Plusieurs régions russes, dont Moscou, ciblées par des attaques de drones : le Kremlin accuse l’Ukraine et fustige le soutien des Occidentaux

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France-Soir
Publié le 01 juin 2023 - 12:45
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Moscou
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Natalia KOLESNIKOVA / AFP
"Zone interdite aux drone", signalée à Moscou.
Natalia KOLESNIKOVA / AFP

GUERRE - Nouvelles attaques sur le sol russe. Trois semaines après l’incursion d’un drone qui a visé le Kremlin, Moscou a été le théâtre mardi 30 mai 2023 d’une nouvelle offensive attribuée par la Russie à l’Ukraine. Le président Vladimir Poutine a accusé Kiev de vouloir "terrifier" les Russes. Le Kremlin, de son côté, reproche aux Occidentaux de soutenir l'Ukraine après des attaques "irresponsables". Si tel est le cas du Royaume-Uni, qui estime que “les cibles militaires légitimes au-delà de sa propre frontière font partie de l’autodéfense de l’Ukraine”, les États-Unis affirment ne pas soutenir les attaques sur le territoire russe.  

Peu après les raids qui ont ciblé la capitale ukrainienne dans la nuit du lundi au mardi, des drones ont visé à l’aube du mardi plusieurs bâtiments à Moscou, causant, selon le maire de la ville Sergueï Sobianine, des “dégâts limités” et deux blessés, dont l’un a été hospitalisé. Une attaque non revendiquée que la Russie attribue à l’Ukraine. Le ministère russe de la Défense a rapidement affirmé que Kiev est à l'origine de ces tirs de drones, abattus selon les autorités.  

Les attaques de drones, un “plaisir” pour Kiev  

Vladimir Poutine, lui, a accusé l'Ukraine de vouloir "terrifier" et “intimider" la population russe. Il a vanté l’efficacité du système de défense antiaérienne de Moscou qui a fonctionné de manière “satisfaisante”. Il a affirmé que les frappes de drones subies par sa capitale étaient une réponse à une frappe ayant visé le QG du renseignement ukrainien. "Nous avons déjà évoqué la possibilité de frappes contre les centres de prise de décision. Le quartier général du renseignement militaire ukrainien, qui a été attaqué il y a deux ou trois jours, en fait partie. En réponse, le régime de Kiev a choisi une voie différente" en attaquant Moscou, a-t-il ajouté.  

L’Ukraine a vite démenti toute implication par la voix de Mykhailo Podolyak, conseiller du président Volodymyr Zelensky. "Nous n'avons rien à voir avec cela", a-t-il affirmé, exprimant tout de même “le plaisir” avec lequel Kiev "regardait ces attaques”, dont elle prévoit “le nombre croissant”.  

Ce n’est pourtant pas les attaques de drones à Moscou, situées à 500 km de la frontière, qui ont causé le plus de dégâts. La Russie a affirmé ce 31 mai que l’Ukraine a également bombardé dans la nuit du mardi au mercredi une raffinerie, au cœur de laquelle un incendie a été déclaré, et un centre pour personnes déplacées, respectivement dans les régions de Krasnodar et Belgorod. 

Un village dans la zone ukrainienne occupée de Louhansk a également été attaqué. Selon le Centre de contrôle russe de la situation sécuritaire dans cette région, une frappe aérienne, “menée avec des systèmes américains Himars”, a fait au moins 5 morts et 19 blessés.  

Londres soutient les attaques sur le sol russe, pas Washington 

L’Ukraine, qui revendique rarement des attaques menées sur le sol russe ou dans les régions occupées, est accusée par Moscou de multiplier les incursions, qui vont jusqu’à plusieurs centaines de kilomètres de la frontière. En avril, un drone s'est écrasé dans la ville de Kireyevsk, située 400 km de la frontière ukrainienne. Début mai, des images montraient un engin volant qui s’apparentait à un drone se diriger vers le Kremlin avant d’exploser. La même période, le 4 et le 5 mai, des drones ont ciblé une raffinerie de pétrole située dans la région de Krasnodar, située à 200 km de la frontière de la Crimée.  

Des attaques “irresponsables” que l’Occident soutient, selon Moscou. "Le soutien des Occidentaux au régime de Kiev pousse les dirigeants ukrainiens à commettre des actes criminels de plus en plus irresponsables", a réagi le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué. Un soutien que le Royaume-Uni exprime même publiquement. Son ministre des affaires étrangères, James Cleverly, a affirmé mardi que l’Ukraine a le droit de frapper la Russie en guise de légitime défense. “Les cibles militaires légitimes au-delà de sa propre frontière font partie de l’autodéfense de l’Ukraine”, a-t-il déclaré aux journalistes.  

Cette déclaration qui a fait réagir Dmitri Medvedev, ex-président de la Russie et vice-président du Conseil de sécurité de la fédération de Russie, qui a qualifié les officiels britanniques “d’idiots”. Il a averti Londres contre la “guerre non déclarée menée contre Moscou”, affirmant que “n’importe lequel des agents publics (britanniques, ndlr) peut être considéré comme une cible militaire légitime”. 

À l’opposé, les États-Unis ont affirmé mardi ne pas soutenir pas les attaques portées sur le territoire russe. “De façon générale, nous ne soutenons pas les attaques à l’intérieur de la Russie. Nous sommes concentrés sur la fourniture à l’Ukraine de l’équipement et de l’entraînement nécessaires pour reprendre son propre territoire souverain”, a déclaré un porte-parole de la diplomatie américaine. 

La date de la contre-offensive ukrainienne “fixée” 

Les attaques sur le sol russe suscitaient déjà les craintes chez les dirigeants occidentaux, y compris Emmanuel Macron, longtemps réticents à doter Kiev d’avions de chasse. Washington a fini par donner le 19 mai dernier le feu vert à la livraison d'avions de combat américains F-16 à l'Ukraine, saluant une initiative commune à plusieurs pays membres de l’OTAN visant à entraîner, pendant plusieurs mois, des pilotes ukrainiens sur des avions de combat de quatrième génération. 

L'Ukraine, qui ne cesse de presser les pays européens comme la France et l’Allemagne à la doter d’avions de chasse, souhaite disposer de ces avions pour faire face aux attaques aériennes russes et “frapper les lignes arrières” des troupes de Moscou, au moment où Kiev dit achever ses préparatifs avant une contre-offensive d'ampleur. 

À ce propos, Volodymyr Zelensky a déclaré lundi, peu après les raids russes sur la capitale ukrainienne, que le calendrier de la contre-offensive, annoncée de longue date, a été fixé. "Les décisions ont été prises", a-t-il déclaré.  

Il réagissait dans une allocution aux raids aériens menés sur la capitale ukrainienne, affirmant que “les défenses aériennes ont sauvé des centaines de vies”. Il a ajouté que les missiles américains Patriot ont même permis "l'abattage à 100 % de tous les missiles russes".

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