Attaque chimique dans la Ghouta : au moins 60 morts et plus de 1.000 blessés
Le bilan pourrait continuer à s'alourdir après le double bombardement qui a visé samedi 7 la population civile de Douma en Syrie, située dans la dernière poche encore aux mains de rebelles dans la Ghouta orientale. Selon l'ONG l'Union des organisations de secours et soins médicaux France (UOSSM), plus de 60 personnes, dont beaucoup d'enfants, sont mortes et 1.000 autres blessées.
"Le bilan de cette attaque continue de s’aggraver. Les derniers rapports indiquent qu'au moins 60 personnes ont été tuées et que plus de 1.000 civils ont été blessés. Beaucoup de ces victimes sont des enfants", a fait savoir l'UOSSM. Et d'ajouter: "Les chiffres ne cessent d’augmenter alors que les secours peinent à accéder aux souterrains dans lesquels le gaz s’est insinué et où des centaines de familles avaient trouvé refuge".
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Les victimes de ce bombardement portent les stigmates caractéristiques d'une frappe au gaz de combat, faisant supposer l'utilisation d'armes chimiques par le régime de Bachar al-Assad. Le docteur Raphaël Pitti, médecin-humanitaire, responsable formation à l'UOSSM France, a précisé qu'au vu des vidéos envoyées par leurs médecins sur place, les patients semblent présenter des convulsions plus typiques du sarin. Il ajoute: "Tout laisse penser que lors de la deuxième attaque, le chlore a été utilisé".
Selon cet expert, une substance mortelle encore non-déterminée a été ajoutée au chlore. Les auteurs de l'attaque auraient voulu "camoufler l'utilisation du sarin" derrière le chlore ou "accroître la létalité du chlore" avec l'ajout d'une autre substance. "Le sarin entraîne un rétrécissement des pupilles mais ce n'est pas un produit qui brûle la peau. Sur les images, le caustique utilisé, chlore ou autre produit à haute concentration, a entraîné une brûlure des cornées. De ce fait, on ne peut pas faire le diagnostic de myosis qui signe éventuellement l'utilisation du sarin", a souligné le docteur Raphaël Pitti.
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Selon Moscou, principal allié du régime de Damas, "aucune trace de substance chimique" n’a été retrouvée à Douma en Syrie. "Nos spécialistes militaires se sont déjà rendus sur place (…) Ils n’ont découvert aucune trace de chlore ou d’une quelconque substance chimique utilisée contre les civils", a déclaré Sergueï Lavrov, le ministre de la Défense russe.
Cette attaque survient presqu'un an jour pour jour après l'attaque au gaz sarin, également attribuée au régime de Damas, qui avait eu lieu le 4 avril 2017 sur Khan Cheikhoun, tuant 89 personnes, dont 33 enfants et 18 femmes, et qui a fait plus de 400 blessés.
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Le président Donald Trump a promis dimanche de faire payer "le prix fort" au régime de Bachar al-Assad pour le bombardement chimique qui a fait plusieurs dizaines de morts samedi soir à Douma. Le président américain et son homologue français Emmanuel Macron ont promis également dimanche une "réponse forte et commune". Sous l’impulsion de la France, neuf pays ont demandé une réunion urgente ce lundi à 19h du Conseil de sécurité de l’ONU.
En mai dernier, lors d'une visite officiel de Vladimir Poutine en France, Emmanuel Macron avait mis en garde le régime de Bachar al-Assad contre une nouvelle utilisation d'armes chimiques après la tragique frappe contre le village de Khan Cheikhoum. "J'ai indiqué qu'une ligne rouge très claire existe de notre côté: l'utilisation d'une arme chimique par qui que ce soit fera l'objet de représailles et d'une riposte immédiate de la part des Français", avait alors menacé le président de la République.
Pour l'heure, seul Donald Trump a riposté lorsque le régime de Damas a gazé son propre peuple dans une guerre qui dure désormais depuis 7 ans et qui a coûté la vie à plus de 400.000 personnes.
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