La Bosnie vote par temps de divisions ethniques

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FranceSoir avec AFP
Publié le 02 octobre 2022 - 14:34
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Bosnie vote
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Les élections générales ont lieu en Bosnie, pays en pleine crise existentielle.
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Les Bosniens votent dimanche aux élections générales dans un pays en pleine crise politique, déchiré par des divisions ethniques croissantes qui mettent en danger son intégrité.

Entre menaces sécessionnistes des Serbes orthodoxes, Bosniaques musulmans et Croates catholiques qui ne veulent plus cohabiter ensemble, beaucoup craignent de nouvelles turbulences après le scrutin.

Le petit pays pauvre des Balkans est divisé entre une entité serbe, la Republika Srpska (RS), et une fédération croato-musulmane, reliées par un faible pouvoir central souvent paralysé. Ce système est hérité des accords de Dayton de 1995 (États-Unis), qui ont mis fin à la guerre dans laquelle 100 000 personnes ont été tuées.

Les différents leaders politiques ont promis la stabilité en glissant leur bulletin dans l'urne. Mais les électeurs semblaient dubitatifs en participant à ce scrutin complexe pour désigner les trois membres de la présidence collégiale de la Bosnie, les députés du Parlement central et ceux des deux entités ainsi que, en Republika Srpska, la présidence.

"Je n'espère rien, je vote car c'est la seule chose que je puisse faire en tant qu'individu", a déclaré Amra Besic, économiste de 57 ans, en glissant son bulletin dans l'urne à Sarajevo.

En RS, Anita Milenkovic, chanteuse de 42 ans, n'était pas moins désabusée. "Je ne suis pas très optimiste" pour l'avenir du pays, confie-t-elle. "Le plus grand problème est qu'ils n'arrivent pas à se mettrent d'accord, nos dirigeants".

Exode massif 

Tous ceux qui le peuvent choisissent l'exil face à l'absence de perspectives tant politiques qu'économiques.

Près de 500 000 personnes ont quitté le pays depuis le dernier recensement de 2013, quand il comptait 3,5 millions d'habitants, selon les estimations de l'Union pour un retour durable, une ONG locale.

Milorad Dodik, chef politique des Serbes de Bosnie et représentant serbe sortant de la présidence collégiale, brigue cette fois-ci la présidence de la RS. Le nationaliste de 63 ans a multiplié ces derniers mois les menaces sécessionnistes qui lui ont valu des sanctions de Washington et de Londres, tout en répétant à l'envi que la Bosnie était un pays "raté".

"Les gens sont motivés pour voter pour la stabilité, la paix, une vie sûre dans cette région", a-t-il assuré après avoir mis son bulletin dans l'urne dans son village natal de Laktasi.

Certains analystes parient sur une victoire de ce grand admirateur du président russe Vladimir Poutine même si sa principale concurrente, Jelena Trivic, universitaire de 39 ans, assure le contraire.

Elle aussi joue sur la corde nationaliste mais promet de pourfendre la kleptocratie instaurée selon elle par Milorad Dodik. "Notre vengeance s'exercera au moyen de la loi", a-t-elle affirmé.

Boycott

Dans la communauté bosniaque, Bakir Izetbegovic, chef du principal parti, le SDA nationaliste qui domine la vie politique depuis des décennies, brigue un troisième mandat au fauteuil musulman de la présidence tripartite. Il a appelé les Bosniens à élire des représentants "qui ne vont pas créer des blocus et des crises, qui ne vont pas chasser les jeunes hors de la Bosnie-Herzégovine".

Fils du premier président de la Bosnie indépendante, il joue cependant une partie plus difficile qu'avant face à un candidat soutenu par onze partis d'opposition. Denis Becirovic, professeur d'histoire de 46 ans, milite pour une Bosnie "pro-européenne et unie".

De leur côté, les Croates, qui ont menacé pendant des mois de boycotter le scrutin, sont mécontents de devoir partager une fédération avec les Bosniaques. Tous les partis croates réclament une entité propre ou du moins une modification des règles électorales.

Celles-ci permettent aux Bosniaques largement majoritaires démographiquement au sein de l'entité commune d'élire de fait le membre croate à la présidence collégiale.

Le co-président croate sortant, Zeljko Komsic, porte-drapeau d'un Etat "citoyen" considéré comme "illégitime" par une grande partie de sa communauté, affrontera Borjana Kristo, candidate du HDZ nationaliste. En cas de victoire du premier, certains craignent de nouveaux tumultes et blocages institutionnels.

Les bureaux ferment à 17 h 00 GMT. En l'absence de sondages sortie des urnes, des résultats préliminaires ne sont pas attendus avant tard dans la nuit.

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