Endetté, SFR de Patrick Drahi mis en vente, ses concurrents aux aguets

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France-Soir
Publié le 15 mai 2025 - 09:58
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STEPHANE DE SAKUTIN AFP
STEPHANE DE SAKUTIN AFP

Patrick Drahi se débarrasse de SFR. L’opérateur, endetté et affaibli, a été mis à la vente par l’homme d’affaires non moins endetté, président-fondateur d’Altice, qui contrôle l'opérateur, la chaîne RMC Sport et qui traîne de 24 milliards d’euros de passif. Deux candidats exprimeraient déjà leur intérêt selon plusieurs médias, particulièrement pour l’opérateur français, une entité stratégique. Il s’agit de Bouygues Telecom ainsi que de Xavier Niel, autre oligarche, fondateur de Free. 

Depuis plusieurs années, SFR traverse une crise profonde qui met en péril son avenir sur le marché français des télécommunications. Cette situation s’explique principalement par deux facteurs majeurs : une dette colossale accumulée par sa maison mère, Altice, et une hémorragie continue d’abonnés. La France semble avoir soupé de ces milliardaires qui se servent sur la bête

SFR érodé par les polémiques et les scandales

La dette d’Altice, qui a atteint les 24 milliards d’euros, pèse lourdement sur les finances de SFR. Malgré des tentatives de désendettement, notamment par la vente d’actifs stratégiques comme BFMTV ou La Poste Mobile, ls situation financière reste fragile. La restructuration a certes permis de réduire la dette à 15,5 milliards d’euros mais l’opérateur ne parvient pas à retrouver une stabilité suffisante pour rassurer ses investisseurs, même les plus crédules et poursuivre son développement.

Parallèlement, SFR fait face à une perte massive de clients. Depuis 2023, plus de deux millions d’abonnés ont quitté l’opérateur, aussi bien sur le mobile que sur le fixe. Rien n’y fait : ni la simplification des offres, ni les promotions n’ont permis d’entraver la fuite des utilisateurs. En 2024, l’opérateur a perdu 1,3 million de clients supplémentaires, ce qui a entraîné une baisse significative de son chiffre d’affaires et de sa rentabilité. Cette fuite des abonnés est alors expliquée par de nombreux facteurs. 

Il est question de hausses de prix, d’une concurrence féroce, d’une vague de boycott des usagers, liées à la guerre à Gaza, mais surtout d’une image de marque dégradée par une qualité de service jugée dépassée, ainsi que de nombreuses polémiques et des scandales liés à Patrick Drahi.

Fondateur et dirigeant du groupe Altice, l’homme d’affaires a été impliqué dans plusieurs controverses majeures au fil des années. Dès 2016, son nom apparaît dans les Panama Papers, révélant l’existence de sociétés offshore utilisées dans la structuration de ses affaires. 

En 2019, une polémique fiscale éclate en Suisse et au Luxembourg, où Drahi est accusé par l’administration fiscale du canton de Genève de dissimuler sa véritable résidence, officiellement déclarée à Zermatt, pour bénéficier d’avantages fiscaux. Le fisc genevois lui réclame alors 7,5 milliards d’euros d’impôts non payés entre 2009 et 2016. Après plusieurs rebondissements judiciaires, la justice suisse a rejeté en mars 2024 le recours de Drahi, relançant le procès sur le fond.

En 2022, Altice attaque en justice le site Reflets.info, qui enquêtait sur le train de vie de Drahi. La décision du tribunal de commerce de Nanterre, ordonnant la censure du média, provoque un tollé dans la presse et chez les syndicats, dénonçant une atteinte à la liberté d’informer. Finalement, la justice lève la censure, estimant que le secret des affaires ne saurait s’opposer à la liberté de la presse.

SFR et Bouygues en pôle position

L’année 2023 marque un tournant avec le scandale de corruption chez Altice. Armando Pereira, bras droit historique de Drahi et cofondateur du groupe, est arrêté au Portugal pour corruption et blanchiment d’argent. L’enquête révèle un vaste système de surfacturation et de détournement de fonds via la politique d’achats du groupe. Plusieurs dirigeants sont suspendus, y compris en France et aux États-Unis. Drahi, se disant” trahi et trompé” par ses proches collaborateurs. Pourtant, son ex-conseiller juridique l’accusait l’année dernière d’avoir organisé lui-même la fraude fiscale de certains de ses lieutenants.

La vente de SFR semble alors inévitable pour l’homme d’affaires, qui pourrait engranger 5 milliards d’euros. 

À ce stade, deux prétendants, des concurrents, auraient exprimé leur intérêt. D’abord Bouygues Telecom, qui souhaiterait gagner des places et se rapprocher d’Orange en renforçant sa position sur le marché français. De son côté, Xavier Niel, fondateur de Free, souhaiterait consolider ses activités en France et renforcer sa présence européenne.

Un rachat de SFR, notamment par ces deux groupes, implique systématiquement des enjeux légaux et commerciaux. Les transactions devront être examinées par des instances indépendantes pour des questions de réglementations, mais surtout par l’Autorité française de la concurrence. La fusion de deux des quatre principaux opérateurs télécoms en France réduirait le nombre d’acteurs majeurs et soulèverait des questions de concentration du marché. 

Si la proposition de Free pour racheter SFR est retenue, celle-ci devrait passer par la Commission européenne. D’autres groupes comme Orange, les Emiratis Etisalat ou les Saoudiens de STC s’intéressent à la situation de SFR. 

 

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