Qui était Boris Nemtsov, l'opposant de Vladimir Poutine assassiné à Moscou ?

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RT
Publié le 28 février 2015 - 16:14
Mis à jour le 02 mars 2015 - 10:46
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Boris Nemtsov, opposant russe, illustration.
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©Mikhail Voskresensky/ Reuters
Boris Nemtsov, principal opposant de Vladimir Poutine, a été assassiné.
©Mikhail Voskresensky/ Reuters
Boris Nemtsov, 55 ans, a été abattu dans la nuit de vendredi 26 à samedi 27 février en plein centre de Moscou, à quelques mètres du Kremlin à peine. Retour sur le parcours du principal opposant à Vladimir Poutine.

Il était le principal opposant à Vladimir Poutine depuis l'arrivée au pouvoir de ce dernier il y a quinze ans. Boris Nemtsov, 55 ans, a été abattu par balles dans la nuit de vendredi 26 à samedi 27 février en plein centre de Moscou, à quelques mètres du Kremlin à peine. Ce fervent opposant à la guerre en Ukraine, ancien vice-Premier ministre de Boris Elstine, était le symbole de la génération des jeunes réformateurs de la Russie post-URSS.

Physicien de formation, Boris Nemtsov, né en 1959 à Sotchi, en Russie, se lance dans la politique peu avant l’effondrement de l’URSS. En 1990, il est élu au Soviet suprême, le Parlement soviétique, et sa carrière décolle. Après avoir été gouverneur de la région de Nijni-Novogrod, à 400 km de Moscou, il se fait un nom sous la présidence de Boris Elstine. En mars 1997, il devient vice-Premier ministre chargé du secteur énergétique et des monopoles, ce qui lui vaut d’être régulièrement dénoncé par le Kremlin comme un homme politique lié aux oligarques. Après avoir envisagé un temps d’en faire son dauphin, Boris Elstine finit par lui préférer le chef du FSB (ex-KGB), Vladimir Poutine. Renvoyé en août 1998, Boris Nemtsov bascule dans l’opposition quand son rival accède à la présidence. Aux législatives de 1999, il est élu à la Douma (chambre basse du Parlement) et rejoint le parti libéral SPS.

Un an plus tard, il publie une tribune dans le New York Times:"Certains critiques remettent en cause l'engagement de Poutine pour la démocratie. C'est vrai, ce n'est pas un démocrate libéral, à domicile ou internationallement. Sous sa direction, la Russie ne deviendra pas la France. Le gouvernement reflètera cependant la volonté du peuple d'avoir un Etat fort, une économie en état de marche, et la fin de la tolérance pour les oligarques voyous, en résumé, une attitude de fermeté nette. La Russie pourrait faire bien pire qu'un leader avec un inamovible engagement envers l'intérêt national. Et c'est difficile de voir comment faire mieux", écrit-il.

Son opposition à Vladimir Poutine prend encore plus d'ampleur après les élections législatives de 2007, qu’il qualifie des "plus malhonnêtes de l’histoire de la Russie"En 2008, après avoir échoué à se présenter à l’élection présidentielle comme candidat unique de l’opposition, Nemtsov fonde son propre parti, Solidarnost, avec l’opposant et ex-champion d’échecs Gary Kasparov. Il se rapproche également du blogueur Alexeï Navalny, autre célèbre opposant à Vladimir Poutine.

Au cours de l’hiver 2011-2012, alors que Poutine s’apprête se faire élir à la présidence russe pour la troisième fois, Nemtsov prend la tête de grandes manifestations à Moscou, où il critique ouvertement le "système oligarchique" en vigueur. Il écrit notamment un rapport dans lequel il dresse la liste des "éléments extérieurs de richesse" de Vladimir Poutine, dénonçant un train de vie qui peut être comparé "à celui d'un prince perse". Le rapport mentionne l'existence de 20 résidences, 15 hélicoptères, 4 yacht et 43 avions. Deux ans plus tard, Nemtsov est également le premier à dénoncer la corruption qui gangrène l’organisation des Jeux Olympiques d’hiver de Sotchi.

Puis, quand le conflit éclate en Ukraine, il accuse Moscou d’envoyer des troupes soutenir les séparatistes pro-russes dans l'est du pays, ce que le Kremlin a toujours démenti. Début février 2015, il confie, dans une interview à un hebdomadaire russe, sa peur d’être assassiné.

Trois heures avant que cela ne lui arrive effectivement, Boris Nemtsov prenait la parole ce vendredi 27 à l’antenne de la radio Echo à Moscou afin d’appeler les auditeurs à manifester dimanche 1er mars dans les rues de la capitale russe pour protester contre la crise économique en Russie et le conflit en Ukraine, les deux étant liés selon lui. "La cause de la crise, c'est l'agression (de l'Ukraine), qui a été suivie des sanctions, puis des fuites de capitaux, tout ça à cause de l'agression insensée contre l'Ukraine que mène Poutine", déclarait-il notamment. 

Samedi, après la découverte du corps criblé de balles de Boris Nemtsov, Leonid Volkov, l'un des responsables de la manifestation, a annoncé l'annulation de cette dernière. Elle sera finalement remplacée par une marche à la mémoire de l'opposant assassiné. Plusieurs dizaines de milliers de participants sont attendus pour lui rendre hommage.  

 

 

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