Migrants : la Grèce tente de regagner le contrôle de ses frontières

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 16 janvier 2016 - 12:50
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Migrants Réfugiés Grèce Lesbos Décembre 2015
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En raison du froid, les arrivées sur les îles de la mer Egée ont été divisées presque par deux.
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Prise par surprise cet été par l'ampleur de l'exode des réfugiés, la Grèce se prévaut aujourd'hui de regagner le contrôle de ses frontières, profitant du relatif répit hivernal des arrivées. Aidé par 293 garde-frontières européens déployés sur les îles par l'Agence européenne de surveillance des frontières Frontex, le pays peut désormais s'employer à systématiser l'enregistrement et le tri des arrivants.

Zigzaguer entre les accords de Schengen et ceux de Dublin pour ne pas devenir un cul-de-sac migratoire: la Grèce est engagée sur cette voie étroite en mettant à profit un relatif répit hivernal des flux.

Pris par surprise cet été par l'ampleur de l'exode, le ministère de la politique migratoire se prévaut de regagner le contrôle: "pour le moment, le situation est gérable", y affirme-t-on.

Les arrivées sur les îles de la mer Egée, qui dépassaient cet été les 3.000 par jour, ont été divisées presque par deux: l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a recensé 18.600 entrants pour les 11 premiers jours de 2016.

Selon un responsable local, les débarquements ont chuté à "400-500 par jour" à Lesbos, première étape en 2015 du périple en Europe pour la plupart des 850.000 personnes, dont plus de 475.000 réfugiés syriens, ayant choisi d'entrer dans l'UE par la Grèce.

Aidé par 293 garde-frontières européens déployés sur les îles par l'Agence européenne de surveillance des frontières Frontex, le pays peut s'employer à systématiser l'enregistrement et le tri des arrivants, entre réfugiés autorisés à poursuivre leur route et migrants irréguliers voués au renvoi. Au total, 400 de ces renforts sont attendus.

Il était temps: dans une UE traumatisée par les attentats de Paris et divisée face à l'ampleur du phénomène migratoire, la Grèce avait été menacée en décembre d'une sortie de l'espace Schengen.

A Lesbos, la tâche tourne à la routine à Moria, le premier des cinq "hotspots" que le pays s'est engagé à mettre en place d'ici fin janvier, selon une source policière.

Sur les autres îles, et notamment à Léros, où deux des auteurs des attentats de Paris avaient été enregistrés le 3 octobre, le mécontentement des maires risque de ralentir leur ouverture, mais le travail de sélection et fichage est fait, selon le ministère.

Il devrait encore s'accélérer avec l'acquisition de 90 nouveaux appareils de prise d'empreintes digitales pour laquelle la Commission européenne vient de débloquer 1,36 million d'euros.

Parallèlement, les autorités ont lancé une procédure d'autorisations pour la noria d'ONG déployées en particulier à Lesbos, affirmant vouloir ainsi mieux coordonner leur action.

Mais l'arrestation mercredi sur l'île de cinq sauveteurs d'une ONG espagnole accusés d'aide à l'entrée irrégulière de migrants a suscité un tollé. Beaucoup parmi les volontaires redoutent que l'objectif ne soit de rendre les côtes grecques moins accueillantes. Et ce alors que le mauvais temps a déjà provoqué la noyade d'une quarantaine de personnes depuis le début de l'année, dont nombre d'enfants.

A en croire le ministère de l'Intérieur, le filet policier est bien en place. Il s'agit d'encadrer le transit de ceux encore autorisés à emprunter la route des Balkans -- Syriens, Afghans et Irakiens -- et de barrer la voie aux autres.

Le gouvernement de gauche d'Alexis Tsipras s'est résolu à rouvrir les centres de rétention pour ces déboutés, en majorité Marocains, Pakistanais et Iraniens, dont environ 800 étaient sous les verrous mi-janvier. Il tente aussi d'accélérer leur réadmission par la Turquie, mise sous pression par l'UE pour être plus coopérative.

Sans surprise, ce tour de vis a redonné du travail aux passeurs.

"Nous tentons de les convaincre que la meilleure solution est le retour volontaire, mais même après s'y être s'inscrits certains remontent vers le nord pour tenter de passer par tous les moyens", affirme Daniel Esdrass, responsable en Grèce de l'OIM.

Grâce à une aide d'urgence de la Commission, cet organisme a assuré depuis décembre 500 retours volontaires, et autant sont prévus. Cinq cents autres candidats sont déjà en liste d'attente pour ce billet de retour, assorti d'un pécule de 400 euros.

Dans l'immédiat, le pays est soulagé d'avoir mis en sourdine les critiques européennes.

Mais la Grèce est consciente que le répit est fragile: le printemps devrait redoper les arrivées, l'UE se reverrouille, et le projet bruxellois de relocalisation des arrivants au sein de l'UE peine à démarrer.

Autant de raisons pour le pays de vouloir donner des gages à ses partenaires pour qu'ils ne soient pas tentés de refermer la nasse.

Dans ce contexte, Athènes conçoit comme un test la prochaine décision de Berlin de reprendre, ou non, les renvois en Grèce de candidats à l'asile et à l'installation entrés en Europe par son territoire. Ils avaient été suspendus après la condamnation d'Athènes en 2011 pour mauvais traitements par la Cour européenne des droits de l'homme.

 

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