Le style vestimentaire des femmes politiques françaises, un débat sans fin

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Elsa Taillandier
Publié le 24 juillet 2019 - 12:46
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La porte-parole du gouvernement Sibeth NDiaye le 22 mai 2019 à Paris
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© ludovic MARIN / AFP
Sibeth Ndiaye est loin d'être la première femme politique à être critiquée pour sa tenue vestimentaire.
© ludovic MARIN / AFP

Sibeth Ndiaye est au cœur d'une polémique au sujet de son style vestimentaire. "Accoutrement" ou "tenue de cirque" pour Nadine Morano, "Télétubies" pour Jordan Bardella: les vêtements de la porte-parole du gouvernement sont particulièrement décriés dans l'opposition. Elle est loin d'être la première femme politique à devoir faire face à de vives critiques à ce sujet.

Rebelote. Sibeth Ndiaye est sujette à de vives critiques quant à son style vestimentaire depuis lundi 22 et un tweet de Nadine Morano, députée européenne LR. Cette dernière estimait que la porte-parole du gouvernement était régulièrement habillée "en tenue de cirque".

Nadine Morano, qui critiquait les "inepties" de Sibeth Ndiaye par rapport à sa sortie sur les Français plus habitués aux kébabs qu'aux homards, a par la suite assumé ses propos faisant irrémédiablement glisser le débat sur les habits de la porte-parole plutôt que sur le fond.

Mardi 23 c'était au tour de Jordan Bardella du Rassemblement national d'abonder dans le sens de l'élue LR. Le député européen estimait sur France 2 que Sibeth Ndiaye était "habillée comme un Télétubies".

A voir aussi: Sibeth Ndiaye dénonce les propos "racistes" de Nadine Morano à son encontre

Certainement las, la proche d'Emmanuel Macron n'a fait qu'un rapide commentaire sur ces critiques laissant de nombreux soutiens la défendre.

Elle n'est par ailleurs pas la première femme politique à être pointée du doigt à cause de son style vestimentaire, loin de là.

Il semble en effet courant dans le petit monde de la politique hexagonale de s'inquiéter de l'apparence des élues ou autres représentantes.

En 1972 une certaine Michelle Alliot-Marie, conseillère politique, se voyait momentanément refuser l'accès àl'Assemblée nationale parce qu'elle portait un pantalon. Tenant tête aux huissiers, elle est finalement rentrée après avoir menacé… de l'enlever. Quarante ans plus tard, la ministre du Logement Cécile Duflot s'est fait siffler par les membres de cette même Assemblée. En plein juillet, l'écologiste venue présenter un rapport sur l'avenir du Grand Paris avait osé porter une robe à fleur.

Cécile Duflot a par ailleurs été à nouveau critiquée quelques semaines plus tard après avoir assisté à un Conseil des ministres habillée d'un jean. "Je trouve que quand on représente les Français, il faut faire la différence entre la dilettante du week-end et la tenue du conseil des ministres", avait à l'époque estimé une certaine Nadine Morano.

Sous le quinquennat Hollande, Najat Vallaud-Belkacem a également été la cible de violentes critiques après avoir mis un haut décolleté noir. Celui-ci dévoilait malencontreusement une infime partie du soutien-gorge de la ministre de l'Education.

La députée LREM Aurore Bergé a elle aussi été jugée pour un décolleté en 2017 alors que sur le plateau de Thierry Ardisson, elle portait une robe échancrée en satin violet.

La couleur est d'ailleurs au cœur de tous les débats: Ségolène Royal en a ainsi fait les frais en 2014. En pleine audition sur un projet de loi sur la transition énergétique, le député UMP Jacques-Alain Bénisti lui avait lancé "le vert vous va à merveille". Et la couleur ne faisait pas référence à l'écologie mais bien au "choix de la couleur de (son) tailleur".

De leur côté, Rachida Dati et Nathalie Kosciusko-Morizet ont dû de nombreuses fois répondre de leur style vestimentaire jugé trop luxueux. A noter d'ailleurs que la première a été épinglée par la Cour des comptes pour des articles de luxe, notamment, payés via ses frais de représentation.

Sibeth Ndiaye n'est donc pas la première, ni la dernière, femme politique à devoir subir une analyse particulièrement poussée de son style vestimentaire. A tort ou à raison, certains n'hésitent pas à crier au sexisme.

Mais dans une moindre mesure les hommes ont parfois le droit à des remarques sur leurs vêtements. François Hollande en a lui-même fait les frais avec sa cravate de travers. Le député polynésien Moaetai Brotherson s'était quant à lui présenté en sandales, short et chemise Hawaïenne à son arrivée à l'Assemblée nationale en 2017.

François Ruffin a lui été pointé du doigt après avoir porté un maillot de football dans cette même assemblée. Il s'agissait cependant d'un acte politique et pas d'une "habitude" vestimentaire à proprement parler.

Sexisme, petitesse d'esprit, besoin d'exister ou simplement volonté de faire un contre-feu: les raisons qui poussent certains politiques à attaquer l'apparence de leurs rivaux peuvent être nombreuses. Mais dans une période de franc désamour de la population française envers la classe politique, c'est aussi un moyen d'éviter de parler du fond.

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