Qui sont les quatre résistants qui entrent au Panthéon ?
Combattants de l'ombre, les quatre résistants qui font ce mercredi leur entrée au Panthéon ont laissé leur noms à des rues ou des lycées. Mais leur histoire n'est pas connue de tous.
> Pierre Brossolette
Son nom n'est pas resté aussi célèbre que celui de Jean Moulin, mais Pierre Brossolette fut l'un des plus importants chefs de la Résistance. Né en 1903, il était issu d'une famille socialiste, laïque et républicaine. Dans cette tradition, il avait adhéré à la SFIO (Section française de l'internationale ouvrière, l'ancêtre du Parti socialiste) dès ses 16 ans. Très vite, il prendra la mesure du danger qu'une dictature en Allemagne représente pour la France.
Il s'illustre durant la "Drôle de guerre", avant la défaite de juin 1940. Journaliste, il est bâillonné par le régime de Vichy et entre dans la clandestinité. Réputé indiscipliné, il n'hésite pas à railler le général de Gaulle tout en lui conservant une fidélité absolue. Ses relations avec Jean Moulin seront également tendues. Il est arrêté en février 1944. Torturé au siège de la gestapo à Paris, il se défenestre le 22 mars 1944, tombe sur un balcon, trouve la force de se relever pour sauter à nouveau. Il décède des suites des ses blessures. Il n'a pas parlé.
> Jean Zay
Jean Zay n'a pas connu les maquis ou la clandestinité, mais reste un symbole de la Résistance. Issu d'une famille juive, il devient le plus jeune député de France en 1931 à 27 ans, ministre de l'Education sous le Front populaire en 1936. C'est notamment à lui que l'on doit la scolarité obligatoire jusqu'à 14 ans, l'instauration de l'éducation physique, ou l'interdiction des signes religieux à l'école. Il sera également l'un des fondateurs du Festival de Cannes.
Dès le début des hostilités, en 1939, il démissionne de son poste pour rejoindre l'armée et embarque pour le Maroc. Arrêté en août 1940, il est condamné par Vichy pour "désertion". Depuis sa prison, il travaille à la France d'après-guerre et parvient à communiquer avec la Résistance. Le 20 juin 1944, prétextant un transfert, les miliciens de Vichy le sortent de sa prison et l'abattent.
> Geneviève de Gaulle-Anthonioz
Ce n'est pas une coïncidence, il s'agit bien d'une parente du général de Gaulle, sa nièce. Etudiante en histoire, elle s'engage dès 1940, à 20 ans, dans la Résistance au sein du même groupe que Pierre Brossolette et Germaine Tillion. Arrêtée par la gestapo en 1943, elle sera internée à Fresnes puis déporté au camp de Ravensbrück (Nord-est de l'Allemagne). Elle y survivra pour être libérée en 1945 par l'Armée rouge.
Geneviève de Gaulle-Anthonioz a consacré sa vie à la lutte contre ce qu'elle nommait "l'inacceptable". Ce sera le nazisme, puis l'extrême pauvreté. En 1964, elle prend la tête de l'association ATD Quart Monde. Elle décède en 2002, à 81 ans. A la demande de sa famille, le cercueil transporté au Panthéon ne contient que de la terre de son cimetière afin de ne pas la séparer de sa famille.
> Germaine Tillion
Avec Geneviève de Gaulle-Anthonioz, les deux femmes ont été surnommées "les sœurs de Ravensbrück". C'est en effet dans le camp allemand qu'elles se rencontreront. Résistante de la première heure, Germaine Tillion est arrêtée en 1942, à seulement 35 ans, avant d'être déportée.
Après la Libération, elle continuera son combat pour les droits de l'homme, notamment durant la guerre d'Algérie. Elle se disait "patriote française mais plus encore, patriote de la justice et de la vérité". Comme pour sa "sœur" Geneviève de Gaulle-Anthonioz, la famille de Germaine Tillion a tenu à ce que sa dépouille demeure dans le cimetière familial où elle repose depuis sa mort en 2008.
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