Jérusalem: reconnaître la ville comme capitale d'Israël pourrait embraser le Proche-Orient


Donald Trump devrait reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël dans une intervention prévue ce mercredi 6 en soirée, rompant avec des décennies de diplomatie américaine et internationale. Une décision qui pourrait être lourde de conséquences en Israël et en Palestine ainsi que dans tout le Proche-Orient.
En transférant l'ambassade américain, actuellement situé à Tel Aviv, dans la ville sainte, le président américain espère contenter à la fois son électorat chrétien conservateur et le droite dure israélienne, actuellement au pouvoir dans le pays. En effet, de nombreux mouvements évangélistes, proche du mouvement sioniste, estiment que Jérusalem doit être la capitale de l'Etat hébreu. Ces derniers représentant une part importante des électeurs américain, Donald Trump souhaite, en respectant cette promesse de campagne, travailler dès maintenant à sa réélection en 2020.
L'Etat hébreu s'est emparé de Jérusalem-Est au cours de la guerre des Six-Jours en 1967 et l'a annexé dans la foulée. Une loi fondamentale israélienne a entériné en 1980 le statut de la ville comme capitale "éternelle et indivisible" d'Israël. Mais aucun autre Etat ne l'a reconnue comme telle pour l'instant.
Lire voir: Jérusalem comme capitale d'Israël: contexte et possibles retombées
La décision de Donald Trump pourrait raviver les tensions entre les pays arabes et Israël, compromettant définitivement l'établissement d'un processus de paix entre les Palestiniens et l'Etat hébreu. Les chancelleries européennes ont fait part de leurs inquiétudes à ce sujet au président américain.
Même les proches alliés arabes ont mis en garde Donald Trump contre cette dangereuse décision de transférer l'ambassade américaine à Jérusalem. Mardi 5, le roi Abdallah II de Jordanie, dont le pays est le gardien des lieux saints musulmans de la ville, a averti des "implications sérieuses qui mettront en péril les efforts pour reprendre le processus de paix et qui froisseront aussi bien les musulmans que les chrétiens".
Voir également: Trump informe le roi de Jordanie de son intention de transférer l'ambassade à Jérusalem
Au Caire, Abdel Fattah Al-Sissi a également conseillé au président américain de ne pas "compliquer" davantage la donne régionale. Le ministère des affaires étrangères saoudien affirme que cette décision "aura de très graves conséquences et constituerait une provocation pour tous les musulmans".
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a durci le ton de son côté en affirmant qu'il comptait rompre ses relations diplomatiques avec Israël, déjà particulièrement délétères, en cas de reconnaissance de Jérusalem comme capitale de l'Etat hébreu.
Sur le même sujet - Erdogan: Jérusalem est une "ligne rouge"
Le mouvement islamiste palestinien Hamas a d'ores et déjà appelé à une nouvelle Intifada si Donald Trump reconnaissait Jérusalem comme capitale d'Israël. De son côté, le secrétaire général de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) Saëb Erakat a prévenu que les Etats-Unis se "disqualifieraient" dans le rôle de médiateur. Les observateurs internationaux se raccrochent à la possibilité que seule la partie ouest de la ville puisse être reconnue comme capitale par les Etats-Unis, laissant ainsi la possibilité d'établir la capitale d'un hypothétique Etat palestinien à Jérusalem-est comme le réclament les dirigeants du Fatah.
Même le pape François a tenté de raisonner Donald Trump ce mercredi 6. "Je ne peux taire ma profonde inquiétude pour la situation qui s'est créée ces derniers jours" autour de Jérusalem, a déclaré le souverain pontife. Et d'ajouter: "J'adresse un appel vibrant pour que tous s'engagent à respecter le statu quo de la ville, en conformité avec les résolutions pertinentes de l'ONU".
Pas sûr que l'appel pontifical fasse infléchir l'imprévisible Donald Trump qui n'est guère sensible aux mises en garde. Même si ces dernières soulignent le risque d'un déchaînement de violence au Porche-Oriuent.
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