Le Royaume-Uni face aux nouveaux pouvoirs de l’OMS : souveraineté en jeu et implications mondiales


Le 20 avril 2025, The Telegraph publie un article intitulé « Le Royaume-Uni dans la course pour se retirer des pouvoirs de confinement conféré à l'OMS », révélant une controverse majeure au Royaume-Uni concernant les nouvelles réglementations sanitaires internationales (IHR) de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Ces amendements, adoptés en 2024 pour renforcer la coordination mondiale face aux pandémies, suscitent l’opposition d’un groupe de 14 parlementaires britanniques, dont Suella Braverman, ancienne ministre de l’Intérieur. Ils exhortent le gouvernement à se retirer de ces réglementations avant la date limite du 19 juillet 2025, arguant qu’elles menacent la souveraineté nationale. Un débat important qui a provoqué des réactions immédiates et des implications, notamment pour les autres pays membres comme les États-Unis et la France.
Une menace perçue pour la souveraineté britannique
Les IHR, élaborées après la pandémie de Covid-19, obligent les États membres à « soutenir les activités de réponse coordonnées par l’OMS », ce que les critiques interprètent comme une possible obligation de suivre des recommandations, telles que des confinements, en cas de future crise sanitaire. Dans une lettre adressée au Foreign Office, les parlementaires, incluant des conservateurs comme Danny Kruger, Sir Iain Duncan Smith, Esther McVey, Jack Rankin, ainsi que Graham Stringer (Labour), Sammy Wilson (DUP), Rupert Lowe (ex-Reform UK) et Lord Frost, demandent au Royaume-Uni d’exercer son droit de retrait. Ils estiment qu’accepter ces réglementations avant la fin de l’enquête publique britannique sur la gestion de la pandémie serait « prématuré » et soulignent des « doutes sérieux » sur leur légalité, suggérant une possible violation du droit international.
Suella Braverman, dans un article publié dans The Telegraph, va plus loin, qualifiant les IHR de « menace la plus sérieuse pour la souveraineté nationale depuis une génération ». Elle compare l’OMS à l’Union européenne, dénonçant une organisation non élue qui pourrait influencer des décisions locales, comme l’accès aux écoles ou la liberté de mouvement des citoyens. Braverman critique également l’OMS pour sa gestion de la pandémie, notamment son enquête sur les origines de la covid-19, marquée par des pressions chinoises pour écarter l’hypothèse d’une fuite de laboratoire à Wuhan. Elle accuse l’organisation d’être « capturée politiquement, idéologiquement et financièrement », notamment par la Chine et l’industrie pharmaceutique, citant l’explosion des revenus de Pfizer (de 41 milliards de dollars en 2020 à plus de 100 milliards en 2022) grâce aux vaccins.
L’OMS, de son côté, défend les IHR, affirmant qu’elle n’a pas le pouvoir d’imposer des mesures aux États souverains. Un porte-parole explique que les recommandations sont élaborées par des experts internationaux et visent à limiter la propagation des maladies tout en préservant le commerce et les voyages. L’organisation insiste avoir respecté toutes les exigences légales lors de l’adoption des amendements, y compris en consultant le gouvernement britannique. Ce dernier, prudent, indique qu’aucune décision n’a été prise. Le ministère de la Santé et des Soins sociaux analyse les implications des IHR, en concertation avec les administrations décentralisées et les territoires d’outre-mer, pour déterminer ce qui est dans « l’intérêt national ».
Réactions au Royaume-Uni : un écho du Brexit
L’article a suscité des réactions polarisées, ravivant les tensions post-Brexit sur la souveraineté. Sur X, Mike Fairclough, un utilisateur influent, soutient le retrait de l’OMS, déclarant : « Le Royaume-Uni doit protéger sa souveraineté à tout prix. L’OMS a montré son incapacité à agir de manière indépendante pendant la pandémie ». Ce sentiment est partagé par le groupe UsForThem, qui s’était opposé aux fermetures d’écoles pendant la pandémie. Sa fondatrice, Molly Kingsley, argue que l’OMS, affaiblie par le retrait des États-Unis, n’est plus une organisation globalement représentative, rendant l’engagement britannique « inutile et malavisé ». Ces réactions reflètent une méfiance envers les institutions internationales, un thème central du Brexit, où les Britanniques ont rejeté les décisions prises par des entités non élues. Cet article intervient quelques jours après les révélations d’un document important en Australie sur les biais décisionnels pour les confinements.
Cependant, certains commentateurs appellent à la nuance, soulignant l’importance de la coopération internationale face aux crises sanitaires. Le gouvernement, en évitant une prise de position ferme, semble chercher un équilibre entre ces pressions et les bénéfices d’une coordination mondiale.
Le retrait des États-Unis : un coup dur pour l’OMS
Les États-Unis ont déjà quitté l’OMS en 2025, dès les premiers jours du second mandat de Donald Trump, marquant un tournant majeur. Cette décision, justifiée par un décret exécutif, repose sur le « mauvais bilan » de l’OMS pendant la pandémie, son incapacité à se réformer et son manque d’indépendance face à des influences politiques, notamment chinoises. Ce retrait aggrave la crise financière de l’OMS, déjà dépendante à 83 % de financements privés en 2020. La perte des contributions américaines, combinée à la méfiance croissante d’autres nations, comme l’Argentine qui envisage également de quitter l’OMS, fragilise l’organisation. Ce précédent renforce les arguments des opposants britanniques, qui y voient une opportunité de repenser la coopération sanitaire mondiale avec des alliés démocratiques comme le Canada ou l’Australie, tout en préservant la souveraineté nationale.
Conséquences pour la France : un dilemme stratégique
En France, le débat britannique est suivi avec intérêt, car il soulève des questions cruciales sur l’avenir de la coopération sanitaire internationale. La France, membre actif de l’OMS, a toujours privilégié une approche multilatérale, mais les critiques sur la gestion de l’organisation, combinées à son affaiblissement financier, pourraient pousser Paris à réévaluer sa position. Le retrait des États-Unis place l’OMS « au bord du gouffre financier », obligeant des pays comme la France à considérer compenser la perte ou à réduire leur engagement. Cela accroîtrait la pression sur le budget français, déjà sollicité pour d’autres priorités. En outre, selon un sondage récent, les Français sont quasi unanimes (96 %) à demander que le gouvernement réduise ses dépenses afin de réduire les déficits budgétaires.
Par ailleurs, un affaiblissement de l’OMS pourrait compliquer la gestion de futures crises sanitaires, obligeant la France à renforcer ses capacités nationales ou à s’appuyer davantage sur des alliances régionales, comme l’Union européenne. Pendant la pandémie, la France avait adopté des mesures spécifiques, comme des confinements stricts, démontrant une certaine autonomie. Ces confinements se sont révélés inefficaces dans la gestion de la pandémie comme l’ont montré de nombreuses études et même néfastes si l’on en croit l’augmentation de problèmes de santé des Français.
Toutefois, un effondrement de la coordination mondiale pourrait nuire à la préparation collective, un risque que Paris devra peser face aux préoccupations croissantes sur la souveraineté.
Vers une redéfinition de la santé mondiale ?
Le débat au Royaume-Uni, amplifié par le retrait américain, illustre une crise de confiance envers l’OMS, accusée de partialité et de manque de transparence. Braverman propose une réforme radicale de l’organisation, voire la création d’une nouvelle coalition sanitaire avec des démocraties respectueuses de la souveraineté. Alors que des pays comme l’Argentine suivent la voie des États-Unis, l’avenir de la coopération sanitaire mondiale reste incertain. Rappelons en outre que l'OMS est à l'origine du refus d'autorisation pour l'ivermectine comme un traitement contre la covid-19 alors que de nombreuses études avaient montré son efficacité.
Pour le Royaume-Uni, la France et d’autres nations, la question est de savoir comment concilier autonomie nationale et coordination internationale face aux menaces sanitaires globales ainsi que la non-transparence et les partis pris dans nombre de décisions qui ont un impact sur la santé des populations. Ce débat, loin d’être résolu, promet de redessiner les contours de la gouvernance mondiale de la santé.
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