Triple scrutin en Europe : tensions, recompositions et percées nationalistes


Jour de vote en Europe dimanche 18 mai 2025. Trois pays de l’Union européenne, la Pologne, le Portugal et la Roumanie, doivent élire un président et un Premier ministre. En Roumanie, le scrutin à l'élection présidentielle, qui oppose George Simion, chef du parti nationaliste AUR à Nicușor Dan, maire de Bucarest et candidat pro-européen, intervient cinq mois après l’annulation du scrutin remporté par Călin Georgescu. Au Portugal, les élections législatives — les troisièmes en trois ans — ont été convoquées à la suite de la chute du gouvernement de Luís Montenegro. Le parti de droite Chega espère y réaliser une percée significative. En Pologne, le vote est décisif pour l’avenir du gouvernement pro-européen de Donald Tusk, la présidentielle polarise deux candidats, un nationaliste et un pro-européen.
Le premier scrutin présidentiel roumain, organisé en novembre 2024, avait été remporté dès le premier tour par Călin Georgescu, un outsider nationaliste. Mais il a été annulé par la Cour constitutionnelle, avec le soutien de Bruxelles, en raison de graves allégations de fraude électorale et d’ingérence russe. À la suite de cette décision, Călin Georgescu a été inculpé, arrêté et interdit de se représenter à la nouvelle élection. Cette exclusion a provoqué des manifestations et une vive contestation de ses partisans, qui dénoncent ce qu’ils considèrent comme un "coup d’État"
Simion dénonce des fraudes
George Simion, chef du parti nationaliste AUR et arrivé quatrième lors du scrutin annulé, reprend le flambeau, bénéficiant du soutien de Georgescu et d’une dynamique populaire qui le place en favori pour la nouvelle élection, où il a recueilli près de 41 % des voix au premier tour et se présente comme le candidat du retour à la démocratie et de la souveraineté nationale.
À 21H, Le taux de participation était de 63,57 %. Le nombre d'électeurs ayant voté, y compris ceux de la diaspora, dont la participation a atteint un record, a ainsi dépassé le seuil des 11 millions sur les 18 millions inscrits. Les sondages de sortie des urnes à la même heure, qui excluent la diaspora, donnaient le candidat indépendant Nicușor Dan gagnant avec environ 52 % des voix. Le candidat de l'AUR, George Simion, étant en seconde position, avec 48 % environ, selon le décompte de 70 % des voix. Immédiatement après ces résultats, les deux candidats ont annoncé leur victoire. Finalement c'est le candidat indépendant qui l'emporte avec 53,6 % des suffrages, sur fond de polémique.
À son quartier général, Nicusor Dan a salué “la victoire d’une communauté de Roumains désireux d’un profond changement”. “Savourons cette soirée et à partir de demain, reconstruisons la Roumanie”, a-t-il ajouté, scandant “Europe” et “Unité”.
Après s’être proclamé “le nouveau président de la Roumanie”, George Simion, qui a pris la tête dans la diaspora avec environ 52 % des voix, a dénoncé des fraudes.
Peu avant les sondages, le fondateur de Télégram, Pavel Durov, a accusé la France de tentative d’ingérence. Le gouvernement français aurait “approché Telegram, nous demandant de réduire au silence des voix conservatrices en Roumanie avant l’élection présidentielle d’aujourd’hui”. Dans une réaction publiée sur le réseau social X, le ministère français des Affaires étrangères a dénoncé des “allégations totalement infondées”.
Au Portugal, l’AD vainqueur, percée de Chega
Arrivé au pouvoir en mars 2024 après la victoire du Parti social-démocrate (PPD/PSD), Luís Montenegro a formé un gouvernement minoritaire, refusant de s’allier au parti nationaliste Chega. Rapidement, il s’est retrouvé au centre d’une polémique sur un possible conflit d’intérêts lié à Spinumviva, une société immobilière fondée par lui-même et désormais gérée par sa femme et ses enfants, qui aurait pu bénéficier d’une modification de la loi foncière en discussion au Parlement.
Malgré ses démentis et la cession de ses parts, la révélation de contrats entre Spinumviva et le groupe de casinos Solverde, soumis à des concessions d’État, a renforcé les soupçons. Face à la pression politique et médiatique, et après le rejet d’une motion de confiance par une large majorité du Parlement le 11 mars 2025, le gouvernement de Luís Montenegro est tombé, marquant la première défaite de ce type depuis 1977 et entraînant sa démission.
À la suite de cette crise politique, le président Marcelo Rebelo de Sousa a décidé de dissoudre l’Assemblée et de convoquer des élections législatives anticipées, qui se sont déroulées hier dimanche.
Ils sont environ 9 millions d'électeurs appelés à participer à l'élection de 230 députés. 21 forces politiques sont en lice lors de ces élections anticipées. À 12h, le taux de participation était de 25,56 %, légèrement supérieur à celui de 2024 et le chiffre le plus élevé depuis 20 ans. Mais à 16h, selon les médias locaux, la participation a ralenti avec un taux de 48,28 %, un taux en baisse par rapport au dernier scrutin.
Les enjeux ne manquent pas. Crise du logement, coût de la vie, lutte contre la corruption, mais surtout stabilité politique et la gestion de l’immigration. Les sondages annoncent une nouvelle polarisation entre la coalition de centre droit Aliança Democrática (PSD, CDS-PP, PPM) menée par Luís Montenegro, créditée d’environ 32 % des intentions de vote, et le Parti socialiste (PS) de Pedro Nuno Santos, autour de 27 %. Le parti nationaliste Chega, dirigé par André Ventura, continue de progresser et pourrait jouer un rôle clé dans la formation d’une majorité.
Si les sondages prédisent sa victoire depuis des semaines, Luís Montenegro risque une nouvelle fois de se retrouver de nouveau à la tête d'un gouvernement minoritaire.
La coalition AD a enregistré une victoire avec un taux allant de 30 à 34 %, gagnant deux sièges en plus sans être majoritaire. Le parti socialiste a obtenu 23 %, soit nettement moins que les 28 % de mars 2024. Le grand gagnant est Chega, qui obtient entre 22,5-23,6 % des voix, ce qui se traduirait par 60 sièges au Parlement.
Vers un deuxième tour en Pologne
En Pologne, le climat n’est pas si différent de celui en Roumanie. L’élection présidentielle intervient dans un contexte de profonde division politique et de tensions institutionnelles. Depuis la victoire de la coalition pro-européenne dirigée par Donald Tusk lors des législatives de 2023, le pays est marqué par un bras de fer constant entre le gouvernement et le président sortant, Andrzej Duda, soutenu par le Parti conservateur Droit et Justice (PiS). Ce dernier a régulièrement bloqué les réformes du gouvernement, notamment celles visant à améliorer les relations avec l’Union européenne et à réformer la justice.
La campagne présidentielle est donc perçue comme un référendum sur l’orientation future du pays : poursuite du rapprochement avec l’UE, l’adoption de leurs réformes et le soutien à l’Ukraine ou maintien d’une ligne nationaliste. Rafal Trzaskowski, maire de Varsovie et représentant du courant pro-européen, s’oppose à Karol Nawrocki, soutenu par le PiS.
À 17h, le taux de participation était de 50,69 % du corps électoral, estimé à 28 millions de personnes. À titre de comparaison, en 2020, le taux de participation aux élections présidentielles au premier tour à la même heure était de 47,89 %, soit 2,8 % de moins.
À 21h, la participation s’est établie à 66,8 %. Des sondages de sortie des urnes annoncent Rafał Trzaskowski à la première place avec 30,8 %, devant Karol Nawrocki (29,1 %). Le 1er juin, un second tour élira l’un des deux candidats à la tête de la présidence polonaise.
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.