Valls l'ambitieux veut moderniser la gauche

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 05 décembre 2016 - 11:20
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Manuel Valls.
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©Lilian Auffret/Sipa
Manuel Valls doit annoncer sa candidature à la présidentielle ce lundi soir, à 18h30.
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L'actuel Premier ministre devrait annoncer ce lundi soir sa candidature à la présidentielle 2017. Portrait d'un homme politique qui veut s'imposer et rassembler une gauche désunie.

Manuel Valls, 54 ans, qui se lance ce lundi 5 décembre dans la bataille présidentielle, est un briseur de tabous à gauche mais cet ambitieux au tempérament sanguin, avec son discours pro-entreprises et sa défense d'une laïcité stricte, crispe une partie de son camp.

Né Espagnol le 13 août 1962 et naturalisé Français à 20 ans, cet inconditionnel du FC Barcelone se prépare activement depuis quelques semaines à entrer dans la course à l'Elysée. Au prix d'un intense bras de fer avec un président François Hollande à qui il avait longtemps juré de sa "loyauté".

Mais il rêve ouvertement depuis des années de la plus haute fonction. Pour celui qui croyait longtemps devoir attendre l'échéance de 2022, la voie est désormais ouverte après le renoncement du chef de l'Etat à se représenter.

Iconoclaste à gauche - en 2007, il voulait déjà changer le nom du parti "socialiste", jugé dépassé - Manuel Valls, 54 ans, a modéré son discours récemment. Lui qui décrivait "deux gauches irréconciliables", lançait un "j'aime l'entreprise" devant le patronat ou approuvait l'interdiction du burkini par des maires de droite, appelle désormais son camp à se "rassembler". Un impératif pour emporter la primaire du PS, en janvier.

Avant la première primaire ouverte de la gauche il y a cinq ans, dont il fut éliminé avec un modeste 5,63%, l'élu d'Evry, banlieue parisienne populaire et métissée, affichait déjà ses ambitions: pas question d'observer "la loge présidentielle depuis l'orchestre dans lequel je suis supposé devoir me tenir en attendant mon tour".

En 2012, celui qui a longtemps poussé seul pour que la gauche fasse sa révolution sécuritaire, hérite du ministère de l'Intérieur, à la faveur d'un rapide rapprochement avec Hollande pendant la campagne. A ce poste, il renforce son style martial et son image d'homme à poigne, gagnant en popularité - parfois plus à droite qu'à gauche.

Son hyperactivité, sa communication très cadrée, son ambition assumée lui valent d'ailleurs d'être comparé à Nicolas Sarkozy, ce qui a le don d'agacer cet homme tempétueux mais pas rancunier.

Son regard souvent dur, ses réparties sèches et sa moue fréquente lui confèrent l'image d'un homme crispé. "Valls, c'est la gauche à coups de menton", ironise un proche de Martine Aubry.

Après la débâcle des municipales, il parvient à s'emparer de Matignon en avril 2014, en évinçant le discret Jean-Marc Ayrault. "Un chef doit savoir cheffer, alors je cheffe!", dira Manuel Valls peu après.

A son arrivée, les écologistes claquent la porte, dénonçant entre autres ses propos sur les Roms. Lui n'a cure de déplaire et applique fidèlement la nouvelle ligne "pro-business" du président Hollande (réduction de taxes pour les entreprises, réforme du droit du travail...)

Un rétrécissement de la majorité qui se poursuivra au fil de ses deux années à Matignon: exit les ministres Arnaud Montebourg et Benoît Hamon à la rentrée 2014. Ses deux futurs adversaires à la primaire... Adieu Christiane Taubira, choquée par le projet -finalement abandonné- de déchéance de nationalité pour les crimes terroristes. Au revoir aussi Emmanuel Macron, ex-chouchou du président parti en solo "en marche" vers l'Elysée à la rentrée 2016, sur un créneau empiétant dangereusement sur les plates-bandes vallsistes.

Sa majorité, fragilisée par les frondeurs, doit s'appuyer deux fois sur le controversé 49-3 pour faire passer la loi Macron puis la loi Travail, qui engendre un long conflit social et d'importantes manifestations. Les élections intermédiaires du PS alternent entre défaites et déroutes, dans un pays bouleversé par les attentats terroristes, qui marquent profondément un Manuel Valls, père de quatre enfants, qui confie "mal dormir".

Né à Barcelone d'une mère suisse italienne et d'un artiste peintre catalan, il a passé toute sa vie d'adulte dans le monde politique.

Après de brèves études d'histoire, il devient assistant parlementaire à 23 ans, puis travaille pour le Premier ministre réformateur Michel Rocard (1988-91) puis pour un autre locataire de Matignon, Lionel Jospin (1997-2001).

Il s'offre un ancrage à Evry (Essonne), dont il est élu maire en 2001, puis député. Il assiste de près, médusé, à la déroute présidentielle de Jospin en 2002, ce qui explique aujourd'hui largement sa volonté de ne pas cumuler candidature et Matignon.
 

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