Après la pénurie, la surproduction… Le feuilleton des masques made in France continue. Cette fois, ce sont les entreprises du textile qui se sentent abandonnées des structures publiques.
Alors que la France faisait face à une pénurie de masques, pourtant (et finalement) annoncés comme indispensables à la population générale, plusieurs dizaines d’entreprises ont réorienté leur production et se sont lancées dans la fabrication de masques en tissu.
Une filière mobilisée
L’initiative appelée de ses vœux par le gouvernement s’est concrétisée par le lancement, par la filière Mode et luxe, de la plateforme internet Savoir Faire Ensemble, « pour fabriquer les produits essentiels dans la lutte contre le Covid-19 ». La Direction générale de l’armement (DGA) était de son côté sollicitée pour tester et approuver les différents masques alternatifs.
Il est vrai qu’au moment du déconfinement, ce fut littéralement la ruée sur les masques en tissus, tandis que les difficultés d’approvisionnement en masques chirurgicaux et FFP2 n’étaient pas encore résolues. Les collectivités, communes, départements, régions, en particulier, ont commandé des millions de masques pour leurs administrés.
Mais aujourd’hui ?
Unitex, organisation professionnelle des entreprises du textile en Auvergne-Rhône-Alpes, première région textile de France, tire la sonnette d’alarme : les masques fabriqués en France ne se vendent plus.
Des importations massives
Rappelant que pour cette seule région 45 entreprises se sont reconverties pour fabriquer dans l’urgence près de 5 millions de masques par semaine, investissant parfois dans du matériel, Unitex parle de « douche froide ». Les stocks s’élèvent aujourd’hui à près de deux millions d’invendus et du tissu pour encore 14 millions de masques. Le constat :
« Un arrêt quasi complet des commandes par l’administration publique, les collectivités territoriales et les entreprises »
Plus qu’une demande en baisse, l’organisation dénonce la concurrence asiatique et les importations massives. Elle cite le ministère de l’Economie qui
« a lui-même fait venir 10 millions de masques lavables directement du Vietnam pour un prix de vente deux fois supérieur à celui d’un masque lavable fabriqué en France ».
Un « triste constat », poursuit Unitex dans un communiqué, en déplorant « cette sollicitation urgente puis cet abandon de la filière locale » et en demandant une priorisation de la commande publique vers la production française.
© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
