Le vin "pas un alcool comme les autres", les propos d'un ministre choquent
La déclaration a suscité des commentaires amusés, mais aussi des critiques notamment de la part des associations luttant contre les addictions et l'alcoolisme. Le ministre de l'Agriculture Didier Guillaume a dit ce mercredi 16 sur BFMTV que le vin n'était "pas un alcool comme les autres".
La question de Jean-Jacques Bourdin revenait sur un point de tension qui s'était déjà manifesté au sein du gouvernement début 2018: la confrontation entre les logiques de santé publique et l'importance du secteur du vin en France. Emmanuel Macron s'était alors opposé à un durcissement de la loi Evin concernant la publicité pour l'alcool. Il avait alors différencié les risques liés au vin de ceux liés aux alcools forts, prisés par les jeunes.
Un argumentaire repris ce mercredi par Didier Guillaume: "L'addiction à l'alcool est dramatique, notamment dans la jeunesse avec le binge-drinking (le fait de boire beaucoup en très peu de temps, NDLR). Mais Je n'ai jamais vu un jeune qui sort de boîte de nuit et qui est saoul parce qu'il a bu du Côtes-du-Rhône, du Crozes-Hermitage, du Bordeaux ou du Costières de Nîmes. Ils boivent d'autres choses, ils boivent des mélanges, ils boivent de l'alcool fort".
"Il faut lutter contre toutes les addictions et il faut éduquer les jeunes Français au beau et au bon. Il faut éduquer à boire un verre de vin. Savoir ce que c'est que la viticulture, qui est un élément économique fort et d'aménagement du territoire", a-t-il poursuivi.
Des déclarations qui ont fait réagir les membres de différentes associations luttant contre les addictions. "Il y a tous les jours des comas éthyliques au vin", a tweeté le professeur Michel Reynaud, du Fonds Actions Addictions. Un discours "scandaleux au regard des connaissances actuels sur l’Alcool" pour le président de la Fédération française d'addictologie.
Tu devrais, cher @dguillaume26 , passer un peu de temps dans un service hospitalier d’hépatologie. Tu y verrais que le vin fait aussi des ravages. https://t.co/Y5dIE7LS6J
— Bernard Jomier (@BernardJomier) 16 janvier 2019
Quel aveuglement ! Mr @dguillaume26, tous les médecins vous invitent à faire un tour aux urgences un soir de feria ou de beaujolais nouveau. Pour être plus précis, il y a tous les jours des comas éthyliques au vin. @Prabenyamina @JJBourdin_RMC @anpaa_asso @FedeAddiction https://t.co/oZ5EwSezBR
— Michel Reynaud (@Pr_Reynaud) 16 janvier 2019
Avec un tel discours, en dehors d’être scandaleux au regard des connaissances actuels sur l’Alcool, il place surtout la France dans une position intenable et lamentable quand à l’influence du lobby sur nos politiques @agnesbuzyn @EPhilippePM @dmascret @FrancoisBeguin https://t.co/dMbSQdbin9
— Amine Benyamina (@Prabenyamina) 16 janvier 2019
Face à cette position, plusieurs médecins avaient ainsi publié en mars dernier une tribune intitulée "Vu du foie, le vin est bien de l'alcool", afin de rappeler que les dommages liés à l'alcool ne dépende pas du type de boisson mais bien de la quantité ingérée.
"L’alcool, notamment le vin, est à la source de violences familiales, conjugales et de violences sur la voie publique, de «binge drinking», d’une part importante des affections mentales, des suicides et de la mortalité accidentelle et routière", écrivaient-ils.
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