Slogans de mai 68 en France : la part belle à l'impertinence

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Par AFP - Paris
Publié le 20 mars 2018 - 10:58
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"Il est interdit d'interdire", "L'imagination au pouvoir", "Je ne veux pas perdre ma vie à la gagner": jaillissements poético-politiques, les slogans de mai 68 en France, qui ont franchi les décennies, reflétaient un esprit de révolte mâtiné d'humour et d'utopie.

Griffonné sur les murs, notamment ceux du Quartier Latin à Paris, siège de l'Université historique de La Sorbonne et haut lieu de la contestation étudiante, "le graffiti en soi devenait liberté", écrit le journaliste Julien Besançon dans un ouvrage publié au lendemain des événements, recensant des centaines d'inscriptions recueillies sur les murs de Paris et sa banlieue Nanterre dont la faculté était aussi en pointe de la contestation ("Les murs ont la parole").

Nombre de ces graffiti deviendront slogans et seront pérennisés par un atelier des Beaux-Arts qui en tirera des affiches: 600.000 en mai et juin, placardées à Paris et dans sa banlieue.

La plupart de leurs auteurs ont conservé l'anonymat. Mais certains racontent aussi le processus créatif, comme Bernard Cousin, alors étudiant, qui deviendra médecin et revendiqua la paternité de "Sous les pavés, la plage", fruit d'une réflexion avec le jeune publicitaire Bernard Fritsch, partie de: "il y a de l'herbe sous les pavés".

Fritsch "m'a dit +il faut mettre la plage+. Il a beaucoup aimé ce truc, il l'a écrit partout", racontait trente ans plus tard à la 2e chaîne de télévision française le Dr Cousin.

Dans les affiches sérigraphiées, monocolores, le noir et blanc domine. Les images stylisées sont fortes, comme celle, célèbre, d'un membre des Compagnies républicaines de sécurité (CRS, forces de l'ordre) levant sa matraque et son bouclier frappé du sigle SS nazi: "CRS SS". Le slogan, né 20 ans plus tôt lors de la répression de grèves de mineurs, est largement entonné en mai 68.

Boutade d'un humoriste, "Il est interdit d'interdire" fera aussi florès.

La révolte et le rejet de l'autorité établie s'expriment encore dans l'affiche "jeune, voici ton bulletin de vote", montrant un pavé.

Si certains slogans fustigent une société trop matérialiste --"Métro, boulot, dodo"-- ou bien l'impossibilité de "tomber amoureux d'un taux de croissance de 5%", d'autres célèbrent l'utopie: "Soyez réalistes, demandez l'impossible".

"Cours camarade le vieux monde est derrière toi", espère-t-on alors.

Parfois, le slogan se fait aussi calembour: "il n'y aura plus désormais que deux catégories d'hommes: les veaux et les révolutionnaires. En cas de mariage, ça fera des réveaulutionnaires". Ou traduit le désarroi face au Vietnam: "Le pouvoir est au bout du fusil".

Si les murs ont vite été reblanchis et nombre d'affiches perdues, plusieurs expositions leur ont été consacrées et même des ventes aux enchères.

La semaine dernière, Artcurial proposait une vente de 500 d'entre elles. Celle d'une jeune femme lançant un pavé, proclamant "la beauté est dans la rue" a atteint 3.380 euros.

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