Macron répond aux Gilets Jaunes : "grand discours, tout petits pas"

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PP
Publié le 27 novembre 2018 - 13:47
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Le président Emmanuel Macron lors de son discours aux maires le 21 novembre à l'Élysée
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© Thibault Camus / POOL/AFP
Emmanuel Macron a voulu répondre à la colère des gilets jaunes.
© Thibault Camus / POOL/AFP
Emmanuel Macron a prononcé ce mardi un grand discours sur la Transition écologique censé répondre à la colère des gilets jaunes qui manifestent depuis plus de 10 jours maintenant. Et si le président à dit "entendre" le désespoir des Français qui réclament un geste pour leur pouvoir d'achat, il n'a apporté que très peu de réponses concrètes.

Le discours était très attendu. Enfin, alors que les gilets jaunes entament leur 11e jour de mobilisation, Emmanuel Macron a pris la parole pour leur répondre, pour s'adresser directement à ces Français qui crient leur ras-le-bol dans la rue aux quatres coins de l'Hexagone, outre-mer compris.

Un discours de plus d'une heure lors duquel le président a martelé "entendre" la colère. "Pendant des années on a considéré que vous n’étiez pas assez important (...) Ce que vous dites c’est stop et je l’entends et on doit changer de méthode", a-t-il ainsi concédé. Fin du monde ou fin du mois? "Nous allons traiter les deux!" a répondu le chef de l'Etat.

Emmanuel Macron a reconnu que la grogne est plus large que le simple sujet de la taxe additionnelle sur le carburant. Il s'agit rien de moins selon lui que de la "perte de sens de ce qu'est l'aventure collective qu'est une nation" qui menace.

Sa réponse: le concret face aux usines à gaz. Les Français "ne savent comment utiliser le chèque énergie et en réalité moi non plus!". "Nous devons apporter des réponses concrètes. J’entends la colère qui a sa part de légitimité. Le problème que nous avons aujourd’hui c’est la déclinaison pragmatique de nos propositions. Nous devons trouver des méthodes d’accompagnements" pour rendre tangible les décisions gouvernementales et le "cap".

Un grand discours donc. Mais qui s'appuie sur des décisions "concrètes" éculées et sans commune mesure avec l'enjeu dessiné. Pour répondre aux accusations d'un pouvoir trop vertical, le président propose ainsi une "grande concertation de terrain" à laquelle il invite les gilets jaunes à participer pour "apporter des solutions concrètes, accessibles". Une proposition qui ressemble surtout à une manière de gagner du temps.

Lire: Macron annonce "une grande concertation de terrain" sur la transition écologique

D'autant qu'Emmanuel Macron a également réaffirmé que le "la stratégie du gouvernement depuis un an et demi est la bonne". Mais aussi accusé "quarante ans de petits décisions et d'ajustements" et ses prédécesseurs comme les vrais responsables des racines de la colère des gilets jaunes. Une manière de se dédouaner? Pour se garder de cette accusation, le président a eu ce superbe accent de "et en même temps": "l'idée que je me fais de ma mission m'empêche de me cacher derrière la responsabilité des autres".

Le président a certes détaillé un plan se voulant ambitieux pour la transition écologique, avec notamment la fermeture de l'ensemble des centrales à charbon "d'ici 2022", le triplement du parc éolien d'ici 2030 ou la fermeture échelonnée de 14 réacteurs d'ici 2035.

Mais il n'a finalement pas répondu aux attentes des gilets jaunes. Ceux-ci parlent pouvoir d'achat et déclassement, le président leur répond stratégie industrielle et "écoute". Un saupoudrage de mesurettes floues, à l'image de cette ambition de "construire une méthode pour (...) adapter la hausse des taxes à l'évolution des cours" mondiaux du carburant. D'autant que le dispositif a déjà été tenté, c'était la TICPE flottante, avec le résultat que l'on connaît: une expérience qui a été arrêtée après deux ans pour manque de résultat.

Très suivi par les gilets jaunes, pour certains depuis leur rond-point, le discours a surtout entraîné de la déception selon les premières réactions. Preuve que l'objectif de "redonner du sens" affiché par le président semble déjà compromis.

Les opposants politiques du président ont également dénoncé un discours creux, sans réelles annonces. À l'image de l'eurodéputé Yannick Jadot, tête de liste des écologistes pour les européennes de 2019, qui a taclé une "politique des grands discours et des tout petits pas".

"Le président ne marche plus, il rame" a raillé Marine Le Pen toujours sur Twitter, Jean-Luc Mélenchon a dénoncé un président "hors sol". Eric Ciotti (LR) a pour sa part fustigé "l'aveuglement coupable" du président qui "n'apporte aucune solution réelle pour le pouvoir d'achat des Français en colère".

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