Lafarge en Syrie : une ONG demande l'audition de Laurent Fabius
Il va probablement devoir s'expliquer. Selon une information rapportée par France info ce vendredi 13, l'ONG Sherpa a demandé l'audition de Laurent Fabius dans le cadre de l'affaire sur le financement indirect d'organisations terroristes en Syrie (dont l'Etat islamique) par le groupe Lafarge. A cette époque, il était encore ministre des Affaires étrangères.
L'enquête menée en France vise à déterminer les liens qu'a pu entretenir le géant du ciment pour continuer à faire fonctionner en 2013 et 2014, malgré le conflit, la cimenterie de Jalabiya située dans le nord du pays. Il s'agissait de la seule multinationale encore présente sur place. Les enquêteurs souhaitent également connaître les informations dont avaient connaissance les responsables du groupe en France. Mais aussi savoir quels risques ils auraient fait courir aux employés sur place. "La justice française ne doit oublier aucun acteur dans cette affaire. L’Etat doit être exemplaire, les juges doivent donc rechercher son éventuelle responsabilité", a expliqué Marie-Laure Guislain, la responsable du contentieux pour l'ONG.
Au total, 11 anciens salariés de l’usine syrienne, défendus par l'organisation non gouvernementale, ont saisi la justice française pour "mise en danger de la vie d’autrui". Et certains dirigeants de l'entreprise, interrogés par les enquêteurs, ont affirmé que le Quai d’Orsay était bel et bien au courant des activités de la société sur place. "Tous les six mois, on allait voir le Quai d’Orsay qui nous poussait à rester. (…) Le Quai d’Orsay dit qu’il faut tenir, que ça va se régler", a par exemple déclaré Christian Herrault, le directeur général adjoint de Lafarge de l’époque cité par France Info. Mais cette version n'a pas été soutenue par le ministère des Affaires étrangères. En effet, il avait assuré avoir "alerté le groupe Lafarge sur les risques encourus à rester en Syrie".
Pour rappel, le 9 juin dernier, les magistrats ont ouvert une information judiciaire pour "financement d'entreprise terroriste" et "mise en danger de la vie d'autrui". Pour faire toute la lumière sur cette affaire, l'association, qui protège et défend les populations victimes de crises économiques, a également demandé l'audition par les juges de deux anciens ambassadeurs de France en Syrie.
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