Le candidat américain Ajay Banga devient président de la Banque mondiale

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France-Soir, avec AFP
Publié le 03 mai 2023 - 18:10
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AFP - Issouf SANOGO
AFP - Issouf SANOGO

DÉPÊCHE — Sans grande surprise — il était le seul candidat en lice, Ajay Banga a été élu président de la Banque mondiale (BM), comme l'a annoncé l'institution à l'issue d'une réunion de son conseil d'administration.

Candidat des États-Unis, dirigeant d'entreprises de 63 ans, l'Américano-indien a assuré, à plusieurs reprises, vouloir donner la priorité au financement de la lutte contre le réchauffement climatique et à la réforme de la BM. Il devrait prendre ses fonctions à partir du 2 juin, pour un mandat de cinq ans.

Une nomination pensée pour la géopolitique

Traditionnellement, la BM est chasse gardée des États-Unis ; depuis sa création, dans la foulée des accords de Bretton Woods en 1944, c'est toujours un citoyen américain qui a été à sa tête. Mais cette hégémonie était de plus en plus remise en cause, notamment par les grands pays émergents que sont le Brésil, la Chine, l'Inde et la Russie, qui souhaitent depuis plusieurs années voir leur place dans les institutions financières internationales se renforcer.

Alors que les tensions géopolitiques vont bon train, la décision américaine de proposer la candidature de M. Banga, qui est né et a grandi en Inde, était tout sauf anodine. Les États-Unis tentent de se rapprocher de l'autre géant asiatique pour contrer l'influence chinoise dans la région. Par ailleurs, dès sa désignation, Ajay Banga s'est lancé dans une tournée mondiale, visant à promouvoir sa candidature et à obtenir le soutien d'un maximum de pays, en particulier émergents et en développement.

Il a ainsi pu compter sur l'Inde, le Kenya ou encore l'Afrique du Sud, qui ont soutenu sa candidature.

"Je pense que la campagne se passe très bien", estimait fin mars un responsable du Trésor américain. Et d'ajouter : "Son expérience est vue comme un point essentiel, tout comme sa connaissance du secteur privé et des partenariats entre privé et public, essentiels dans le cadre de la Banque mondiale".

De la théorie à la pratique

"Nous pensons que son expérience sera très importante afin d'aider la BM à renforcer la mobilisation du secteur privé. Lors de notre discussion, il a parlé de solutions pratiques très intéressantes pour renforcer cet engagement du privé", avait ajouté M. Bello.

"Quand on sait qu'on peut avoir besoin d'un financement, il est difficile de ne pas soutenir le candidat qui sera élu", confiait cependant à l'AFP un ministre africain présent à Washington durant les réunions de printemps de la BM et du Fonds monétaire international (FMI), début avril.

Les grandes institutions financières sont surveillées. Et pour cause ! Plus d'une soixantaine de pays pauvres et émergents sont surendettés, et sont donc dépendants d'elles... D'autant que la hausse des taux des principales banques centrales affecte l'accès de ces pays aux financements, tout en renchérissant fortement les coûts, venant compliquer toujours plus la situation budgétaire de ces pays.

Autrement dit, le plus dur reste à faire pour Ajay Banga, qui devra répondre aux attentes sur deux dossiers brûlants et liés : la réforme des institutions financières internationales, à commencer par la BM, et une montée en puissance du financement de la lutte contre le réchauffement climatique.

Les besoins sont énormes, comme l'a rappelé à plusieurs reprises le FMI : un minimum de 1 000 milliards de dollars par an sera nécessaire, sur les prochaines années, pour aider les pays émergents et en développement à y faire face.

Lors des réunions de printemps, les principaux contributeurs à la BM se sont entendus pour augmenter ses capacités de financement de 50 milliards de dollars sur les dix prochaines années. Un effort important, mais notoirement insuffisant comparé aux besoins.

Afin d'y répondre, Ajay Banga n'a pas caché sa volonté d'embarquer le secteur privé : "Il n'y a pas assez d'argent, que ce soit dans les banques multilatérales de développement, dans les grands gouvernements du monde développé, dans la société civile, même avec les intentions les plus philanthropiques", insistait-il début mars.

Parmi les solutions préconisées, M. Banga envisageait notamment de repenser l'approche de financement par projets précis, de manière à être plus incitatif à l'égard du secteur privé. Il aura désormais la possibilité de passer de la théorie à la pratique.

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