Soupçons de détournements de fonds publics autour du Pass Culture

Lancé à grand renfort de communication en 2017, le Pass Culture cher à Macron se retrouve au cœur d’une affaire embarrassante depuis 2023. Après un rapport de la Cour des comptes, le Parquet national financier enquête sur des soupçons de favoritisme, de détournement de fonds publics et de recel. 

L’affaire implique un haut fonctionnaire influent, ancien président du CNC, devenu cadre chez TikTok, suspecté d’avoir favorisé sa propre société sous couvert de missions publiques. 

Comment une start-up d’État, censée promouvoir l’accès des jeunes à la culture, a-t-elle pu se transformer en nébuleuse administrative où les responsabilités se diluent ? Selon Le Monde, tout commence en 2017, lorsque le Pass est confié à une structure publique-privée aux contours flous, pilotée par des consultants au statut incertain. « Le pilotage du Pass Culture a été emblématique des dérives du recours extensif à des consultants extérieurs », déplore la Cour des comptes dans un rapport publié en 2023. Impossible, dit-elle, de reconstituer clairement qui a fait quoi. 

En ligne de mire, un haut fonctionnaire qui aurait été sous-traitant d’un prestataire... et donc potentiellement juge et partie. L'association Anticor a saisi le PNF pour approfondir l’enquête : « Le dossier est susceptible d’être alourdi », alerte sa déléguée générale Inès Bernard.

Pendant ce temps, les chiffres explosent. En 2024, le Pass a coûté 244 millions d’euros à l’État, dont 11,3 millions rien que pour les salaires de la structure gestionnaire (166 salariés), comme le rapporte The Epoch Times. Et tandis que les recettes privées devaient équilibrer le modèle, elles restent aux abonnés absents. Pire, le siège de la société a déménagé en 2023 dans un quartier huppé parisien, pour un loyer annuel de 1,2 million d’euros. Une stratégie difficile à justifier, alors que la Cour des comptes réclame une « remise à plat de la gouvernance ».

Bref, c’est une certaine idée de la culture publique qui prend encore un coup : pilotée à coups de consultants, déconnectée du terrain, toujours plus gourmande en argent public, sans résultats probants à la clé.