Mélenchon appelle à "prendre parti" pour l'Italie de Salvini au nom de la "souveraineté"

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La rédaction de France-Soir
Publié le 25 octobre 2018 - 18:07
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Jean-Luc Mélenchon, chef de la France Insoumise, s'adresse aux médias, à son arrivée devant les locaux de la police anticorruption, le 18 octobre 2018 à Nanterre
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Mélenchon a appelé à "prendre parti pour le gouvernement italien contre la Commission européenne"..
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Jean-Luc Mélenchon a appelé mercredi à "prendre parti" pour le gouvernement italien qui a entamé un bras de fer avec la Commission européenne sur son budget. Le leader de la France insoumise a mis en avant la "souveraineté populaire" pour expliquer son soutien à la coalition populiste au pouvoir à Rome où l'extrême droite de Matteo Salvini joue les premiers rôles. Une "rupture", a dénoncé le premier secrétaire du PS Olivier Faure ce jeudi.

Back to business. "Dans cette affaire, les Français ont intérêt à défendre ceux qui défendent la souveraineté populaire". C'est par ces mots que Jean-Luc Mélenchon a appelé, mercredi 24, à "prendre parti" pour l'Italie de Matteo Salvini, le chef de la Ligue d'extrême droite, face à la Commission européenne qui a retoqué son budget.

La France insoumise qui soutient l'extrême droite italienne? D'aucuns y verront un contre-feu de Mélenchon, en perte de vitesse suite à la séquence "perquisitions". Peut-être. Mais cette sortie est tout à fait cohérente avec la ligne de la France insoumise.

Retour sur les faits. Les populistes au pouvoir en Italie, emmenés notamment par le leader de la Lige (extrême droite) Matteo Salvini ont proposé un budget qui a été -et c'est une première- rejeté par la Commission. Bruxelles estime ainsi que la prévision de 2,4% de déficit (pourtant inférieure à la règle des 3%) est trop importante au vu d'un déficit transalpin flirtant avec les 130% du PIB. Plusieurs économistes ont par ailleurs estimé que la prévision de croissance attachée de 1,5% est trop optimiste et devrait être plutôt de 1%. Trop d'incertitude pour les commissaires européens.

Mais, au-delà du débat économique, Jean-Luc Mélenchon a surtout contesté le droit de l'Europe de s'immiscer dans les décisions du peuple italien. Mettant en avant la "souveraineté populaire", celle des peuples par et pour eux-mêmes, le leader de la France insoumise a appelé à "prendre parti pour le gouvernement italien contre la Commission européenne".

"L'identité nationale française est une identité républicaine qui se confond avec l'idée de souveraineté populaire", a ainsi entamé Jean-Luc Mélenchon."C'est la raison pour laquelle il faut évidemment prendre parti pour le gouvernement italien contre la Commission européenne. Même si on désapprouve le gouvernement italien, ce qui est notre cas".

Puis d'ajouter: "Evidemment nos adversaires ouvrent un front dans le pire angle qui soit pour nous, parce qu'en allant affronter le gouvernement de Monsieur Salvini, d'une certaine manière ils lui donnent un label de respect de la souveraineté populaire qu'on aurait préféré qu'il n'ait pas".

Lire: Mélenchon s'en prend à nouveau à la presse, tout en se tournant vers les Européennes

Le patron du PS Olivier Faure a vivement réagit à ces propos, ce jeudi 25 sur France inter en dénonçant une "rupture": "C'est la première fois que je vois la gauche de la gauche venir en soutien d'un budget qui est porté par l'extrême droite". Il a en outre refusé de prendre position pour l'Italie ou la Commission arguant que ce serait choisir "soit Salvini, soit d'être pour une règle impérative".

"Si ça continue comme ça, où sont les désaccords avec Marine Le Pen?", a renchérit Jean-Christophe Cambadélis sur LCI. "On peut combattre la position de Bruxelles sans adouber la position du gouvernement italien. C'est un tournant majeur".

Le député FI Ugo Bernalicis a pour sa part appuyé les propos de Jean-Luc Mélenchon, toujours ce jeudi matin mais sur France info.

La France insoumise "soutiendrai n'importe quel gouvernement qui serait agressé par la Commission européenne", a réaffirmé le député du Nord, qui a également insisté sur la nécessaire souveraineté nationale. "Il faut bien se dire qu'on est dans un système où la Commission européenne, qui n'est pas si démocratique que ça, se permet de contester les budgets des Parlements qui eux sont élus par le peuple des pays concernés". Puis d'ajouter: "je suis pour que les gens dans leur pays décident de l'avenir de leur pays".

"Il n'y a que l'extrême droite qui est en capacité de protester sur le fait que les peuples sont dépossédés de leur souveraineté? (...) Nous prévoyons de transgresser ces règles (de l'UE, NDLR). Précisément parce qu'elles enferment les pays dans des logiques d'austérité qui détruisent tout. La politique libérale et ordolibérale menée partout en Europe est la source de la montée de l'extrême droite".

Pour autant, Ugo Bernalicis n'a pas totalement écarté la possibilité que Salvini devienne un allié si la FI se hisse au pouvoir. "Je n'en sais rien, je ne pense pas, ça m'étonnerait... Ou alors peut-être juste sur quelques points de détail car quand il y a des discussions avec des pays on fait de la géopolitique, on n'épouse pas les formes de gouvernement qui sont dedans", a-t-il répondu.

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