Le financement de l'Etat islamique et d'Al-Qaïda au centre d'une conférence internationale à Paris

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MM
Publié le 25 avril 2018 - 13:50
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Un membre des forces irakiennes ôte un drapeau de l'EI à Sharqat, au le nord de l'Irak, le 22 septembre 2017, après avoir chassé les djihadistes de la ville
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© AHMAD AL-RUBAYE / AFP
Défait militairement en Syrie et en Irak, l'Etat islamique diversifie ses sources de revenus.
© AHMAD AL-RUBAYE / AFP
Près de 500 experts et 80 ministres de 72 pays vont plancher mercredi et jeudi à Paris sur le financement du terrorisme international, en particulier celui du groupe État islamique (EI) et d'Al-Qaïda, et sur les façons de l'entraver.

"Pas d'argent pour la terreur", voilà l'intitulé de la conférence internationale qui s'ouvre ce mercredi 25 à Paris et qui doit réunir plus de 500 experts et les ministres de 72 pays pour repenser la lutte contre le terrorisme par le prisme de son financement. 

"L'éradication du terrorisme passe aussi par l'assèchement de son financement", expliquait déjà Emmanuel Macron fin août 2017. Pour autant, la bataille de l'argent de la terreur est encore loin d'être gagnée tant les groupes terroristes ont multiplié leurs sources de revenus. D'où cette conférence où sont également attendus des représentants du FMI, de la Banque mondiale, des Nations unis , du G7 et du G20.

En marge de cette dernière, l'Elysée a fait un état des lieux. "Pendant trois ans, de 2014 à 2016, Daech (acronyme arabe de l'Etat islamique, NDLR) a accumulé un énorme trésor de guerre, de l’ordre d’un milliard de dollars par an. Il a depuis circulé, au moins en partie, il est vraisemblablement quelque part (…) Ces groupes sont très doués pour utiliser les techniques les plus sophistiquées pour faire circuler les flux financiers, ils savent se jouer des frontières", précise un communiqué de la présidence.

Lire aussi - Tracfin a identifié entre 150 et 200 "banquiers occultes" finançant les actions de l'Etat islamique

Le groupe djihadiste a fait fructifier l'argent obtenu lors de la prise de grandes villes en Syrie et en Irak, les exportations clandestines de pétrole et de céréales, le racket systématique des minorités religieuses et le recel d'objet d'art ou archéologique. L'organisation terroriste a investi ces fonds dans des entreprises, dans des commerces, dans des biens immobiliers qu'elle fait gérer par des tiers fiables et qui lui rapportent des dividendes importants malgré la perte de son territoire en zone irako-syrienne.

"En Irak, l’organisation terroriste lance des investissements dans cinq secteurs: la pisciculture, les concessions automobiles, les bureaux de change, le commerce de céréales et la drogue. Selon la doctrine de Daech, il est permis de vendre de la drogue pour empoisonner l’ennemi", explique le chercheur irakien Hicham al-Hachemi, expert des mouvements djihadistes, contacté par RFI.

Le financement des autres organisations terroristes est également un facteur de préoccupations notamment dans la bande sahélienne, où l'enlèvement d'Occidentaux dans le but de se voir verser une rançon est un vecteur important pour les groupes affiliés à Al-Qaïda. Plus de 150 millions d'euros auraient ainsi été récoltés entre 2008 et 20017.

Même chose chez Boko Haram, le groupe terroriste nigérian dont la branche principale a fait allégeance à l'Etat islamique en 2015, qui se finance avec les otages mais aussi avec du vol de bétail, du racket ou encore taxes prélevées sur des barrages routiers.

Les Shebabs somaliens obtiendraient pour leur part entre 122 et 162 millions d’euros par an, grâce à son exportation illégale de charbon.

Les experts présents à la conférence devront également se pencher sur les petites sources de financement des groupes terroristes. Et pour cause, les enquêteurs et services anti-terroristes du monde entier ont été au cours des dernières années confrontés à des attentats ou des tentatives d'attentats, surnommés "terrorisme low cost", qui ont mobilisé de très petites sommes d'argent, difficiles voire impossibles à tracer et repérer à l'avance. 

En janvier 2015, une chercheuse norvégienne, Emilie Oftedal, a étudié pour le compte du Norwegian Defense Research Establishment (FFI) quarante cellules terroristes qui ont, entre 1994 et 2013, organisé ou tenté d'organiser des attentats en Europe (source). Le résultat est que dans les trois-quarts des cas, le montant des sommes en jeu pour l'organisation des attaques n'a pas dépassé 10.000 dollars.

Une somme facile à obtenir par le crownfounding ou encore les "banques sans fil" accessibles par un téléphone portable, très présentes dans les pays faiblement bancarisés et extrêmement difficile à remonter. Microcrédit, crédit à la consommation limités et revenus liés à la petite délinquance sont également fortement appréciés par les terroristes.  

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