Les Etats-Unis admettent avoir bombardé "par erreur" l'hôpital de Kunduz
Le Pentagone regrette mais ne s'excuse pas. Une semaine après le tragique bombardement de l'hôpital de Médecins sans Frontières (MSF) à Kunduz en Afghanistan, les Etats-Unis ont admis mardi 6 qu'ils étaient responsables des frappes aériennes qui ont provoqué la mort de 22 civils samedi 3 se trouvant dans les locaux du centre hospitalier de l'ONG.
"Le Département de la Défense regrette profondément la perte de vies innocentes qui a résulté de cet événement tragique", a déclaré le Secrétaire américain à la Défense dans un communiqué diffusé à Rome où il effectuait une visite.
Devant la commission des forces armées du Sénat, le général John Campbell, commandant la mission de l'Otan en Afghanistan, a donné la plus claire expression de responsabilité américaine jusqu'alors sur le bombardement, qui a tué 22 personnes en fin de semaine dernière : l'hôpital "a été touché par erreur" dans une frappe américaine demandée par les autorités afghanes mais décidée par la chaîne de commandement américaine, a-t-il affirmé. Et d'ajouter: "nous n'aurions jamais visé intentionnellement une installation médicale protégée".
L'enquête interne de l'armée américaine devra désormais déterminer si l'officier qui a désigné la cible savait-il ou non qu’il envoyait les avions vers l’hôpital de MSF. En effet, des membres des forces spéciales américaines se trouvaient au sol lors du bombardement et ont guidé les frappes aériennes.
De son côté, MSF, qui a qualifié ce bombardement de crime de guerre et qui réclame haut et fort une enquête indépendante, a vivement rejeté cette explication par la voix de Mego Terzian, président de MSF France, qui s'est déclaré persuadé que "ce n'était malheureusement pas une erreur". En effet, les bombardements se sont poursuivis "pendant plus d'une demi-heure" après que l'ONG ait averti les armées afghane et américaine que son établissement avait été touché. MSF réclame également une enquête "transparente et indépendante" sur ce bombardement, en insistant sur la responsabilité des Etats-Unis.
La ville Kunduz a été le théâtre de rudes combats entre les talibans et l'armée afghane. En effet, la ville, stratégique, était tombée aux mains des insurgés lundi 28 septembre avant d'être finalement reprise jeudi 1er octobre par les forces afghanes appuyées par des frappes de l'Otan. Le général John Campbell s'est également exprimé mardi sur la situation en Afghanistan soulignant que la situation à Kunduz montrait que les forces afghanes n'étaient pas encore prêtes à tenir leur terrain face aux talibans malgré les 60 milliards d'euros investis dans leur formation.
Au vu de la situation, il a indiqué qu'il proposait de muscler le dispositif militaire américain après 2016, proposant de maintenir sur place une force de 7.000 soldats alors que les plans de retrait américain du pays prévoyaient le maintien d'un millier d'hommes seulement.
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