Mexique : le pape se rend sur les terres de cartels pseudo-religieux

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 16 février 2016 - 10:42
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Le Pape François lors de la messe de Noël de 2015.
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©Vincenzo Pinto/AFP
Le pape François se rend ce mardi à Morelia, capitale de l'Etat de Michoacan (ouest), une région déchirée par les violences de cartels pseudo-religieux.
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Quatrième étape de son voyage au Mexique, le pape François se rend ce mardi à Morelia, capitale de l'Etat de Michoacan (ouest), une région déchirée par les violences de cartels pseudo-religieux, qui ont poussé des paysans à former des milices d'autodéfense.

Le souverain pontife y dirigera une messe devant des prêtres et religieuses puis visitera sa majestueuse cathédrale du 17e siècle, avant une rencontre avec des jeunes dans un stade. Morelia s'est transformée en forteresse pour la venue de François, avec le déploiement de nombreux policiers et militaires.

Dans les rues à l'architecture coloniale, des stands proposent toutes sortes de souvenirs à l'effigie du pape, tandis que certains fidèles campent près de la cathédrale. "On verra si sa visite calmera les choses très laides qui se passent ici, la violence (...), les enlèvements, les assassinats, les vols", commente Ana Maria Campos, une habitante de 58 ans venue acheter des petits drapeaux célébrant la visite papale.

Le pape devrait exhorter la jeunesse à refuser la violence des cartels, et inviter de nouveau les prêtres à plus d'action dans cet Etat où les groupes criminels ont mené certaines de leurs actions les plus spectaculaires.

Près de la cathédrale où le pape dirigera ce mardi matin une messe, une grenade avait explosé en septembre 2008 durant une fête nationale, faisant huit morts et 100 blessés, un attentat jamais revendiqué. Deux ans plus tôt, le cartel de La Familia Michoacana y avait acquis une sinistre notoriété en faisant rouler cinq têtes décapitées sur la piste de danse d'une discothèque, accompagnées d'un message promettant la "justice divine".

Fondateur de ce cartel, le mystique Nazario Moreno Gonzalez, alias "El Chayo", avait rédigé sa propre bible, mélange de critique sociale et de prétendues leçons de sagesse, employant une rhétorique inspirée du christianisme. Moreno, qui interdisait aux membres de son cartel de boire de l'alcool, avait même donné naissance à un culte après l'annonce erronée de sa mort par les autorités à la suite d'une fusillade en 2010.

Faussement ressuscité, "San Nazario", représenté en chevalier à la tunique blanche, croix rouge des templiers sur la poitrine et épée à la main, a fini par être abattu en 2014 par les autorités. D'autres cartels pseudo-religieux sont toutefois apparus dans son sillage dont les redoutables "Chevaliers du Temple" qui, sous prétexte de lutter contre l'"envahisseur" tel que le cartel des Zetas, ont terrorisé la population et même les hommes d'église.

En 2013, les autorités ont dû fournir une escorte policière à un évêque menacé de mort. A Apatzingan, ancien fief du cartel, un prêtre portait un gilet pare-balles durant les messes. Exaspérés par l'impunité de ces bandes criminelles, des paysans ont formé des groupes d'autodéfense.

"Nous avons dû faire le boulot, même si ce n'était pas à nous de le faire", explique à l'AFP Hipolito Mora, ex-leader d'une milice d'autodéfense et producteur de citron vert dans cette région agricole fertile connue sous le nom de "Tierra Caliente" ("Terre chaude").

Les principaux dirigeants de ce cartel ont fini par être tués ou arrêtés lors d'opérations menées par les forces de l'ordre et ces civils armés. Ces derniers ont été peu à peu intégrés dans la police. "Le rôle des groupe d'autodéfense est terminé", affirmait le gouverneur Silvano Auroles une semaine avant la visite du pape. Mais de nouveaux cartels plus petits se sont formés et opèrent dans la région telle La Nueva Familia ("La Nouvelle famille").

Quant aux groupes d'autodéfense, certains sont encore actifs, selon Mora, et "infiltrés par des anciens membres des Chevaliers du Temple". "Espérons que le gouvernement fasse bien le travail, et que nous n'ayons pas à nous armer à nouveau", conclut-il.

 

 

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