Marine Le Pen : "l'immigration massive est un fantastique accélérateur du communautarisme"

Auteur(s)
Pierre Plottu
Publié le 19 janvier 2015 - 10:00
Image
Marine Le Pen.
Crédits
©Capture d'écran Dailymotion
Marine Le Pen veut "éviter l'engrenage du choc des civilisations", une orientation "terrible", selon elle.
©Capture d'écran Dailymotion
Marine Le Pen était l'invitée de France Inter, ce lundi matin. La présidente du Front national est notamment revenue sur le terrorisme et l'immigration.

Ce qui a changé en France ces 10 derniers jours?

"Pas grand chose, c'est bien ce qui m'inquiète. Au-delà de l'émotion, de ce sentiment d'union nationale que je partage, sur le plan politique il n'y a pas grand-chose qui a changé, ni qui va changer. Il est évident que si on ne revoit pas l'intégralité du logiciel politique français on va au devant de moments compliqués".

"Par exemple, la relation à l'autorité accordée à la police et aux enseignants, l'assimilation, la politique d'immigration, les valeurs de la République, les zones de non-droit, l'acquisition de la nationalité, la relation au budget de notre défense, au renseignement, de l'armée. Il y a énormément de choses qui doivent être remises à plat car ce que nous vivons aujourd'hui c'est tout de même 20 ans d'erreurs".

 

Des annonces ont pourtant déjà été faites

"Les première propositions me paraissent extrêmement maigres et pas à la hauteur. Sur le budget de l'armée, on le sanctuarise, oui, mais il est en baisse en euros constants et il est très largement inférieur à ce qui serait nécessaire. Il y a près de 60.000 postes qui ont été supprimés  depuis 2008, donc sous la coresponsabilité de Nicolas Sarkozy et de François Hollande. Idem pour la police. Je crois qu'on ne prend pas la mesure de la situation".

 

Un lien entre immigration et terrorisme?

"L'immigration massive est un fantastique accélérateur du communautarisme. Communautarisme qui est le terreau de la montée du fondamentalisme islamiste dans notre pays, dans lequel on trouvera les gens qui passeront à l'acte".

 

Les frères Kouachi sont pourtant nés en France

"Oui, mais je ne vois pas le rapport. Ils sont nés en France, d'ailleurs les frères Kouachi ont bénéficié de l'acquisition automatique de la nationalité française, ce qui me fait penser que nous avons raison en ce qui concerne le droit du sol. Il faut que cette acquisition automatique soit supprimée. Il faut que nous soyons exigeants lorsque nous accordons la nationalité française. Chaque jour, à 18 ans, des jeunes optent pour la nationalité française alors qu'ils ont derrière eux un CV de délinquants ou de criminels. Pour ceux-là, les Français devraient avoir le droit de leur refuser la nationalité française".

 

L'échange de données sur les passagers de transports aériens (le "PNR")

"C'est une vieille réclamation américaine et anglo-saxonne. Nous (le Front national, NDLR) le refusons depuis longtemps car nous avons bien vu ce que les américains ont fait de ces lois d'exception après le terrorisme: au motif de surveiller les terroristes, c'est un flicage généralisé de l'ensemble des citoyens. Nous sommes les défenseurs des libertés individuelles".

"On peut parfaitement partager des fichiers de personnes suspectes sans être obligé de faire un fichier général, pour tout le monde. On sait que c'est une première étape. Il y a la surveillance des mails, des courriers, et puis, et puis… Et puis on arrive dans un Etat qui ne protège plus les libertés individuelles".

 

Il faut donc rétablir les contrôles aux frontières, mais pas celui des passagers?

"Je ne vois pas le rapport. Les renseignements ont la liste des personnes à risques. S'ils ne l'ont pas c'est qu'il y a une faille. On peut se poser la question de savoir quelles sont les raisons de ces failles".

"Les frères Kouachi étaient dans la liste des personnes dangereuses. Coulibaly aussi, Beghal idem. Ce fameux Beghal qui a été un des seuls, il doit y avoir 10 cas, à être déchu de nationalité mais à rester sur le territoire. A la charge des Français, qui lui payent un hôtel, pas mal d'ailleurs, parce que la Cour européenne des droits de l'Homme nous interdit de le renvoyer dans son autre pays, l'Algérie".

 

Etes-vous pour la liberté totale et absolue sur Internet?

"Oui. Je pense qu'en matière de renseignement, le fait de fermer des sites est un aveuglement. La réalité est qu'il est beaucoup plus intéressant de voir qui va sur ces sites, qui les fréquente, pour pouvoir déterminer les profils à risques".

"C'est le contact personnel qui est à l'origine de la radicalisation. Je ne pense pas que quelqu'un se dise tiens je vais faire le djihad simplement après avoir consulté des sites. Il y a toujours un intermédiaire, des recruteurs. Il y a des imams radicaux sur notre territoire. On a laissé se développer des mosquées radicales, qui sont le nid de fondamentalistes, et on ne veut pas le voir par idéologie, laxisme".

"L'autre erreur majeure est d'interdire la sortie du territoire français. Ceux qui passent à l'acte sont bien souvent des +recalés du djihad+. En leur interdisant de partir, on les pousse à opérer ici. C'est ce qui s'est passé au Canada. Notre proposition ce n'est pas de les empêcher de partir, mais de les empêcher de revenir".

 

Les propos d'Aymeric Chauprade, établissant un parallèle entre les musulmans et le totalitarisme des Allemands des années 1930. Il dit notamment: "la France est en guerre contre des musulmans". Etes-vous d'accord?

"C'est une prise de position personnelle, je lui en laisse donc la responsabilité. La responsabilité d'un mouvement politique est d'éviter l'engrenage du choc des civilisations. Il est facile de se soumettre à cette idée mais je la trouve terrible".

"L'Etat nation et les choix géopolitiques, qui ont été dramatiques par le passé, ont un rôle à jouer. Les interventions en Libye, en Syrie… Nous avons donné les clés de ces pays et de ces combats aux fondamentalistes que nous avons entretenus et armés. Aujourd'hui nous en subissons les conséquences. Il va falloir réorienter totalement notre politique internationale, et notamment rompre avec des pays comme le Qatar ou l'Arabie Saoudite".

"La France est en guerre contre le fondamentalisme musulman. Malek Boutih a raison quand il le dit, courageusement d'ailleurs. On a laissé, dans nos territoires, dans les banlieues, opérer un terrorisme intellectuel".

 

La France n'est donc pas en guerre contre l'Islam?

"L'islam est une religion. La foi ne pose aucun problème. Elle doit se faire dans le respect de la République. Mais il y a des groupes politico-religieux qui se développent. Ce sont ceux qui font d'incessantes revendications depuis des années".

"On voit les municipalités qui contournent la loi de 1905 pour financer les lieux de culte. Si l'Etat avait dit +c'est interdit+, avait pris des sanctions… mais non on a joué la mollesse, comme d'habitude, et un certain nombre de maires ont se sont soumis".

 

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.