Les dépenses militaires au plus haut niveau depuis la fin de la Guerre froide, plus de la moitié des pays de l’OTAN atteignent 2% de leur PIB


La plus grande augmentation des dépenses militaires depuis la fin de la Guerre froide. Lundi, l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri) a publié son rapport annuel sur les dépenses militaires à travers le monde. Celles-ci ont augmenté de 9,4 % en 2024, pour atteindre 2 700 milliards de dollars. L’Europe est la plus dépensière de l'année dernière, particulièrement la Russie. L’Allemagne se démarque par un réarmement croissant, dépassant, comme le Royaume-Uni, la France. Au Moyen-Orient, les dépenses d’Israël ont explosé tandis que celles de l’Iran ont chuté.
Il s’agit de la 10ᵉ augmentation consécutive. “Cela témoigne vraiment des fortes tensions géopolitiques”, fait remarquer Xiao Liang, chercheur au Sipri. “C'est sans précédent. Il s'agit de la plus importante augmentation depuis la fin de la Guerre froide”, insiste-t-il.
Berlin devance Paris, Washington et Pékin maintiennent le cap
Cette augmentation a été observée dans plus de 100 pays. Dans son rapport, le SIPRI souligne que le Vieux continent, la Russie incluse, a dépensé 17 % de plus qu’en 2024. Le total avoisine les 693 milliards de dollars, un montant appelé à augmenter avec le plan européen “ReArm Europe”, une initiative de la Commission européenne visant à augmenter les investissements dans la défense à l’horizon 2030, dans un contexte marqué par la guerre en Ukraine et le retour à la Maison Blanche d’un Donald Trump peu enclin à poursuivre les aides américaines à Kiev.
Moscou a consacré 149 milliards de dollars à son armée en 2024. Une hausse de 38 % sur un an, un seuil deux fois supérieur à celui de 2015. Quant à l’Ukraine, ses dépenses n’ont progressé que de 2,9 % pour atteindre 64,7 milliards qui représentent tout de même 34 % de son PIB.
De son côté, Berlin confirme une tendance croissante. Comme l’a annoncé le vainqueur des dernières législatives, Friedrich Merz, après avoir obtenu le feu vert des partis politiques pour réarmer son pays, “l’Allemagne est de retour”. Les dépenses militaires de ce pays ont augmenté de 28 %, à 88,5 milliards de dollars, occupant la quatrième place en dépassant l’Inde. “Pour la première fois depuis sa réunification, l'Allemagne est devenue le principal contributeur en matière de défense en Europe centrale et occidentale”, poursuit Xiao Liang.
L’Allemagne dépasse surtout Paris. Après avoir bondi de 57 % en 2017, le budget de la défense française baisse peu à peu, atteignant 64,7 milliards de dollars en 2024. Si la France est traditionnellement devancée par Londres, la montée de l’Allemagne est un fait remarquable pour l’institut suédois, qui précise que Paris, dotée de la dissuasion nucléaire, est la 9ᵉ plus dépensière au monde.
De l’autre côté de l’Atlantique, le rapport ajoute que les États-Unis se maintiennent à la première place avec une hausse de 5,7 % en 2024, soit près de 1 000 milliards de dollars. Un montant qui représente à lui seul 37 % des dépenses mondiales et 66 % de celles des États membres de l’OTAN. Au sein de l’alliance transatlantique, 18 des 32 pays ont atteint en 2024 l’objectif du 2 % du PIB. Un fait jugé inédit depuis la fondation de l’OTAN.
Une tendance qui s’inscrit dans la durée
La Chine maintient toujours le cap et conserve sa deuxième place, investissant dans la modernisation de ses forces armées ainsi que l'expansion de ses capacités en guerre cybernétique et son arsenal nucléaire. Son budget militaire a augmenté de 7 % l’année dernière, atteignant 314 milliards de dollars.
Au Moyen-Orient, la tendance est identique. Israël, qui poursuit sa guerre dans la bande de Gaza, a mis la main à la poche pour augmenter en 2024 ses dépenses militaires de 65 % par rapport à 2023, atteignant 46,5 milliards de dollars. La plus forte augmentation depuis la guerre des Six Jours en 1967, précise le SIPRI.
À l’opposé, les dépenses iraniennes ont baissé de 10 %, à 7,9 milliards de dollars, et ce, “malgré son implication dans les conflits régionaux”. “L'impact des sanctions a fortement limité sa capacité à accroître ses dépenses”, explique-t-on.
Pour les années à venir, l’institut de Stockholm s’attend à une hausse “des projets d'acquisitions massives dans l'industrie de l'armement”. Les dépenses de 2024 ont déjà “un profond impact socio-économique et politique”, explique Xiao Liang. “Les pays doivent faire des arbitrages dans leurs choix budgétaires. Par exemple, nous avons vu de nombreux pays européens réduire d'autres postes budgétaires, comme l'aide internationale, afin de financer la hausse des moyens consacrés à l'armée, (...) ou encore envisager d'augmenter les impôts ou s'endetter”, conclut-il.
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