Xavier Bertrand fustige "la politique nationale qui ne pense qu'à son nombril"

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La rédaction de FranceSoir.fr
Publié le 08 décembre 2015 - 10:38
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Xavier Bertrand.
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"On a été infoutus de sortir des gens du chômage et de l'insécurité et on va leur dire ce qu'ils doivent faire dans l'isoloir?", interroge Xavier Bertrand sur les consignes de vote.
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Au lendemain de l'appel de Manuel Valls à voter pour lui pour faire barrage au FN, le candidat LR aux régionales en Nord-Pas-de-Calais-Picardie Xavier Bertrand était ce mardi l'invité de RMC et BFMTV. Il a durement dénoncé la cuisine politicienne nationale qui conduit au vote FN, se posant en élu de terrain loin des carriéristes de la politique.

L'appel de Manuel Valls à voter pour lui

"Je le prends pour ce que cela représente pour un homme de gauche. C'est difficile d'appeler à voter pour un homme de droite. C'est pareil pour les électeurs qui ont pu combattre ma personne et aujourd'hui se disent que pour l'avenir de la région, il vaut mieux moi que Marine Le Pen".

"Si je suis élu dimanche, même si ce sera très serré, (...) je saurai pertinemment qu'on ne pourra pas donner le sentiment que c'est une élection comme les autres".

 

La défiance des Français à l'égard de la classe politique traditionnelle

"La politique est en train de griller ses dernières cartouches. On ne peut pas dire +nous avons bien compris le message+ et ensuite faire comme avant. En 2002 tout le monde a dit avoir compris et rien ou si peu n'a changé".

"Sur mon front c'est marqué +politique+. Je suis maire à St-Quentin, ce n'est pas le 16e arrondissement de Paris. Je ne suis pas un +diseu+ je suis un +faiseu+, mais parce que j'ai été ministre, que je suis député, les gens ne me croient pas".

"J'ai entendu des gens me dire +on ne travaille pas donc on n'y arrive pas+  mais aussi +on travaille et on n'y arrive plus+. Je ne suis pas à dire +je comprends vos problèmes+, mais à apporter des solutions. Je propose une aide à la garde d'enfants pour les femmes qui travaillent. On m'a dit que c'était symbolique mais 20 euros par mois ça peut faire une différence."

 

Serait-il prêt dans la situation inverse à appeler à voter pour la gauche?

"Je suis l'ennemi numéro-1 du FN depuis des années. Mon histoire est l'exact contraire de celle de Mme Le Pen. C'est pourquoi elle me déteste autant et pourquoi je suis victime des sales méthodes de Mme Le Pen".

"J'aurais tout fait (à la place de Manuel Valls, NDLR) pour rassembler ma famille politique, pour rassembler une gauche historiquement très forte dans la région".

"Le jour où je serai placé dans cette situation, je ne me déroberai pas".

 

Pourquoi  n'y aura-t-il pas de leader nationaux présents pour le soutenir en campagne?

"Parce que je ne supporte plus la politique nationale qui ne pense qu'à son nombril. Au bureau politique tout le monde était à fourbir ses armes".

"On a été infoutus de sortir des gens du chômage et de l'insécurité et on va leur dire ce qu'ils doivent faire dans l'isoloir"?

"Tout le monde connait mes idées, mais cette campagne je l'ai voulue locale. Et comme dans mes meetings il n'y a pas beaucoup de caméras, ça les (le leaders nationaux)  intéressait moins. C'est l'échec d'une politique qui veut plaire dans les salons parisiens".

"Je pense qu'on peut débloquer les choses par le bas et les seuls à qui j'aurai des compte à rendre sont les 6 millions d'habitants de la région".

 

Sera-t-il candidat à la primaire de 2016 pour autant?

"Je répondrai à cette question après l'élection. Je veux me consacrer à la région. Dès janvier je me consacrerai à un plan en trois parties pour l'emploi, la sécurisation de la région (...) et le développement des atouts de la région. Je ne courrai pas les estrades".

"Se consacrer à la primaire c'est aussi un moyen de faire entendre la voix de la région. Je me pose cette question, vus l'ampleur de la tache, l'état de la politique. Je n'en suis plus certain. La seule fois ou la région a pu vraiment se développer c'est avec Pierre Mauroy qui avait l'encrage régional et une dimension nationale".

 

Comment convaincre les électeurs?

"Les consignes d'état-major je m'en fiche à un point que ne pouvez pas imaginer. Aucune consigne nationale ne m'intéresse. Je démissionnerai de mes fonctions de député, je ne resterai que conseiller municipal de St-Quentin. Je rendrai des comptes aux habitants, pas aux états majors".

"Ceux qui nous regardent se foutent de mon discours mais si au lendemain de l'élection je fait, il se diront +tient, celui-là agit+ . J'ai un projet pour la région sur le travail qui n'est pas une valeur de droite ou de gauche. La politique n'a jamais été aussi concrète que ce que je viens de vous dire".

"Ce n'est pas parce que la configuration est différente au second tour que je vais devenir un candidat caméléon. Je ne renie rien de ce que j'ai dit".

 

L'importance du vote FN au premier tour

"Tous les reproches que font les électeurs à la politique sont ceux qu'ils devraient faire au FN qui symbolise ce qu'ils n'aiment pas dans la politique: une famille qui vit de la politique, des cumulards, des technocrates. Mais le rejet de la politique traditionnelle est plus fort que tout. Certains ont fait passer un message de colère au premier tour mais ne veulent pas que le FN dirige la région".

"L'image d'ouverture chaleureuse de la région n'est pas compatible avec le FN".

"Si j'étais un politicien carriériste, je ne serais pas candidat à la région. Six électeurs sur 10 au premier tour n'ont pas voulu de MLP au Premier tour. Elle n'est pas majoritaire".

 

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