Paris : un centre pour SDF "verra le jour" dans le 16e malgré l'opposition de la mairie et des riverains

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 15 mars 2016 - 21:03
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SDF sans-abri illustration
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©Kenzo Tribouillard/AFP
Le permis de construire du centre pour SDF a été délivré le 10 mars avec un objectif d'ouverture avant l'été.
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Un centre pour SDF "verra le jour" dans le 16e arrondissement de Paris, en dépit de l'opposition du maire Claude Goasguen (LR) et des riverains, a assuré le Premier ministre Manuel Valls à l'Assemblée ce mardi, insistant sur "la détermination de l'Etat pour mener à bien ce projet".

Le "centre verra le jour": Manuel Valls et la mairie de Paris ont affirmé ce mardi 15 mars leur détermination à ouvrir, et rapidement, un centre pour sans-abris dans le très chic XVIe arrondissement de la capitale, au lendemain d'une réunion houleuse d'opposants. "Je souhaite vous dire la détermination de l'Etat pour mener à bien ce projet", a lancé mardi le Premier ministre lors de la séance de questions à l'Assemblée nationale. A Paris, "plus de 30.000 personnes sont mises à l'abri chaque jour. 78 centres d'hébergement les accueillent et aucun n'existe dans le XVIe arrondissement", a-t-il détaillé. "Son ouverture en juin est un élément indispensable pour partager l'effort afin de ne pas concentrer l'accueil des populations en difficulté uniquement dans les quartiers les plus populaires". Depuis des mois, ce projet suscite en effet un mouvement d'opposition avec, à sa tête, le député-maire LR du XVIe Claude Goasguen, qui dénonce un "Sangatte dans le Bois de Boulogne".

Le centre, financé par l'Etat (4 millions d'euros) et la Ville de Paris (800.000 euros) et qui sera géré par l'association Aurore, devrait pouvoir accueillir d'ici à cet été jusqu’à 200 personnes, cent en famille, cent isolées, orientées par le 115, le numéro d'urgence social. Ce ne seront pas des migrants, a réaffirmé ce mardi la mairie. Pour M. Goasguen, soutenu par les élus de droite des communes environnant le Bois de Boulogne, le site est "classé et non constructible". Le centre poserait également des problèmes de sécurité car proche des habitations et de nombreux établissements scolaires, dit-il.

Lundi 14 au soir, une réunion d'information, réclamée par les opposants et organisée par la mairie de Paris, a viré à la foire d'empoigne. Des habitants du XVIe arrondissement, venus en masse manifester leur opposition, ont multiplié les invectives et les huées, certains n'hésitant pas à traiter Sophie Brocas, secrétaire générale de la préfecture d’Ile-de-France, de "salope". Devant les députés, Manuel Valls s'est dit "profondément choqué". "Rien ne peut justifier les insultes et les menaces dont la représentante de l'Etat a fait l'objet" lors de cette réunion, a-t-il dit. La mairie de Paris s'est également affirmée "scandalisée". "Les violences, les insultes, c'est inacceptable. La violence et la délinquance ne sont pas du côté des sans-abris", a indiqué à l'AFP Ian Brossat, adjoint PCF au logement de la maire PS de Paris Anne Hidalgo.  L'objectif de la réunion était "de lever les inquiétudes" des riverains qui avaient demandé à être informés, "il est assez paradoxal que ceux qui ont demandé cette réunion n'aient pas créé les conditions pour que l'information passe", a-t-il ajouté. Quant au centre, il "verra le jour. La détermination (de la Ville) est totale et inentamée", a ajouté M. Brossat, "nous créerons ce centre d'hébergement là où il est prévu qu'il soit construit. Il est inacceptable que des personnes continuent à dormir dehors faute de solutions d'hébergement".

Le permis de construire a été délivré le 10 mars avec un objectif d'ouverture avant l'été. Pour M. Goasguen, "ce qui s’est passé" lundi soir "témoigne des résultats d’une politique qui substitue le diktat à la concertation nécessaire à la prise d’une décision". "Tout en regrettant les incidents, je rappelle à la mairie de Paris qu’elle devra comprendre que le temps n’est plus à se substituer autoritairement à une concertation nécessaire", a ajouté l'élu en affirmant que les riverains avaient été "mis devant le fait accompli". Le XVIe "n’a jamais refusé de centre d’hébergement et il est aussi solidaire que les autres arrondissements (...) Il y a d’autres endroits dans le XVIe qui pourraient accueillir des centres d’hébergement et je suis toujours prêt à en parler" avec le préfet de Région et la mairie de Paris, a-t-il ajouté en évoquant le spectre de "recours devant les tribunaux administratifs et (de) manifestations répétitives".

 

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