Sarkozy mis en examen : de nouveaux témoignages confirment un financement libyen
Si Nicolas Sarkozy dénonce formellement le manque de crédibilité des témoignages qui l'accablent, ceux-ci s'accumulent. Et pas seulement sur le bureau des enquêteurs. La radio publique RFI (Radio France International) a diffusé deux interviews à l'antenne (et publié un article sur son site – voir ici). Deux témoignages qui confirment la thèse d'un financement de la campagne de Nicolas Sarkozy par Mouammar Kadhafi.
Première source: Moftah Missouri, l'ancien interprète personnel du "guide" libyen. Celui-ci évoque un souvenir datant de 2005. Nicolas Sarkozy rencontre Kadhafi et lui annonce sa volonté de se présenter. L'interprète raconte: "c'était à Tripoli, il était venu en tant que ministre de l'Intérieur, et c'est à ce moment-là qu'il a dit «je veux peut-être me présenter aux élections présidentielles». Le guide lui a répondu «c'est très bien, on va vous encourager». Mouammar Kadhafi ajouté que c’est une bonne chose que «d’avoir un frère, un ami, à la tête de la France»".
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Il ne sera pas immédiatement question d'argent. C'est en 2006 affirme l'interprète que sera remis le document attestant d'un financement à hauteur de 50 millions d'euros. Un document qui existe bel et bien mais que la défense de l'ancien président considère comme un faux. Un récépissé de la transaction (qui, selon Moftah Missouri, n'aurait finalement été "que" de 20 millions d'euros) existe. Le chef comptable qui l'a émis est prisonnier en Libye sous la surveillance d'une milice.
Deuxième témoignage, celui de Delphine Minoui, journaliste au Figaro. En 2011, quelques jours avant le début des premières frappes sur Tripoli, elle interview le dirigeant libyen qui, sans surprise, exprime sa déception de voir que la France participe à l'opération militaire. "Il (Kadhafi, NDLR) me dit qu'il est « déçu par le président français », d'autant plus qu'il a « financé sa campagne électorale ». Je rebondis par rapport à cette déclaration à ce moment-là fracassante, en lui demandant des détails, et là il me répond par des commentaires assez vagues. Il m'explique qu'à l'époque de la campagne électorale, Sarkozy lui avait rendu visite, dans cette même caserne, et qu'à ce moment-là, Sarkozy lui aurait demandé de l'aider et que Kadhafi aurait tout de suite accepté, puisqu'il précise, et je le cite à nouveau, il n'a pas hésité puisqu'il y voyait un gain pour la Libye".
Delphine Minoui confirme également que le guide suprême a donné un ordre à un chef comptable. Elle explique avoir aussi échangé après la mort de Kadhafi (le 20 octobre 2011) avec l'ancien interpète. Et confirme que celui-ci tenait déjà le même discours: "Il m'envoie son numéro de téléphone, je l'appelle, et nous relançons la conversation sur cet entretien. Et là, Moftah Missouri me précise que le lendemain de l'interview, Kadhafi lui aurait précisé qu'il avait contribué à la campagne de Sarkozy à hauteur de vingt millions d'euros..."
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