Coup de tonnerre à Downing Street : Boris Johnson annonce sa démission

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FranceSoir
Publié le 07 juillet 2022 - 16:25
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Coup de tonnerre pour le cabinet Johnson
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Justin Tallis / AFP
Ce n'est qu'un au revoir...
Justin Tallis / AFP

Coup de massue au Parlement britannique. Durant des semaines, Boris Johnson a tenté le tout pour le tout pour sa survie politique, tandis que deux de ses ministres ont annoncé leur démission simultanée ce mardi 5 juillet. Mais entre les scandales à répétition et les démissions en cascade des Tories, l'orage gronde à Downing Street. Lors d’une déclaration, ce jeudi 7 juillet, le Premier ministre a annoncé sa démission de la tête du parti conservateur. Il restera en poste jusqu'à l'automne, mais après cela, le prochain chef du parti représentera le futur Premier ministre britannique.

Déclaration de Boris Johnson : bye bye les Tories

"Il est clair maintenant que la volonté du parti conservateur parlementaire est qu'il y ait un nouveau leader de ce parti, et donc un nouveau PM", a concédé ce 7 juillet, Boris Johnson, le chef de l'État britannique. 

Le cabinet Johnson est mal en point. Poussé vers la porte de sortie après des semaines compliquées entre les démissions et les scandales au sein des Tories, le Premier ministre s'apprête à quitter la tête du parti conservateur, et de facto son cabinet. En effet, durant deux jours, environ cinquante membres du gouvernement ont démissionné. S'il s'est accroché comme une moule à son rocher, Boris Johnson s'est pourtant pris la vague depuis son propre camp.

"Le Premier ministre va faire une déclaration à la nation aujourd'hui", a indiqué Downing Street à l'agence PA Media. La tension est à son comble, pendant que les scandales à répétition au sein de son propre camp ont fragilisé son autorité politique. Pour autant, s'il quitte les Tories, il pourrait rester Premier ministre jusqu'à l'automne, "le temps qu’un nouveau leader soit élu parmi les conservateurs", selon 20 minutes.

Ceci manifeste la pression insoutenable de deux journées riches en rebondissement, dans lequel deux ministres importants ont annoncé leur démission dans une lettre adressée à Boris Johnson, cumulé à des départs en cascade.

Départ des ministres de la Santé et des Finances : les gouttes d'eau qui font déborder le vase

Ce mardi 5 juillet, les démissions simultanées et inattendues du ministre de la Santé, Sajid Javid, et du ministre des Finances, Rishi Sunak, ont à nouveau entaché le mandat de Boris Johnson. Dans une lettre adressée au chef de l’État britannique, les deux ex-ministres ont avancé les mêmes arguments. Sajid Javid a déclaré : "Il est clair que cette situation ne va pas évoluer sous votre leadership, et vous avez donc perdu ma confiance".

De son côté, Rishi Sunak, le ministre des Finances, a convenu que "le public attend légitimement que le gouvernement soit conduit de manière compétente et sérieuse"

C’est un coup dur pour le chef de l’État britannique, car les deux démissionnaires pourraient bien avoir des raisons plus profondes qu’un simple désaccord avec leur leader. D’après Le Point, "le chancelier de l'Échiquier ne s'est jamais remis des révélations sur le statut d'exilé fiscal de son épouse richissime. Quant à Javid, il n'a pas réussi à sortir le service national de la santé de sa plus grave crise depuis sa fondation en 1945". Selon Le Figaro, le Premier ministre britannique a nommé le remplaçant de l’ex-Chancelier de l’Échiquier "Nadhim Zahawi, un Kurde né en Irak arrivé au Royaume-Uni sans parler un mot d'anglais".

Alors que la majorité conservatrice est au bord de l'implosion, cinq secrétaires d'État du cabinet Johnson viennent également de démissionner le 6 juillet, selon l'AFP. 

Vont-ils fêter cela autour d'un pot de départ, comme Boris Johnson l'a fait lors du Partygate ?

Partygate et autres scandales : Boris Johnson dans la tourmente

Contesté auprès de son propre parti, Boris Johnson a été mis sous le feu des projecteurs suite aux récentes révélations sur le scandale du Partygate. Photographié un verre à la main, tout sourire, fêtant son anniversaire le 19 juin 2020, alors que le monde entier était confiné, le chef de l’État britannique subit sa pire crise politique depuis son accession au pouvoir en 2019. Mais de quoi s'agit-il, au juste ? Plusieurs fêtes ont eu lieu à Downing Street, entre mai 2020 et avril 2021, pendant que les restrictions du gouvernement imposaient aux Britanniques de rester chez eux et d'éviter tout contact.

Hélas pour Boris Johnson, les révélations s’enchaînent. S’il pensait échapper à cette polémique, niant les faits, le ministre n’a pas eu d’autre choix que de présenter ses excuses auprès de la reine et devant la Chambre, le 12 janvier, comme le rapporte 20 minutes. Selon cette même source, deux enquêtes ont été lancées : l’une placée sous l’égide de Sue Gray, haute fonctionnaire en charge de la rédaction d’un rapport sur les dérives du Parlement, l’autre lancée par la police britannique.

Finalement, l’enquête administrative, rendue publique le 22 mai dernier, pointe la responsabilité du ministre. À ce sujet, Le Monde rapporte les propos de "BoJo" : "J’assume l’entière responsabilité de tout ce qui s’est passé sous ma direction".

Les scandales au sein des Tories

D'autre part, les détracteurs de Boris Johnson veulent qu’il soit écarté. Suite aux multiples et récents évènements, le scandale de trop a été "l’affaire Pincher". Un député conservateur (du même nom) chargé de la discipline parlementaire a été accusé d’avoir procédé à des attouchements sur deux hommes dans un club londonien au cours de la semaine passée. Encore des excuses de la part du chef de l’État, puisque celui-ci a avoué publiquement que cela avait été une erreur de le nommer au poste de "whip" en chef adjoint. Comme le confirme Le Figaro, les révélations ont dévoilé que le Premier ministre "avait été averti de semblables comportements de l’élu dans le passé".

Les scandales sexuels ont terni le mandat du parti conservateur. The Guardian a révélé l'implication de David Warburton, membre conservateur du Parlement, dans des affaires de harcèlement sexuel et de consommation de cocaïne. Celui-ci a été suspendu en avril 2022. Selon France Info, deux autres membres du Parlement ont démissionné. L'un en avril également, alors qu'il avait avoué avoir visionné des vidéos pornographiques à l'intérieur de la Chambre des Communes, un autre a été condamné en mai à 18 mois de prison pour l'agression sexuelle d'un adolescent de 15 ans.

Suite à ces nombreux scandales, le parti conservateur nage en eaux troubles…

Vote de défiance, défaite et démissions du parti conservateur 

Est-ce vraiment la fin du règne de Boris Johnson ? Le Premier ministre britannique s'est accroché tant bien que mal, alors qu’une situation similaire avait contraint Theresa May, ex-leader du Parti conservateur, à démissionner. Soumis à un vote de défiance à la suite de l’affaire du "Partygate", Boris Johnson est sorti vainqueur, quoiqu'affaibli, tandis que sur 359 députés conservateurs, 148 ont souhaité l’évincer.

Deux semaines après avoir survécu à un vote de défiance, l’autorité de Boris Johnson a de nouveau été fragilisée, suite à la défaite du parti lors des élections parlementaires le 24 juin. En effet, les "libéraux-démocrates centristes ont renversé la majorité conservatrice dans la circonscription de Tiverton et Honiton, tandis que les travaillistes ont remporté celle de Wakefield", relate Les Échos. C'est une défaite cuisante, car la circonscription est entre les mains des conservateurs depuis des décennies. Il est question de la "troisième défaite en un an pour les conservateurs". Après le Partygate, l’électorat semble prendre du recul avec les conservateurs en faveur des libéraux-démocrates.

Dans une lettre adressée à Boris Johnson, le président du parti conservateur, Oliver Dowden, avait également annoncé sa démission le 24 juin. Ces défaites font écho à "une série de très mauvais résultats pour le parti", ajoutant que les partisans sont "déçus".

En somme, l'impuissance des partis politiques est pointée du doigt par les peuples.

Aux États-Unis, le camp démocrate est affaibli sur les sujets de l'avortement et des armes. Qu'en sera-t-il lors des élections mid-terms américaines, alors que les démissions abondent dans le camp Biden ?

Du côté européen, entre l'abstention massive, les mouvements sociaux ou encore le blocage des centres de distributions par les agriculteurs… la colère gronde. Pour Éric Verhaeghe, ce qu'il faut aujourd'hui, c'est un "renouvellement complet des élites".

Voir aussi : "Ce qui tue ce pays, c'est l'entre-soi des élites" Éric Verhaeghe

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