Mali : les djihadistes donnent des coups, mais la menace reste "résiduelle", selon le commandant de Barkhane

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AFP
Publié le 29 avril 2016 - 16:10
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Des soldats français au Mali, en mars 2013.
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"On aura probablement des pertes dans le futur même si nous faisons tout pour les éviter", dit le général Patrick Brethous.
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Le commandant de la force française Barkhane au Sahel, le général Patrick Brethous, estime que ses soldats prendront "d'autres coups" après la mort de trois d'entre eux le 12 avril au Mali mais que les djihadistes restent une "menace résiduelle".

L'armée française vient de perdre trois soldats qui ont sauté sur une mine dans le nord du Mali. Assiste-t-on à une recrudescence de la menace jihadiste trois ans après l'opération Serval?

"La menace reste résiduelle, mais avec une capacité de nuisance qui est toujours là. Quand on fait la guerre, on porte des coups à l'adversaire et parfois l'adversaire vous en porte. Nous ne communiquons pas beaucoup sur le nombre de bombes tirées, d'ennemis éliminés. Inversement quand nous, nous avons des tués, cela se sait. Donc on a l'impression que tout de suite nous perdons l'initiative. Mais ce n'est pas le cas.

"On est en guerre, on a pris un coup et on en prendra d'autres. On aura probablement des pertes dans le futur même si nous faisons tout pour les éviter en terme de variété des itinéraires, surprotection blindée, brouillage (de fréquences d'engins explosifs)...

"Au nord du Mali, nous sommes confrontés principalement à la menace des mines, des engins explosifs improvisés. Il n'y a plus de katibas (groupes de combattants, NDLR) déployées en colonnes de pickup. Les groupes armés terroristes n'ont plus d'unités structurées aptes à combattre, hormis peut-être Ansar Dine.

"En revanche ils ont toujours de l'armement, ils ont de l'explosif, ils ont de l'argent parce qu'ils font des trafics. Ils vont payer un gamin 100.000 FCFA (150 euros) pour qu'il pose une mine sous les roues de la Minusma (Casques bleus) ou de Barkhane. Si jamais la mine fait sauter l'engin, il a 200.000.

"Ou alors, ce sont trois +allumés+ qui a Grand Bassam (Côte d'Ivoire) tuent 15 personnes sur la plage. Evidemment ce n'est pas très difficile à faire donc on a l'impression qu'ils reprennent l'initiative. Mais c'est peut-être justement parce qu'ils sont acculés qu'ils font cela. Ils n'ont plus de sanctuaires, ils ont quelques zones refuges dans le grand nord".

 

L'opération Barkhane couvre un territoire grand comme l'Europe avec seulement 3.500 hommes et des moyens comptés, notamment en hélicoptères. Comment contournez-vous ces contraintes ?

"La troisième dimension (moyens terrestres et aériens) est le moyen principal pour surprendre l'adversaire. Ils nous fuient systématiquement, cherchent à frapper les +cibles molles+, les convois logistiques, les civils.

"La +3D+ permet de renseigner, puis de guider des unités au sol, soit des hélicos, soit des blindés, soit des pick-up de nos amis nigériens, pour intercepter des colonnes ou faire des opérations avec des commandos.

"En permanence je combine mes moyens de renseignement, d'appui chasse, mes hélicoptères, mes troupes au sol, les forces spéciales, les forces conventionnelles.

"Les difficultés (moyens limités, NDLR), je les pallie en concentrant les efforts dans des opérations majeures. Ce qui fait que pendant l'opération j'ai une bonne disponibilité et je peux surprendre l'adversaire et puis après ma disponibilité rechute et je refais du maintien en condition (maintenance).

"Par ailleurs je fais sortir mes compagnies des semaines entières dans le désert pour qu'elles soient au contact de la population et dénient à l'adversaire toute liberté de manœuvre, liberté de toucher l'impôt, de recruter, de se reposer".

 

La situation tarde tout de même à se stabiliser dans le nord du Mali et le processus de réconciliation nationale à se concrétiser?

"Vous connaissez des accords de paix qui se sont fait vite ? Non cela ne va pas vite, c'est la vraie vie. Le processus de paix est lent, il y a des arrière-pensées de la part tout le monde, des grands acteurs régionaux qui jouent un rôle important. C'est la réalité de la politique et du Sahara".

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