PS : Sébastien Denaja, un député "normal"

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VL
Publié le 27 octobre 2014 - 15:38
Mis à jour le 27 novembre 2014 - 01:13
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Sébatien Denaja, député PS de l'Hérault.
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Sébastien Denaja, député PS de l'Hérault, veut réconcilier les Français avec la politique.
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Travailleur de l’ombre de la commission des lois, le député socialiste de l’Hérault Sébastien Denaja s’est fait connaître avec sa proposition sur les salaires des hauts fonctionnaires. A 35 ans, il espère réconcilier les Français avec une classe politique responsable et consciente des réalités.

On comprend, à la vue de son bureau du Palais Bourbon, que Sébastien Denaja ne fait pas (encore) partie des élites politiques. Comme beaucoup de députés, il partage quelques mètres carrés avec son assistante parlementaire. "C’est le bureau qu’aurait récupéré Jérôme Cahuzac s’il était resté député…", ironise le parlementaire socialiste qui défend l’exemplarité, ou plutôt "la responsabilité" des élus, terme qu’il préfère. Double ironie même car en juin 2014, il succède comme vice-président du groupe socialiste à…Thomas Thevenoud.

A 35 ans, et malgré ses cheveux poivre et sel, il fait partie des 10 plus jeunes députés. Elu dans l’Hérault en 2012, Sébastien Denaja n’est pas un habitué des plateaux télé. Il ne veut pas s’exprimer "pour commenter l’actualité" mais pour communiquer sur son travail, ou "éventuellement  défendre l’action de Ségolène Royal"qu’il a toujours soutenue "même quand elle était au fond du trou". De même, lorsqu’on lui parle de son adhésion au PS le jour de son 18e anniversaire, en 1997, il précise: "en janvier, avant que l’Assemblée ne bascule à gauche".

"Les élus ne sont que de passage"

La chose publique, Sébastien Denaja est tombé dedans quand il était petit, sans qu’il y ait vraiment eu de culture politique à la maison. L’engagement a été pour lui quelque chose "d’instinctif". Plus jeune député de l’histoire de sa circonscription, membre dès le collège du conseil municipal des jeunes de Sète (Hérault), il a même été délégué de classe de la sixième à la terminale.

C’est encore à l’instinct qu’il choisit de s’engager à gauche: "Lors des municipales de 1995, j’ai fait le tour des meetings. Lors de celui d’un candidat de droite, j’ai compris dans mes tripes qu’il y avait des discours qui ne pouvaient pas passer".

Membre de la commission des lois, le député Denaja a notamment participé à la loi sur l’égalité homme/femme comme rapporteur. Poste qu’il a sollicité en raison de ses convictions féministes: "Mes parents ont divorcé lorsque j’étais enfant, je sais ce qu’est la vie d’une femme élevant seule ses enfants". Des convictions renforcées par sa rencontre avec Ségolène Royal puis avec la ministre des Droit des femmes, Najat Vallaud-Belkacem.

Sa carte du PS en poche, Sébastien Denaja a enchaîné Hypokhâgne et un doctorat en droit public. "Le parcours paraît lisse, mais il est semé d’embûches", explique-t-il à FranceSoir"Pour payer mes études, j’ai fait plein de petits boulots. Voiturier, plagiste, gardien de musée, j’ai même ramassé les ordures ménagères, une expérience dont je suis très fier". Quand on lui parle de CV de ministre, le député hausse les épaules: "les ministres, ils font plutôt l’ENA, non?" (sourire). 

De toute manière, Sébastien Denaja ne se voit pas faire carrière en politique. "Mon métier, c’est enseignant en droit. Je ne me définis pas comme un homme politique. Les élus ne sont que de passage, le temps que les électeurs nous font confiance. Mais j’aimerais quand même faire deux mandats".

Avec son accent qui fleurait bon le Sud et ses 33 ans à l’époque, Sébastien Denaja était arrivé en 2012 à l’Assemblée nationale sans illusion. "Il faut faire ses preuves, mais avec le recul, je trouve ça normal. Par le travail, je pense avoir gagné le respect de certains de mes collègues". Le travail de député, celui que le public connaît mal, qui se fait "au troisième sous-sol, dans les salles où il n’y a aucun média", c’est ce qu’il aime mettre en avant, refusant la mode du "tweet assassin" ou de la "petite phrase".

"Dans cette maison, tout le monde a les dents longues"

C’est paradoxalement un tweet bien trouvé qui lui a valu l’attention des médias. Persuadé qu’aucun fonctionnaire ne devrait gagner plus que le président de la République, chef des armées, détenteur des codes nucléaires, il a qualifié en avril dernier ces élites de "canards trop gras".

Et n’allez pas lui opposer que le président n’a, lui, aucune dépense. L’homme du Sud parfois rude reste toujours courtois, mais on sent alors pointer l’énervement: "parce que vous pensez que les autres, ce n’est pas de l’argent de poche? Que le directeur de la Banque publique d’investissement n’a pas de chauffeur, de voiture, d’appartement de fonction et la carte bleue pour aller au restaurant? Ces canards gras, on leur donne chaque année le prix de la maison pour laquelle ma femme et mois nous endettons sur 25 ans...".

Le député a son franc-parler, quitte à se faire taxer de démagogie par certains. Sur la question de la modulation des allocations familiales selon les revenus, il a mis les pieds dans le plat pour RFI"Je suis député, père d’un deuxième enfant depuis un mois, et on va me verser 129 euros par mois? Franchement je crois qu’il y a des concitoyens qui méritent davantage de soutien de la solidarité nationale".

La "responsabilité" des élus, n’est pas tant pour lui une mesure d’économie qu’un moyen de réconcilier les Français avec la classe politique. Celle qui représente la majorité des élus mais qui est peu connue, au contraire de ceux, au PS et ailleurs, "qu’on voit beaucoup à la télévision et dont on sait très bien qu’ils ne font absolument rien en tant que députés". De même il reconnaît volontiers qu’à l’Assemblée nationale, "il y a 577 personnes (le nombre de députés, NDLR) avec de l’ambition, mais l’ambition peut être saine".

 

 

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