Les États-Unis autorisent officiellement les sous-traitants privés du Pentagone à envoyer leurs employés en Ukraine

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France-Soir
Publié le 12 novembre 2024 - 10:00
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Un changement significatif dans la politique américaine. Washington a annoncé la semaine dernière la levée de l’interdiction des sociétés militaires privées de se rendre en Ukraine. Un “petit nombre” de leurs employés seront déployés “loin des lignes de front” pour “réparer et entretenir les équipements fournis par les États-Unis”. La décision serait justifiée par la volonté de l’administration Biden de mettre le paquet dans son soutien à l’Ukraine, avant l’arrivée de l’administration Trump à partir de janvier. 

Premier soutien de Kiev depuis le début de l'invasion russe en février 2022 avec plus de 60 milliards de dollars d'aide militaire alloués, Washington avait jusque-là interdit aux sociétés militaires privées de travailler en Ukraine. Si des entreprises de service de sécurité et de défense (ESSD) mobilisent déjà du personnel en Pologne et en Roumanie pour former des maintenanciers et des pilotes ukrainiens, ce n'en était pas le cas en Ukraine. Du moins, officiellement. 

Les sous-traitants du Pentagone en Ukraine mais “loin du front” 

En mai déjà, des offres d’emplois publiées par ces sociétés proposaient des postes à Kiev. "Il y a déjà un grand nombre de sociétés américaines qui ont du personnel en Ukraine pour assurer des contrats avec le gouvernement ukrainien”, a révélé à Reuters une source anonyme à Washington. 

Une présence assumée de personnel militaire américain en Ukraine pouvait être interprétée par le Kremlin comme un engagement direct de la part de Washington et ses alliés contre les troupes russes. En mai dernier, un cafouillage entre Kiev et Paris à propos de l’envoi d’instructeurs français sur le front ukrainien avait fait réagir Moscou, qui a rappelé qu’une telle présence constituait une “cible légitime” qui ne serait pas épargnée.  

Mais Washington autorise officiellement les sous-traitants du Pentagone à se rendre dans ce pays de l’Europe centrale et s’explique quant à cette décision. Les sociétés militaires privées et leurs personnels “seront loin des lignes de front et ne participeront pas au combat face à l’armée russe. Ils aideront l’armée ukrainienne à réparer et entretenir rapidement les équipements fournis par les Etats-Unis, selon les besoins, afin qu’ils puissent vite retourner sur le front”, explique-t-on.  

Il est alors question de “petit nombre” d’employés chargés de la maintenance technique de l'armement américain. “Nous prenons cette mesure car certains des équipements américains fournis à l’Ukraine - ou qui seront fournis à l’Ukraine dans les prochains mois - comme des F-16 ou les systèmes de défense aérienne Patriot demandent une expertise technique spécifique pour être entretenus”. L’envoi de ce personnel a été décidé “après une évaluation prudente des risques”, affirme-t-on. 

L’objectif serait de faciliter et d’accélérer la maintenance d’une partie du matériel américain fourni par les États-Unis ainsi que par d’autres pays alliés à l’Ukraine. Il est particulièrement question de la maintenance des fameux F-16, des véhicules de combat de type Bradley, des systèmes de défense aérienne et d’autres matériels. Jusqu’à maintenant, les équipements endommagés sont envoyés à l’étranger, principalement vers la Pologne, pour y être réparés par les ressources américaines. Une perte de temps que Kiev a du mal à résorber malgré la progression des maintenanciers ukrainiens depuis le début de la guerre. 

L’administration Biden met le paquet 

Ces employés américains ne seront cependant pas sous la responsabilité du Pentagone, mais bien sous celle de ses sous-traitants.  

Une première depuis le début de la guerre en Ukraine qui démontre, malgré le caractère privé des sociétés, une implication accrue des États-Unis dans le conflit. Ce changement significatif, qui rappelle l’envoi des F-16 après des mois de tractations ou encore l’autorisation de Kiev de frapper des cibles sur le sol russe, intervient à la fin du mandat de Joe Biden à la Maison Blanche. 

Son conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a affirmé que les États-Unis dépenseront les 6 milliards restants dédiés à l’Ukraine avant l’arrivée de Donald Trump. Une information confirmée par la chargée des relations publiques du Pentagone lors d’un point de presse, qui a précisé que d’autres envois d’armes et d’équipements pourraient survenir. 

Après un semestre de tensions, le Congrès avait adopté en avril dernier une aide de 60 milliards de dollars pour Kiev. Mais depuis la victoire du républicain le 05 novembre dernier face à Kamala Harris dans la course à la Maison Blanche, la possibilité d’une restriction de l’aide américaine à l’Ukraine refait surface. La décision d’autoriser des sociétés militaires privées est ainsi perçue comme un ultime effort de l’administration Biden avant que la nouvelle administration ne prenne possession des lieux en janvier. 

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