Syrie : cinq ans d'une guerre civile meurtrière qui s'est internationalisée
Plus de 300.000 morts, des centaines de milliers de blessés et mutilés, 4,5 millions de réfugiés qui ont fui vers d'autres pays et l'émergence du groupe terroriste le plus puissant que le monde ait connu, voilà le triste bilan de cinq années d'une guerre terrible en Syrie.
Dans le sillage du Printemps arabe, alors qu'un léger vent de démocratie souffle sur le Maghreb, le 15 mars 2011, une manifestation sans précédant a lieu à Deraa, dans un pays gouverné d'une main de fer depuis 40 ans par le régime Assad, pour réclamer plus de liberté et le départ du président Bachar. La violence de la répression ne va pas avoir l'effet escompté pour le pouvoir puisque la contestation va se répandre dans le pays, et notamment à Damas la capitale, à Hama et à Homs.
Les manifestations, pacifiques et quasi quotidiennes, sont réprimées dans le sang. L’appareil répressif tourne à plein régime et les arrestations se multiplient. La communauté internationale et les organisations des droits de l’homme dénoncent un "usage excessif de la force" et des "crimes contre l’humanité".
A la violence du régime de Damas va répondre une militarisation de l'opposition syrienne avec la création de l'Armée syrienne libre en juillet 2011, composée en grande partie de militaires syriennes dont des officiers qui ont fait défection et des civils qui ne croient plus à la lutte pacifique. Les forces loyalistes à Bachar al-Assad multiplient les exactions contre les populations civiles qui soutiennent les rebelles et les geôles de prisons du régime résonnent des cris des torturés.
Jusqu'au début de l'année 2013, les rebelles progressent face aux forces gouvernementales qui parviennent toutefois à garder Damas. A ce moment-là, l'Iran chiite et son allié le Hezbollah libanais, aident le régime de Bachar al-Assad en raison de leur proximité religieuse et d'intérêts convergents. Les monarchies sunnites du Golfe arment, quant à elles, ouvertement les rebelles qui vont obtenir successivement le soutien des Etats-Unis et de certains pays de l'Union européenne, notamment suite à l'utilisation présumée d'armes chimiques par le régime. Le front se stabilise et le conflit a déjà fait 60.000 morts.
L'enlisement du conflit va favoriser une montée en puissance de groupes islamistes radicaux. Depuis 2014, les groupes djihadistes tels que l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) et le Front Al-Nosra (Al-Qaïda en Syrie) sont montés en puissance et contrôlent la moitié du territoire syrien. Début 2014, le groupe Etat islamique (EI) entre en action et entame une violente campagne contre les rebelles syriens pour prendre leurs territoires. Après les prises de Mossoul (Irak) et Raqqa (Syrie), le groupe terroriste proclame un "califat" dirigé par Abou Bakr al-Baghdadi à cheval sur les deux pays, multipliant les exactions contre les populations civiles et les minorités religieuses. Les prises de guerre aussi bien matérielles que financières et l'afflux de djihadistes étrangers venus du monde entier, notamment d'Europe et du Maghreb, en font le groupe terroriste le plus puissant du monde. L’EI contrôle aujourd’hui un tiers de la Syrie et de l’Irak et une population de près de 10 millions d’habitants. Cette puissance va permettre à l'Etat islamique de lancer des campagnes d'attentats à grande échelle dans plusieurs régions du monde, au Proche et Moyen-Orient, en Afrique, en Europe, avec les attentats de Paris, notamment.
A la fin de l'été 2014, les Etats-Unis et leurs alliés dont la France, réunis dans une coalition internationale, bombardent Daech en Irak puis en Syrie, notamment dans le nord. Début 2015, les Kurdes de Syrie en profitent pour reprennent la ville de Kobané après une résistance héroïque. Le régime syrien perd toujours du terrain et manque de ressources.
Toutefois, l'intervention militaire russe lancée en novembre 2015 va renverser la vapeur et permettre au régime de Damas de garder le contrôle des régions les plus peuplées du pays et de reprendre l'offensive. Après une violente campagne de bombardement visant essentiellement les rebelles modérés, Vladimir Poutine annonce lundi 14 mars le retrait d'une partie de ces troupes de Syrie, estimant que son allié Bachar al-Assad est revenu en position de force.
Initié par la Russie et les Etats-Unis, un accord de cessation des hostilités sans précédent entre en vigueur entre régime de Damas et rebelles et favorise la relance de discussions intersyriennes laissant entrevoir un hypothétique règlement politique du conflit. Il ne concerne ni l'EI ni Al-Nosra qui contrôlent plus de 50% du territoire.
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