Dans le bureau Ovale, Trump et Merz affichent leurs divergences sur l’Ukraine, le président américain l’assimile au régime nazi

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France-Soir
Publié le 09 juin 2025 - 10:00
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MICHAEL KAPPELER POOL AFP
Trump et Merz à la Maison Blanche
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Jeudi dernier, Donald Trump a reçu Friedrich Merz dans le bureau Ovale. Le premier et son administration tentent de mener à terme des négociations compliquées entre la Russie et l’Ukraine, le second, qui a pris ses fonctions comme chancelier le 6 mai dernier, insiste sur le réarmement de l’Allemagne, mais surtout le soutien à Kiev. Une rencontre sur fond de désaccords, aussi bien sur la question ukrainienne que sur celle des tarifs douaniers américains, qui aura été marquée par une déclaration risquée du président américain à l’égard du chancelier allemand et du passé nazi de son pays. 

Donald Trump a exprimé sa satisfaction vis-à-vis du réarmement de l’Allemagne. Peu avant sa nomination, le vainqueur des dernières législatives a réussi à obtenir le feu vert des partis politiques pour une réforme du "frein à l'endettement", une règle inscrite dans la Constitution allemande qui limite strictement le déficit budgétaire du gouvernement fédéral et des États. Les dépenses de défense dépassant 1 % du PIB seront ainsi exemptées de cette règle, offrant une marge de manœuvre budgétaire significative pour renforcer la Bundeswehr. 

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“Nous sommes en état de nous défendre. Il n’y aura plus aucune impasse financière pour défendre la paix et la liberté sur notre continent. L’Allemagne est de retour. Je suis très satisfait du compromis trouvé”, avait déclaré cet ancien président du conseil de surveillance de la filiale allemande de BlackRock.

“Je sais qu'à présent, vous dépensez davantage d'argent pour la défense, beaucoup plus d'argent, et c'est une bonne chose”, a commenté Donald Trump, qui réclamait sans cesse plus d'efforts de la part des alliés de l'Otan. Son invité a d’ailleurs promis de satisfaire d'ici début 2030 l'exigence américaine d'une augmentation des dépenses de défense et de sécurité des pays de l'Alliance, à 5 % de leur PIB.

Friedrich Merz a profité de cette rencontre pour offrir au président américain un exemplaire encadré du certificat de naissance de son grand-père, Frederick Trump, né en Allemagne à la fin des années 1860. 

Mais un sujet cristallise les désaccords entre les deux dirigeants et leurs approches. “Vous savez que nous avons apporté notre soutien à l'Ukraine et que nous cherchons à accroître la pression sur la Russie”, a déclaré le chancelier allemand. Ce dernier s’est toujours montré particulièrement engagé en faveur d’un soutien militaire accru à l’Ukraine et ce malgré des bataillons à l'image d'Azov, controversés pour leur idéologie nazie, face à l’invasion russe. Dès les débuts du conflit en 2022, il a adopté une position résolument pro-ukrainienne et anti-russe, exhortant le gouvernement de son prédécesseur, Olaf Scholz, à livrer des armes à Kiev.

Lorsqu’il était chef de l’opposition, Merz critiquait la réticence du gouvernement allemand à fournir des armes à longue portée, notamment les missiles de croisière Taurus, estimant que cela revenait à “forcer l’Ukraine à se battre avec une main attachée dans le dos”. Le mois dernier, il a fait deux annonces, la première portant sur une levée de restrictions de portées des missiles occidentaux livrés à Kiev et la seconde sur un projet de production de missiles longue portée. 

Mais face à lui, Donald Trump, qui mène depuis son retour des discussions entre Kiev et Moscou, ne répond pas à la demande à peine voilée de nouvelles sanctions américaines contre la Russie. Depuis son retour, il cherche surtout à réduire les aides américaines afin de réaliser des économies budgétaires, après un mandat démocrate juteux pour Volodymyr Zelensky.

“Ce n’était pas un bon jour pour vous”

Lors de leur rencontre, le président américain a surtout révélé quelques informations sur sa dernière discussion avec son homologue russe, Vladimir Poutine. Le milliardaire new-yorkais a affirmé avoir demandé au président russe de ne pas répondre à l’attaque de drones lancée par l’Ukraine le weekend dernier, peu avant les pourparlers à Istanbul. “J'ai dit : "Ne le faites pas. Vous ne devriez pas le faire. Vous devriez arrêter". Mais encore une fois, il y a beaucoup de haine”, a-t-il déclaré.

La rencontre a surtout retenu l’attention des médias pour une déclaration du locataire de la Maison Blanche à son invité. Ce dernier venait de lui rappeler que vendredi 6 juin se tient l'anniversaire du D-Day, le débarquement américain en Normandie qui a "mis fin à la guerre en Europe".  Donald Trump a répondu par une réponse pour le moins ironique. 

"Ce n'était pas un bon jour pour vous", a-t-il dit, liant ainsi Friedrich Merz au régime nazi. Le petit-fils d’un membre du parti fondé par Adolf Hitler a froidement répondu que “c'était la libération de [son] pays par la dictature nazie".

À l’opposé d’autres dirigeants accueillis sur le bureau Ovale, l’entretien entre Donald Trump, qui n’a pas évoqué la question de l’excédent commercial allemand, et Friedrich Merz s’est déroulé sans accrocs. "Notre alliance avec les États-Unis a été, est et restera d'une importance capitale pour la sécurité, la liberté et la prospérité en Europe", a écrit le chancelier allemand, qui a explicitement plaidé pour une indépendance de l’Union européenne en matière de défense après le retour de Donald Trump.

 

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