Manuel Valls : le burkini "n’est pas compatible avec les valeurs de la France"

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 17 août 2016 - 14:36
Image
Valls-Sérieux-ministre
Crédits
©Thomas Samson/AFP
"Les plages, comme tout espace public, doivent être préservées des revendications religieuses", juge Manuel Valls.
©Thomas Samson/AFP
Interdire oui, légiférer non. Dans un entretien accordé à "La Provence", Manuel Valls est revenu sur la polémique du Burkini. Il dit soutenir les maires qui ont pris un arrêté l'interdisant, voyant dans ce vêtement " la traduction d’un projet politique, de contre-société, fondé notamment sur l’asservissement de la femme".

Manuel Valls "comprend" et "soutient" les maires ayant pris des arrêtés pour interdire le port du "burkini", "pas compatible avec les valeurs de la France et de la République", tout en refusant de légiférer en la matière, dans un entretien mercredi à La Provence.

"Je comprends les maires qui, dans ce moment de tension, ont le réflexe de chercher des solutions, d’éviter des troubles à l’ordre public", indique M. Valls. Et d'insister: "Je soutiens donc ceux qui ont pris des arrêtés, s’ils sont motivés par la volonté d’encourager le vivre ensemble, sans arrière-pensée politique".

Cette mise au point intervient en pleine polémique alors que quelques mairies côtières de France, de Corse jusqu'au Pas-de-Calais, ont pris des arrêtés pour interdire ce type de tenue de plage couvrant le corps et la tête des femmes, parfois même sans avoir constaté son usage.

"Les plages, comme tout espace public, doivent être préservées des revendications religieuses. Le burkini n’est pas une nouvelle gamme de maillots de bain, une mode. C’est la traduction d’un projet politique, de contre-société, fondé notamment sur l’asservissement de la femme", explique le Premier ministre, qui juge toutefois que le législateur n'a pas à intervenir en la matière.

"Je ne crois pas qu’il faille légiférer en la matière : la réglementation générale des prescriptions vestimentaires ne peut être une solution", affirme M. Valls.

"Avant de penser à légiférer, nous ferons appliquer la loi interdisant le port du voile intégral dans l’espace public – nous le rappellerons, avec le ministre de l'Intérieur, aux préfets et aux forces de sécurité. Les autorités musulmanes doivent aussi condamner le voile intégral, condamner les actes de provocation qui créent les conditions d’une confrontation".

Derrière le burkini, "il y a l’idée que, par nature, les femmes seraient impudiques, impures, qu’elles devraient donc être totalement couvertes. Ce n’est pas compatible avec les valeurs de la France et de la République. Face aux provocations, la République doit se défendre", argumente-t-il.

Manuel Valls lance également un appel aux musulmans : c'est à eux, "à leurs autorités, à leurs familles, dans leurs engagements personnel, professionnel, social, de dire qu’ils rejettent cette vision mortifère de l’islam".

Concernant la rixe qui a éclaté durant le week-end sur une plage du village de Sisco (Haute-Corse), "j'appelle au calme, comme d’ailleurs l’ensemble des élus corses". "De manière générale, ce n’est pas aux personnes de se faire justice elles-mêmes, d’autant moins dans une période où il y a trop d’amalgames", ajoute-t-il.

Interrogé sur les motifs de la présence en France d'auteurs de "prêches de haine prononcés dans certaines mosquées", il répond: "d’abord parce que certains sont Français. Quant à ceux qui sont étrangers et tiennent un discours de haine passible de la loi, ils doivent être expulsés. Ils le sont. Ça a déjà été le cas pour 82 d’entre eux."

"Tous ceux qui prônent des discours n’ayant rien à voir avec nos valeurs doivent être poursuivis. Il ne faut passer aucun compromis avec ceux qui mettent en cause le modèle républicain. Nous avons aussi besoin d’imams parlant français, formés à nos valeurs".

M. Valls en appelle aussi "à l’islam de France et à ses institutions", à qui "il appartient de réagir". "Je rajouterai, à l’attention de nos compatriotes musulmans, que nous serons aussi impitoyables à l’encontre de tous ceux qui voudraient les prendre comme boucs émissaires et voient dans l’islam un coupable idéal des actes de terrorismes". "Ils trouveront toujours l’Etat à leur côté pour les protéger", conclut-il.

 

À LIRE AUSSI

Image
Une femme en burkini sur une plage de Marseille.
Burkini : les premières amendes tombent
Trois femmes ont été verbalisées sur les plages de Cannes après l'arrêté du maire LR David Lisnard, suivi par d'autres édiles de villes côtières, banissant le burkini....
17 août 2016 - 09:41
Politique
Image
Jean-Pierre Chevènement.
Jean-Pierre Chevènement : les maires "fondés" à intervenir sur le burkini
Pressenti pour prendre la direction de la Fondation pour l'islam de France, Jean-Pierre Chevènement estime que les maires sont légitimes pour interdire le burkini en c...
16 août 2016 - 12:38
Politique
Image
Valls-Sérieux-ministre
Islam, salafisme, voile : Valls revient sur le terrain de l'identité nationale
Avec ses déclarations sur la mouvance salafiste ou le voile islamique signe d'"asservissement de la femme", Manuel Valls a essuyé quelques critiques. Certains l'accuse...
06 avril 2016 - 19:11
Politique

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.