser la grogne qui s'est poursuivie jeudi 20 au soir avec des centaines de manifestants à Paris et en région. Depuis Bruxelles où il assistait à un sommet européen, le chef de l'Etat a assuré que le gouvernement et lui étaient "dans une démarche de dialogue".

"Je recevrai les organisations représentatives de policiers dans le début de semaine", a ajouté M. Hollande, jugeant "important (de) donner une perspective et une réponse immédiate" au mouvement des policiers né d'une violente attaque au cocktail Molotov contre 4 policiers à Viry-Châtillon (Essonne) le 8 octobre. Le mouvement ne cesse de faire tache d'huile depuis quatre nuits.

Les policiers étaient près de 500 à Paris sur l'esplanade du Trocadéro à entonner la Marseillaise avant de prendre la direction des Champs-Élysées puis de tenter de rejoindre le ministère de l'Intérieur avant d'être bloqués par les gendarmes. Après avoir annoncé qu'une délégation serait reçue place Beauvau vendredi, les manifestants se sont dispersés dans le calme peu avant 01H00 du matin.

Près de 800 fonctionnaires ont défilé entre la place Bellecour et l'hôtel de ville de Lyon, quelque 400 à Melun, 120 à Évry, une centaine d'agents à Bobigny, Toulouse, Carcassonne et Bordeaux, une cinquantaine à Montpellier et à Tarbes.

A Marseille, près de 200 policiers se sont rassemblés à 23H00 sur le Vieux Port avant de rallier le palais de justice, sirènes hurlantes et gyrophares allumés.

Ces manifestations contre le manque de moyens, le sentiment d'impunité octroyé aux délinquants ont suscité la sympathie de témoins mais aussi des slogans hostiles.

Face à la mobilisation qui s'étend, le Premier ministre Manuel Valls a exhorté jeudi les policiers à "continuer le dialogue", le gouvernement condamnant par ailleurs l'"utilisation politique" du mouvement par l'opposition.

Le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas qui a promis "la plus grande fermeté" envers ceux qui s'en prennent aux fonctionnaires de police, a dit dans un entretien à La Croix vouloir remédier au "manque d'informations" sur les suites judiciaires données aux interpellations afin de démontrer qu'il n'y pas de laxisme de la justice.

La veille, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait promis aux syndicats policiers qu'une concertation serait lancée dès lundi dans les départements.

Les syndicats policiers semblent dépassés par le mouvement. Pour un manifestant parisien, ils "ne pensent qu'à leur gueule, ils font leur guéguerre entre eux, de la politique". "La France est le seul pays où on peut cramer un mec et ne rien risquer", a affirmé à l'AFP un autre manifestant, sous couvert d'anonymat, qui comme ses collègues veut "des moyens sur le terrain" et des crédits pour remplacer des matériels hors d'âge.

Sur la défensive, le gouvernement pointe la responsabilité vers la droite, qui a supprimé selon lui 10.000 postes sous la présidence de Nicolas Sarkozy.

"Mensonges", a rétorqué l'ancien chef de l’État, candidat à la primaire de droite. "La Cour des comptes a publié un rapport démontrant qu'en décembre 2015 il y avait 868 policiers et gendarmes de moins à l'époque de M. Hollande qu'avec moi", a-t-il affirmé. "Nous avons créé près de 6.500 emplois, il en reste 2.500 à créer en 2017", a riposté Bernard Cazeneuve, en marge d'un déplacement à Villeneuve-d'Ascq (Nord).

De son côté, le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis a dit voir la "patte" du Front national dans ces actions "hors la loi" d'agents de police. Un soupçon balayé par le FN, dont la présidente Marine Le Pen a évoqué le mécontentement "légitime et sain" des policiers. Selon un haut cadre de la police nationale à l'AFP, cette fronde révèle surtout "que les policiers ne font plus confiance à leurs syndicats".

Lors de l'agression de Viry-Châtillon, un adjoint de sécurité de 28 ans a été très grièvement brûlé. Il est toujours hospitalisé, plongé dans un coma artificiel mais n'est plus sous assistance respiratoire. Sa collègue, une gardienne de la paix de 39 ans, également grièvement touchée, a quitté l'hôpital mardi soir.

 

À LIRE AUSSI

Image
Nicolas Sarkozy faisant un discours vindicatif.
Grogne des policiers : Sarkozy fustige Cazeneuve, "ce qui nous sert de ministre de l'Intérieur"
Nicolas Sarkozy s'en est pris ce jeudi à "ce qui nous sert de ministre de l'Intérieur", Bernard Cazeneuve, et a qualifié de "mensonges" la suppression de plus de 10.00...
20 octobre 2016 - 18:05
Politique
Image
Deux policiers à Paris.
Manifestations de policiers : le gouvernement se mobilise
Face au ras-le-bol des policiers et à leurs manifestations, le gouvernement a annoncé mercredi des "concertations" sur leurs revendications. Les conclusions seront rem...
20 octobre 2016 - 10:51
Politique
Image
Des policiers à la grande braderie de Lille.
Grogne des policiers : nouveaux appels à manifester malgré les gestes de Cazeneuve et Urvoas
Bernard Cazeneuve et Jean-Jacques Urvoas reçoivent ce mercredi les syndicats de policiers, après plusieurs journées marquées par des manifestations de la profession. U...
19 octobre 2016 - 20:30
Politique

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.