Régionales : défaits, gauche radicale et écolos condamnés à se repenser

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 11 décembre 2015 - 13:46
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Jean-Luc Mélenchon.
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©Gonzalo Fuentes/Reuters
"Le seul moyen pour la gauche de se reconstruire, c'est de s'allier à Hollande", selon le politologue Philippe Raynaud.
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Absents, hormis quelques fusions avec le PS, du second tour des élections régionales la gauche radicale et les écologistes concèdent la défaite lors de ce scrutin. Et de nombreux dirigeants anticipent déjà la "reconstruction" à venir de leurs formations respectives.

Après la déconfiture du premier tour des élections régionales de dimanche 6, l'"opposition de gauche", la gauche radicale et les écologistes, est condamnée à se repenser, voire se recomposer. Un constat qu'elle fait volontiers tout en voyant s'éloigner la perspective de constituer une alternative solide au PS d'ici à 2017.

Grande coalition, pôle citoyen, rassemblement à gauche: quel que soit le nom qu'ils lui donnent, la plupart des responsables des partis de gauche non socialiste appellent à une "reconstruction" au lendemain du second tour des régionales de dimanche 13. "Il faudra s'expliquer lundi (le 17, NDLR), ce qui s'est passé dimanche mérite de remettre à plat beaucoup de choses à gauche", assurait jeudi 10 Pierre Laurent, patron du parti communiste.

Au total, le Front de gauche (PC, PG et Ensemble) a récolté 4,15% des voix au premier tour.

Pour Pierre Laurent, il existe bien un "objectif commun" avec le porte-voix du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon mais "pas seulement avec lui, avec d'autres forces du Front de gauche, des socialistes et des écologistes". Un large rassemblement pour "garder espoir qu'une politique réellement à gauche soit possible".

"Sous le choc", Jean-Luc Mélenchon, a néanmoins semblé enterrer mercredi 9 l'alliance déjà fragile du Front de gauche. Fustigeant la désunion qui a dominé lors de ces élections, il s'est agacé: "nous nous sommes nous-mêmes détruits". "Je ne m'attendais pas à nous voir, cinq ans après, quasiment revenus à la case départ", a-t-il ajouté. Mais il a appelé à "se reprendre et se ressaisir". "En tout cas moi, je ne rentre pas à la maison, je ne me déclare pas en retrait, et je ne cesse pas le combat", a insisté celui qui dit depuis plusieurs mois prendre du recul dans la perspective de 2017.

Une large alternative à gauche du Parti socialiste est-elle possible? "Il me semble qu'on est dans l'illusion", rectifie Philippe Raynaud, professeur de philosophie politique à Paris 2. Pour lui, la gauche de la gauche a deux réflexes qui sont aujourd'hui dépassés: "le premier c'est que si l'opinion va vers la droite, c'est en allant vers la gauche qu'on va la reconquérir, le deuxième, c'est que pour convaincre les électeurs hésitants, on a intérêt à avoir des positions radicales".

Il voit en revanche à l'œuvre "une logique d'union de la gauche qui se reconstruit dans laquelle la gauche de la gauche gagnera des points" par souci électoraliste du candidat socialiste en 2017. "Le seul moyen pour la gauche de se reconstruire, c'est de s'allier à Hollande", observe Philippe Raynaud. Mais ce jeu met, selon lui, mécaniquement hors course Jean-Luc Mélenchon dont le programme annihile "toute discussion possible avec le PS".

"Ce qui lui reste à Mélenchon, c'est qu'il apparaît comme le candidat le mieux placé de la gauche de la gauche à la présidentielle", estime néanmoins un responsable socialiste.

Et dans cette recomposition, quid des écologistes qui ont divisé par deux leur score au premier tour des régionales (6,81% après 12,18% en 2010)? "Tout le monde cherche un chemin car nous arrivons à la fin d'un cycle politique: soit on passe à autre chose avec une remise en cause profonde y compris de la droite, soit le point de fuite, à un moment, c'est l'arrivée au pouvoir de l'extrême-droite", analyse David Cormand, numéro 2 d'Europe Ecologie-Les Verts.

Il ne voit pas dans l'échec aux régionales "un problème d'être plus ou moins à gauche". "C'est le truc de Cambadélis et Hollande de dire: +à gauche, entre Mélenchon et moi, il n'y a rien, à droite, entre le Front national et moi, il n'y a rien+", s'énerve-t-il, refusant qu'on classe son parti à la "gauche de la gauche". Il plaide au contraire pour une réforme du mode de scrutin et un régime plus parlementaire, où les partis gouverneraient ensemble, en coalition.

Dans tous les cas, souligne Julien Bayou, porte-parole d'EELV, "nous avons la responsabilité de ne pas subir ce choix entre le PS et le FN et de travailler à une alternative".

 

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