Déficit et prévision irréaliste : pourquoi Bruxelles rejette le budget italien


Pour Bruxelles, c'est "non". La Commission européenne a rejeté officiellement le projet de budget 2019 présenté par le gouvernement italien, et qui présentait un déficit budgétaire conséquent, certes dans les clous des critères de convergence européen mais en pleine flambée par rapport à l'année précédente.
L'autorité européenne a donné "un maximum de trois semaines pour apporter un budget révisé pour 2019".
Le budget présenté par le gouvernement de Giuseppe Conte prévoyait en effet un déficit de 2,4%, conformément au programme de la coalition entre les mouvements populistes de la Ligue (extrême droite) et de l'inclassable Mouvement 5 étoiles qui forment la coalition au pouvoir à Rome. A titre de comparaison, le gouvernement de centre gauche au pouvoir avant les élections de 2018 avait annoncé lui un budget avec un déficit de seulement 0,8%.
La Commission n'a donc guère apprécié ce changement de cap qui pourtant est en-dessous des 3% de déficit que le pays pourrait se permettre en accord avec les critères de Maastricht. Mais Bruxelles estime qu'avec une dette cumulée représentant 131% du PIB, Rome ne peut se permettre un tel revirement, même après un changement de gouvernement. De plus, plusieurs observateurs dont le Fonds monétaire international (FMI), estiment que les prévisions budgétaires sont faussées par des prévisions surévaluées de croissance: 1,5% pour 2019 selon le gouvernement, alors que les estimations tournent plutôt autour de 1%.
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C'est donc vers un bras de fer tendu que se dirige l'Italie face à l'Union européenne, avec le risque pour Rome de subir des sanctions financières de la part de Bruxelles pouvant représenter jusqu'à 0,2% de son PIB. Peu probable certes, mais le budget italien est l'occasion d'une opposition frontale entre le gouvernement de Giuseppe Conte et l'Europe, véritable épouvantail des populistes italiens lors de la campagne. Le tout à sept mois des élections européennes de 2019.
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