Le gouvernement lance une campagne contre les discriminations à l'embauche
"Les compétences d'abord": le gouvernement a lancé ce lundi 18 une campagne de sensibilisation aux discriminations à l'embauche liées à l'origine, pour lutter contre le "sentiment d'humiliation" des jeunes diplômés des quartiers populaires. A partir de mardi 19 et pendant 15 jours, près de 2.000 affiches seront déployées en France, avec pour slogan "les compétences d'abord". Chaque affiche fusionne les visages d'un candidat blanc et d'un candidat de couleur. Au visage blanc est associée une réponse positive de recruteur - "'bienvenue dans l'équipe", "à demain", "vous commencez lundi" -, au visage de couleur une réponse négative - "on vous rappelle", "désolé, on ne cherche personne", "vous n'avez pas le profil".
"Ces discriminations ne sont pas la conséquence de politiques de recrutement ouvertement racistes ou sexistes, mais de successions de petites décisions, de préjugés, parfois de petites lâchetés", a estimé la ministre du Travail Myriam El Khomri lors du lancement de la campagne. "A diplôme égal, il y a deux fois plus de chômage chez les jeunes des quartiers populaires", a-t-elle déploré devant la presse. "Cela crée un sentiment d'humiliation terrible, cela montre encore les barrages, les frontières qui existent dans notre société." "Un jeune diplômé qui se sent discriminé dans ces quartiers, c'est un jeune qui peut devenir une proie", a ajouté Patrick Kanner, ministre de la Ville. Cela peut "les amener à dire +la promesse républicaine, ce n'est pas pour nous+, et cette déception peut permettre des dérives, y compris vers l'économie parallèle, etc.".
Selon une étude de l'Institut Montaigne, les hommes perçus comme musulmans pratiquants ont quatre fois moins de chances d'être convoqués en entretien d'embauche que les hommes perçus comme catholiques pratiquants. Le gouvernement a lancé récemment deux campagnes de testing auprès de "plusieurs dizaines d'entreprises de plus de 1.000 salariés" et dans la fonction publique. Les résultats sont attendus en septembre.
Au terme de l'expérience, le ministère demandera aux entreprises fautives de mettre "en oeuvre des plans d'action très concrets", selon Myriam El Khomri. "Je serai intraitable et je n'hésiterai pas à diffuser les noms publiquement en cas d'immobilisme ou de mesures purement cosmétiques", a-t-elle prévenu. La ministre a par ailleurs confirmé que le CV anonyme ne deviendrait pas obligatoire, car "techniquement, ça demande des modalités compliquées parce qu'il faut un intermédiaire entre le recruteur et la personne qui envoie son CV".
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