Turquie : l'ambassadeur russe assassiné par balles par un policier turc aux cris de "n'oubliez pas Alep"
Les relations diplomatiques, déjà délétères, entre la Russie et la Turquie ne risquent pas de s'améliorer. L'ambassadeur de Russie en Turquie a été assassiné lundi 19 à Ankara par un policier turc, qui a affirmé agir pour venger le drame de la ville d'Alep, en passe d'être reprise par le régime syrien soutenu par Moscou.
Alors qu'il prononçait un allocution en direct sur une télévision turque dans le cadre d'une exposition d'art, le diplomate Andreï Karlov, a été abattu de plusieurs balles, quasiment tirées à bout portant par son assassin.
L'homme, en costume noir et armé d'un pistolet, crie "Allah Akbar" ("Dieu est le plus grand") et évoque en arabe "ceux qui ont fait allégeance au djihad". "N'oubliez pas la Syrie, n'oubliez pas Alep, vous ne serez plus jamais en sécurité", crie-t-il ensuite en turc à deux reprises. "Tous ceux qui prennent part à cette tyrannie rendront des comptes, un par un".
L'auteur de cette attaque fait très vraisemblablement référence à la situation à Alep, où les rebelles au régime de Damas, ont été très violement bombardés par l'aviation russe et celle de Damas depuis le 15 novembre. Les civils présents dans les quartiers ont également payé un lourd tribut lors de ses frappes aériennes et de l'offensive terrestre qui les a suivis. La situation humanitaire y est toujours catastrophique.
Rapidement identifié comme un policier, l'homme, se prénommant Melvut Mert Altintas, 22 ans, est membre des forces anti-émeutes en service depuis deux ans et demi. Il a ensuite été abattu par les autres membres des forces d l'ordre assignés à la protection de l'ambassadeur. Des photos le montrant gisant à terre, le torse criblé d'impacts, sont très vite diffusées sur les réseaux sociaux.
La télévision CNN Türk a précisé que sa mère et sa sœur ont été arrêtées à Aydin, sa ville natale, et placées en détention.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a estimé que l'assassinat de l'ambassadeur russe en Turquie était une "provocation" destinée à saboter la "normalisation" des relations entre Ankara et Moscou, qui se sont récemment légèrement réchauffées après une grave crise. "Nous savons qu'il s'agit d'une provocation visant à (...) nuire au processus de normalisation des relations entre la Turquie et la Russie", a-t-il fait savoir lors d'une allocution à la télévision.
De son côté, Vladimir Poutine a également réagi à cet assassinat en des termes très similaires. "Le crime qui a été commis est sans aucun doute une provocation destinée à perturber la normalisation des relations russo-turques et le processus de paix en Syrie", a-t-il déclaré à la télévision russe. Et d'ajouter menaçant: "il peut y avoir seulement une réponse à cela: intensifier la lutte contre le terrorisme et les bandits le sentiront passer".
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