Le Japon exclut la Corée du Sud de ses partenaires commerciaux privilégiés, Séoul contre-attaque

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Damien Durand
Publié le 02 août 2019 - 15:00
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Le Premier ministre japonais Shinzo Abe, le 14 mars 2018 à Tokyo
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© KIM KYUNG-HOON / POOL/AFP
Le Japon a décidé de sévir contre la Corée du Sud, faisant monter la tension.
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Le Japon a annoncé ce vendredi 2 que la Corée du Sud ne fait plus partie des pays de la liste privilégiée, avec un contrôle aux exportations restreints. Une décision économique mais à motivation politique dans un contexte de tensions importantes entre les deux rivaux d'Asie de l'Est.

La décision aura des conséquences économiques quasiment immédiates même si son origine est politique: le gouvernement japonais a décidé vendredi 2 de rayer la Corée du Sud de la liste de ses partenaires commerciaux privilégiés, ce qui va entraîner une hausse des restrictions à l’exportation des produits japonais en Corée du Sud.

Concrètement, des procédures de contrôle supplémentaires seront imposés aux produits nippons partant vers la péninsule –au motif officiellement de vérifier si ceux-ci ne serviront pas en dernière instance à la production de biens sensibles comme de l’armement– ce qui va ralentir leur disponibilité et impacter les fabricants coréens qui ont besoin de biens intermédiaires japonais.

Les autorités économiques japonaises classent en effet les différents pays en quatre groupes (A, B, C et D) selon le niveau de contrôle nécessaire pour les exportations. La Corée du Sud –troisième client de l’archipel après la Chine et les Etats-Unis– faisait partie, comme 26 autres pays (dont la France) du groupe A, celui avec un contrôle minimal. Elle fera partie dès le 26 août du groupe B. Les procédures, si elles sont rigoureusement appliquées, pourraient retarder de 90 jours les délais de livraison.

Tokyo a tenu à rassurer les milieux économiques : les entreprises qui possèdent des autorisations spéciales pour exporter sans contrôle auprès des pays qui ne font pas partie du groupe A auront toujours un accès aisé au marché sud-coréen. Mais, en attendant de voir les conséquences réelles sur le commerce international dans la zone, le camouflet diplomatique est conséquent et a été immédiatement dénoncé par le président sud-coréen Moon Jae-in.

Lire aussi - Japon: Shinzo Abe prêt à rencontrer Kim Jong Un "sans condition" 

Le sud de la péninsule n’a d’ailleurs pas tardé à réagir. L’agence de presse sud-coréenne Yonhap (voir ici) a indiqué que Séoul allait revoir sa politique de partage d’informations militaires avec le Japon, au titre de "contre-mesure" à la décision de Tokyo.

Le contentieux coréano-japonais est ancien et multiforme. Il s’est aggravé ces dernières semaines après une décision de la Cour suprême de Corée du Sud imposant aux entreprises ayant eu recours au travail forcé de Coréens pendant la colonisation de Corée alors unie (1905-1945) de dédommager leurs descendants. Tokyo estime de son côté que cette question a été réglée par un accord en 1965. Plus généralement, une partie de la classe politique sud-coréenne et des médias estime que le Japon n’a pas fait amende honorable de ces exactions, notamment celles commises pendant la guerre.

Voir aussi:

Elections au Japon: Shinzo Abe voit-il s'envoler son projet de réforme de la Constitution?

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