Discours sur l’état de l’Union : quel cap pour Jean-Claude Juncker ?

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La Maison de l'Europe de Paris, édité par la rédaction
Publié le 27 septembre 2017 - 11:56
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Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker au Parlement européen à Strasbourg, le
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© PATRICK HERTZOG / AFP/Archives
Président de la "Commission de la dernière chance", Jean-Claude Juncker s'est affiché
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La rentrée se poursuit. Le mercredi 13 septembre, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker a tenu son discours sur l’état de l’Union devant les eurodéputés réunis en plénière à Strasbourg.

Le discours sur l’état de l’Union 2017 intervient dans un contexte relativement apaisé par rapport à l’année précédente. Alors que 2016 voyait s’enchaîner le Brexit et l’élection du nouveau président américain et anti-européen Donald Trump, 2017 n’était et ne reste pas non plus sans enjeu. Le Brexit se poursuit avec le vote du "Repeal Bill" par les députés britanniques qui abroge la primauté du droit européen sur le droit britannique. Les nombreuses élections législatives et présidentielles, qui ont traversées le continent, ont aussi vu les partis populistes côtoyer les partis habituellement au centre du jeu.

Pour autant, 2017 a réussi à renouveler le sentiment européen avec les 60 ans des Traités de Rome. Cet anniversaire a été accueilli comme une relance pour l’Union européenne. De la même manière, le mouvement "Pulse of Europe", organisateur de manifestations pro-européennes à travers toute l’Europe, a démontré que le sentiment européen n’était pas mort.

Le président de la Commission a ainsi tenu un discours optimiste sur l’état de l’Union et dressé un cap ambitieux pour 2017/2018.

Il a notamment rendu hommage à l’Italie pour sa "persévérance et sa générosité (…) Parce que l'Italie sauve l'honneur de l'Europe en Méditerranée". Cette piqûre de rappel sur la solidarité nous évoque l’épisode récent entre Jean-Claude Juncker et Viktor Orban, le Premier ministre hongrois. Ce-dernier avait exigé de la Commission 400 millions d’euros pour rembourser sa politique de protection des frontières, comme la construction d’un mur anti-migrant. Jean-Claude Juncker avait alors rappelé au Hongrois que la solidarité n’était pas "un plat à la carte" mais une "route à deux voies".

Le discours sur l’état de l’Union a été l’occasion pour Jean-Claude Juncker de revenir sur son dernier outil de réflexion: le "Livre blanc sur L’avenir de l’Europe". L'édition 2017 propose cinq scénarios dont l’un d’entre eux, "L’Europe à plusieurs vitesses" est soutenu par le président français Emmanuel Macron. Ce-dernier a appelé à la mise en place d’un Parlement de la zone euro et d’un budget de la zone euro. Les propositions du président français ont été balayées par le président de la Commission qui se place comme le défenseur d’une Europe unie. Dans son discours le Luxembourgeois a incité les Etats-membres hors de la zone euro à adopter la monnaie commune. Il a également appelé la Roumanie, la Bulgarie et la Croatie à entrer dans l’espace Schengen. Autant d’invitations qui démontrent la volonté du président de la Commission européenne à relancer une Europe plus unie.

De la même manière, Jean-Claude Juncker a annoncé que les projets de mandat des négociations de la Commission devraient être publiés pour plus de transparence. Plus surprenant encore, il a proposé la fusion de la présidence du Conseil européen et de la Commission afin de permettre de finalement répondre à la question de l’ancien Secrétaire d’Etat des Etats-Unis, Henry Kissinger, "Who do I call if I want to speak to Europe?" ("Qui dois-je appeler si je veux parler à l’Europe?"). Cette vision pro-fédéraliste a fait l’objet de vives critiques notamment par le Premier ministre danois Lars Lokke Rasmussen qui a tweeté "Ne mélangeons pas les rôles et les compétences".

A la fin de son discours, Jean-Claude Juncker a enfin rallié Emmanuel Macron sur une de ses propositions lors de son discours à Athènes: l’organisation de conventions démocratiques pour les citoyens de l’UE. L’idée, encore floue, serait de mettre en place des "consultations citoyennes" pour une Europe plus démocratique.

Ainsi, le bilan de l’année écoulée semblerait favorable pour amorcer de nouvelles réformes. Mais, l’UE reste divisée entre le Brexit, le prochain référendum indépendantiste catalan et le virage que prennent la Pologne et la Hongrie dans leurs différentes politiques. Le président de la "Commission de la dernière chance" doit encore composer avec un climat tendu.

(Avec la contribution du Centre d’Information Europe Direct de la Maison de l’Europe de Paris)

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