Philippines - Les députés votent le budget de la Commission enquêtant sur le respect des droits de l'homme par Rodrigo Duterte : 16 euros
C'est une humiliation de plus pour les défenseurs des droits de l'homme aux Philippines, déjà mis à mal depuis l'arrivée au pouvoir de Rodrigo Duterte en 2016. La Chambre des représentants des Philipines (l'équivalent de l'Assemblée nationale), largement favorable au président, vient de voter mardi 12 le montant du budget 2018 pour la "Commission des droits de l'homme" nationale. Résultat: 1.000 pesos philippins, soit… 16 euros.
Cette institution, dont l'existence et l'indépendance sont garanties par la constitution philippine, est chargée de surveiller le travail de l'exécutif, autrement dit de contrôler le respect des droits de l'homme des actions initiées par Rodrigo Duterte. Et c'est là que le bât blesse: le président philippin a en effet encouragé depuis son arrivée au pouvoir une lutte contre le trafic de drogue reposant sur des actions violentes, l'incitation à la création de milices civiles et la pratique massive d'exécutions extrajudiciaires.
Et depuis le début de cette campagne, les choses ont tourné au massacre: pas moins de 3.800 personnes, du moins officiellement, ont été abattues dans le cadre d'opérations, parfois organisées par les autorités mais menées aussi spontanément par des Philippins. Et surtout sans aucune transparence sur leurs conditions. Les victimes sont aussi bien des trafiquants de drogue, que de petits détaillants ou des consommateurs. Sans compter les "bavures".
Or, la Commission des droits de l'homme devait justement enquêter sur ce bilan de 3.800 tués, et mener des investigations indépendantes sur les innombrables cas d'exécution sommaire douteuses. Elle n'aura maintenant que 16 euros pour enquêter…
Le projet n'est cependant pas arrivé à son terme, et un mince espoir subsiste. Le Sénat philippin doit également rendre son avis sur ce vote. Si les avis entre les deux chambres diffèrent, elles doivent essayer de trouver un consensus, qu'elles votent conjointement… avant que la résolution ne soit soumise au président Rodrigo Duterte.
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