Taubira affirme quitter le gouvernement "sur un désaccord politique majeur"

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 27 janvier 2016 - 17:48
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Christiane Taubira dossiers élysée
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"Je choisis d'être fidèle à moi-même, à mes engagements, mes combats et à mon rapport aux autres. Fidèle à nous", s'est expliqué Christiane Taubira.
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Christiane Taubira a remis ce mercredi matin sa démission à François Hollande, qui l'a acceptée. La désormais ex-ministre de la Justice s'est expliquée en début d'après-midi face à la presse, invoquant un "désaccord politique majeur" sur la question de la réforme de la déchéance de nationalité.

La ministre démissionnaire de la Justice Christiane Taubira a déclaré ce mercredi 27, lors d'une conférence de presse, qu'elle quittait le gouvernement "sur un désaccord politique majeur" concernant la question de la réforme de la déchéance de nationalité.

Évoquant le "péril terroriste", elle a appelé à ne "concéder aucune victoire, ni militaire, ni diplomatique, ni politique, ni symbolique". "Je choisis d'être fidèle à moi-même, à mes engagements, mes combats et à mon rapport aux autres. Fidèle à nous, à tels que je nous comprends", a-t-elle ajouté.

La déchéance de nationalité aura eu raison de Christiane Taubira: la garde des Sceaux, devenue une icône de la gauche et une cible privilégiée de la droite et l'extrême-droite depuis 2012, a remis ce mercredi 27 sa démission à François Hollande, qui l'a acceptée. Mme Taubira a été remplacée par Jean-Jacques Urvoas, proche de Manuel Valls et président de la commission des Lois à l'Assemblée nationale.

S'il a "salué" le travail de Mme Taubira Place Vendôme depuis 2012, François Hollande a souligné, lors du Conseil des ministres, la nécessaire "cohérence dans l'action" et l'"éthique collective" au sein du gouvernement. Or, censée porter cette réforme décidée après les attentats du 13 novembre, Mme Taubira n'avait pas caché son opposition à l'extension de la déchéance de nationalité aux binationaux nés français. En décembre, elle avait même annoncé son abandon sur un média algérien, avant d'être désavouée par l'Elysée et Matignon.

"Parfois résister c'est rester, parfois résister c'est partir. Par fidélité à soi, à nous. Pour le dernier mot à l'éthique et au droit", a tweeté Mme Taubira peu après sa démission, décidée selon l'Elysée avant le départ de M. Hollande en Inde le week-end dernier.

Une cascade de réactions a accompagné la démission de Christiane Taubira, devenue une figure de la gauche depuis la réforme du mariage homosexuel mais également une des cibles favorites de la droite et l'extrême-droite, et objet aussi parfois d'attaques racistes.

L'ex-députée de Guyane s'est dite "fière" de son action Place Vendôme depuis 2012. "La Justice a gagné en solidité et en vitalité. Comme celles et ceux qui s'y dévouent chaque jour, je la rêve invaincue", écrit-elle.

Marine Le Pen, présidente du Front national, a salué "un soulagement" et "une bonne nouvelle pour la France". Pour Guillaume Larrivé (Les Républicains), Mme Taubira a été "la pire ministre de la Justice de la Ve République". "Pour une fois, je n'avais pas demandé sa démission", a ironisé Jean-François Copé (LR) sur Twitter.

A gauche, Benoît Hamon, ancien ministre PS et proche de Mme Taubira, a exprimé son "respect pour les convictions" de l'ex-ministre. Jean-Christophe Cambadélis lui a adressé ses "amitiés" au nom de "combats communs" tandis que pour le frondeur Laurent Baumel, "François Hollande aura fracturé la gauche d'un bout à l'autre". Cécile Duflot (EELV) a elle "salué chaleureusement la décision de courage et de conviction" de Mme Taubira.

Nombre d'élus s'alarmaient, à un an et demi de l'élection présidentielle, du "rétrécissement" de la majorité de François Hollande, après les départs en 2014 de Cécile Duflot, puis Arnaud Montebourg, Aurélie Filippetti et Benoît Hamon.

Député du Finistère, Jean-Jacques Urvoas est un spécialiste des questions de sécurité. Il avait notamment été le rapporteur de la loi sur le renseignement en 2015. Il "portera, aux côtés du Premier ministre, la révision constitutionnelle et préparera le projet de loi renforçant la lutte contre le crime organisé et la réforme de la procédure pénale", indique l'Elysée.

 

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