Assomption : les cloches des églises ont sonné en soutien aux chrétiens d'Orient
Les cloches ont sonné à l’unisson à midi en ce samedi 15 août à Notre-Dame de Paris et dans de nombreuses églises de France et du monde entier en soutien aux chrétiens d’Orient persécutés par l’Etat islamique. Au total, plus de 70 diocèses en France ont participé à cette opération, engagée par Anne de Ladoucette, une laïque de Toulouse, et relayée dans un message vidéo par l’archevêque de Lyon, Mgr Philippe Barbarin, et Mgr Jeanbart, archevêque d'Alep, en Syrie.
"Ce son des cloches, le 15 août, à midi, dans toutes les églises et tous les sanctuaires de notre pays, serait un beau rappel à la prière, à l'amitié, à la fraternité, au soutien de toutes nos communautés à ces frères qui nous sont très chers depuis des siècles et des siècles", a ainsi assuré Mgr Barbarin dans cette vidéo postée en début de semaine sur le site du diocèse de Lyon. "Que vous sonniez les cloches, en France, ce jour-là, donnera un signe à vos frères, aux chrétiens en Orient, que vous ne les oubliez pas et que vous voulez les aider", a quant à lui ajouté Mgr Jean-Clément Jeanbart. Et, afin de promouvoir un maximum l’opération, un mot-dièse, #ChristianBells, a été créé sur Twitter.
Le jour du 15 août n’a pas été choisi par hasard pusqu'il marque non seulement la fête de l'Assomption pour les catholiques (jour où Marie, la mère du Christ, monte au ciel), mais également le premier anniversaire (avec quelques jours de retard) de la date à laquelle des milliers de chrétiens d’Irak ont dû fuir la plaine de Ninive, après la chute de Mossoul en juin, puis la prise de Qaraqosh et de l'ensemble de la plaine de Ninive par les djihadistes de l'Etat islamique.
Aussi, en ce 15 août, l’Eglise catholique souhaite placer ces réfugiés sous la protection de la Vierge. "Les Orientaux entretiennent souvent une forte dévotion à Marie", a expliqué Monseigneur Jean-Pierre Cattenoz, archevêque d'Avignon, au Figaro. "Le 15 août, c'est la principale fête religieuse en France, et la Vierge Marie est considérée comme la patronne de la France", a ajouté Marc Fromager, directeur d'Aide à l'Église en détresse, association qui vient en aide notamment aux chrétiens d'Irak et de Syrie. "Certes, cela ne va pas améliorer matériellement leur sort, mais la moindre manifestation de sympathie les touche. Si cela prenait un tour national, ce serait un symbole fort", espérait-il la semaine dernière.
Et son vœu a été exaucé puisque l’opération a connu un engouement qui a dépassé et les frontières géographiques et les frontières religieuses. En effet, elle a été soutenue par plusieurs églises protestantes, qui ont organisé diverses manifestations, notamment à Reims ou dans le Marais à Paris, et par 59 diocèses de 16 pays différents (Belgique, au Luxembourg, Irlande, Pays-Bas, Espagne, Autriche, Canada, Algérie, etc.).
Les politiques, surtout de droite, ont également été très nombreux à réagir à cette opération sur Twitter. "Que les cloches de nos églises retentissent demain pour les Chrétiens d'Orient est un beau message de solidarité et d'espoir", a écrit vendredi 14 l'ancien Premier ministre François Fillon, particulièrement engagé dans cette cause puisqu'il avait organisé en juin un "grand rassemblement de soutien aux chrétiens d'Orient".
"En ce jour où les cloches des églises de France résonnent, notre engagement en faveur #ChretiensDOrient ne doit pas faiblir", a quant à lui affirmé l’ancien président Nicolas Sarkozy. "En ce samedi de L'Assomption, mobilisons le monde entier pour La Défense des #ChretiensDOrient et des minorités persécutées par #Daesh", a également twitté Valérie Pécresse.
Dans une tribune parue dans Le Figaro, Eric Ciotti et Bruno Retailleau réclament d’ailleurs la formation d'"une nouvelle coalition" militaire, incluant la Russie et l'Iran, pour lutter contre les forces de l’Etat islamique en Syrie et en Irak, et venir en aide aux chrétiens d'Orient. "Si nous ne parvenons pas dans les mois et les années qui viennent à stopper la contagion du virus islamiste (...) c'est la présence même des chrétiens en Orient qui sera remise en cause", écrivent-ils.
Il faut, selon eux, "déclarer l'état d'urgence pour les chrétiens d'Orient" et le gouvernement français "semble l'avoir enfin compris avec l'organisation de cette conférence internationale le 8 septembre prochain à Paris, et nous nous en félicitons. Une conférence que nous demandions notamment avec François Fillon depuis plus d'un an, depuis les premiers massacres de masse organisés par l'Etat islamique en Irak et le début de l'exode massif des populations chrétiennes, dans des conditions souvent indescriptibles qui malheureusement perdurent encore aujourd'hui".
Le Front national a également fait part de son soutien sur Twitter. "En ce 15 août nos pensées vont aux chrétiens d'orient persécutés par les fondamentalistes islamistes. MLP", a en effet assuré Marine Le Pen tandis que Florian Filippot écrivait: "puissent les cloches qui sonnent mobiliser les consciences pour sauver les chrétiens d'orient du génocide".
Si la Coordination des chrétiens d’Orient en danger (CHREDO) s’est félicité de l’initiative de ce samedi, elle a toutefois appelé à une mobilisation plus concrète. "La CHREDO apprécie ces initiatives mais demande qu'elles soient suivies par des actes concrets pour leur retour à leurs pays et leurs maisons, et le maintien des chrétiens d'Orient dans leurs pays d'origine", a ainsi écrit la coordination dans un communiqué paru vendredi 14.
Depuis le déclenchement de la guerre civile en Syrie en 2011, au moins 300.000 chrétiens ont dû fuir le pays, tandis qu'en Irak il n'en reste aujourd'hui qu'environ 400.000, contre 1,4 million en 1987.
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