Pour Macron, une réforme de l'ISF permettrait de doper l'investissement
Le ministre de l'Economie Emmanuel Macron a de nouveau jugé nécessaire ce jeudi 23 une réforme de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF), indispensable selon lui pour développer "l'investissement productif" en France, tout en se gardant de réclamer la suppression de cet impôt controversé.
"Aujourd'hui, l'ISF pose un problème pour celles et ceux qui voudraient investir et aider" au développement économique, a déclaré M. Macron lors d'une colloque sur la croissance organisé par l'Institut Montaigne et le McKinsey global institute.
"En France, on a beaucoup plus protégé le capital dormant que le capital productif. C'est à dire qu'on favorise beaucoup plus des véhicules (placements, NDLR) qui sont ceux d'épargnants passifs, plutôt que celles et ceux qui décident d'investir", a-t-il regretté, estimant qu'il fallait traiter ce problème "en le réformant". "L'ISF englobe des catégories d'actifs qui n'ont pas grand chose à voir ensemble", a-t-il détaillé, en estimant qu'il ne fallait "pas prendre dans l'ISF la même base pour tous les actifs".
"Quand on regarde ce que font les économies qui ont l'investissement productif chevillé au corps, elles ont une taxation qui est beaucoup plus large, parfois beaucoup plus dure sur l'immobilier. Et elles ont une taxation beaucoup plus faible sur le capital productif", a-t-il expliqué, disant vouloir tendre vers ce modèle. Emmanuel Macron, le ministre français de l'Economie, au colloque sur la croissance organisé par l'Institut Montaigne et le McKinsey global institute, le 23 juin 2016 à Paris
Le ministre n'a toutefois pas réclamé la suppression de l'ISF, estimant que le "contexte" n'était pas favorable. "Si on arrive devant les gens dans le contexte politique et social qu'on connaît en leur disant +j'ai une bonne idée, ce matin, on va supprimer ou réformer l'ISF+ (...) à mon avis ça ne va pas plaire à tout le monde".
Le ministre avait suscité la polémique mi-avril, en s'en prenant à cet impôt défendu par la gauche. "Si on a une préférence pour le risque face à la rente, ce qui est mon cas, il faut préférer la taxation sur la succession aux impôts de type ISF", avait-il déclaré. Ces propos lui avaient valu un rappel à l'ordre de Manuel Valls, qui s'est pourtant montré critique par le passé sur l'ISF. "Supprimer l'impôt sur la fortune, qu'on peut toujours améliorer, rendre plus efficace d'un point de vue économique, serait une faute", avait-il dit.
Créé en 1989, l'ISF, qui a succédé à l'IGF (impôt sur les grandes fortunes) instauré par François Mitterrand en 1981, a subi de multiples aménagements. En 2015, il a rapporté 5,224 milliards d'euros à l'Etat.
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