Primaire de la droite : l'heure du choix entre Juppé et Fillon pour les électeurs
"Les deux sont bons, mais il fallait faire un choix", dit Michèle, retraitée bordelaise. Les électeurs se sont déplacés à nouveau en masse ce dimanche 27 pour départager François Fillon et Alain Juppé, finalistes de la primaire de la droite en vue de la présidentielle 2017.
Nombre d'entre eux se sont mobilisés dès le début de la matinée, notamment pour éviter les longues files d'attente de dimanche dernier. A la mi-journée, la participation était d'ailleurs en hausse de 12% par rapport au premier tour qui avait réuni le nombre record de 4,3 millions de votants.
Dans un bureau du Vieux-Lille, seulement 13 personnes avaient voté à 9h30, mais la présidente ne s'affolait pas: "C'est exactement le même nombre à la même heure que la semaine dernière".
Antoine, ingénieur de 37 ans, confie avoir hésité à venir, contrairement au premier tour: "Je suis de centre-droit et je ne savais pas pour qui voter". "J'ai finalement voté Juppé pour tempérer le caractère sociétal trop à droite de Fillon, dont j'aime par ailleurs les idées de réformes économiques", explique-t-il.
Même hésitation pour Gaëtan, étudiant de 22 ans et référent en Gironde de Bruno Le Maire, venu tôt dans un bureau du centre de Bordeaux: "J'ai été indécis jusqu'au débat", explique-t-il. "Je préfère Juppé sur les questions de société et Fillon pour l'économie. Finalement, c'est dur à dire, mais je préfère avoir un travail".
"J'ai longtemps hésité", reconnaît aussi Solange, enseignante de 50 ans, dans un quartier résidentiel de Rennes. "J'ai voté Fillon avec le cœur, en raison de mes racines catholiques. Je suis sûre qu'il adoucira son programme, mais c'est lui qui peut moderniser la France", estime-telle.
Pour d'autres, le choix est arrêté de plus longue date. Ils sont venus simplement confirmer leur vote de premier tour, où François Fillon a recueilli plus de 44,1% des votes contre 28,6% pour Alain Juppé.
Lydie, retraitée à Lille, le dit tout de go: "Fillon est mon candidat". "Ca fait longtemps que j'écoute ce qu'il dit, depuis avril. Il a de l'expérience, il réfléchit, il est posé".
A Strasbourg, Monique et Cécile, plébiscitent Fillon. "En meeting vendredi, c'était extraordinaire, c'était presque un discours d'investiture! Depuis De Gaulle, on n'a plus entendu de Français comme ça!", s'enthousiasme l'une d'elles.
A l'inverse, Marie, médecin bordelaise de 54 ans, a redonné sans hésiter son vote à son maire, Alain Juppé. "C'est pas un réac!", justifie-t-elle. A Rennes, Gérard, 60 ans, a l'air sombre: "J'ai fait mon devoir, mais je pense que la messe est dite".
Le rejet du Front national joue aussi. "Face à Marine Le Pen, Fillon sera le mieux armé. C'est Trump qui a fait un électrochoc", analyse Solange, l'enseignante rennaise.
Sœur Dominique, religieuse à la Congrégation des filles de l'Enfant Jésus à Lille, raconte qu'"entre sœurs, on a beaucoup parlé de l'élection cette semaine". "J'ai Marine Le Pen en ligne de mire et je pense que Fillon sera plus capable de la battre".
Et les électeurs de gauche, dont 15% de sympathisants, selon un sondage, avaient participé au premier tour dimanche? Ils ne se dévoilent pas toujours, mais ont aussi en tête la présidentielle de 2017.
Catherine, trentenaire strasbourgeoise, qui ira aussi voter à la primaire de la gauche, ne veut pas dire son choix, mais elle a voté "pour éviter certaines personnes".
Priscilla et Gaëlle, un couple de femmes enseignantes, n'avaient pas, elles, voté au premier tour: "La nature du candidat en tête au premier tour, qui sera potentiellement au second tour de la présidentielle, nous a décidées", expliquent-elles. L'éducation, l'adoption pour les couples homosexuels ont été des thèmes déterminants pour elles.
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